Discussion Intermédiaire 1

L’objectif principal de cette étude était de tester l’activation interactive comme mécanisme explicatif de l’efficacité dans les tâches discriminantes (ici la reconnaissance), et ce notamment en fonction du type d’erreur observé dans ces tâches. De cette objectif découlait deux hypothèses qui sont brièvement résumées dans les deux points suivants.

La première hypothèse supposait une réplication des résultats obtenus dans les travaux de Roediger et McDermott (1995) et Reinitz et collaborateurs (1992) auprès des mêmes participants. En ce qui concerne notre paradigme DRM (adaptée de Roediger & McDermott, 1995), nous avons répliqué les résultats princeps observés en phase test dans la tâche de reconnaissance (i.e. un taux de fausses reconnaissance significativement supérieur pour les items non-étudiés critiques que pour les autres items non-étudiés), mais échoué à répliquer les résultats en phase d’étude dans la tâche de rappel (i.e. un taux de faux rappel marginal). En ce qui concerne notre paradigme MCI (adapté de Reinitz et al., 1992), nous avons répliqué les résultats princeps observés par les auteurs à savoir une probabilité d’erreurs plus importante pour les items non-étudiés (i.e. MCI) qui sont une recombinaison de deux items étudiés que pour les items non-étudiés (i.e. Feature) dont une partie a été étudiée mais l’autre est nouvelle.

Avec la deuxième hypothèse, nous nous attendions à ce que : a) la propension des participants à faire des fausses reconnaissances pour les items critiques dans notre paradigme DRM s’explique par la résultante d’une relation interactive entre l’indice et les traces en mémoire ; b) la propension des participants à faire des erreurs de recombinaison de stimuli s’explique par la résultante d’une trop faible activation intra-trace engendrée par l’indice.

La tâche des matrices que nous avons proposée aux participants a permis d’isoler deux scores reflétant les deux types de diffusion (i.e. respectivement un score « propriété » pour la diffusion inter-traces et un score « item » pour la diffusion intra-trace). Ces deux scores semblent être qualitativement différents. D’une part, les sujets répondent plus rapidement et plus efficacement aux questions « propriété » qu’aux question « item » et, d’autre part, ces deux scores ne sont pas significativement corrélés entre eux. Notre deuxième hypothèse semble être validée car : 1) les scores « propriétés » et « item » expliquent et sont des prédicteurs importants de la variabilité inter-individuelle dans la production de FRec dans notre paradigme DRM ; 2) Le score « item » explique et est un prédicteur important de la variabilité inter-individuelle dans la production d’ER dans notre paradigme MCI.

De cette étude, nous retiendrons que l’activation interactive est un mécanisme permettant d’expliquer l’efficacité dans les tâches discriminantes. Plus particulièrement les erreurs classiques observées dans ce type de tâche (i.e. faux souvenirs et erreurs de recombinaison des propriétés d’un épisode) semblent pouvoir s’expliquer à partir d’une relation interactive entre les deux diffusions dans le cas des faux souvenirs (i.e. forte diffusion inter-trace et faible diffusion intra-trace), et à partir d’un manque de diffusion intra-trace dans le cas des erreurs de recombinaison (du moins dans le paradigme MCI). Il semblerait que l’efficacité (i.e. ratio entre réponses correctes et erreurs) dans les tâches discriminantes implique que l’indice à traiter entraîne une activation qui diffuse très peu au niveau inter-traces et, par contre, qu’au sein du faible nombre de traces activées par l’indice, l’activation puisse se diffuser.