Un processus d’integration hiérarchique, multiplicatif & multimodal

Si le processus d’intégration que nous décrivons est inscrit dans le LTM, nous proposons d’ajouter trois caractéristiques (voir figure 37) :

  1. Une hiérarchie : les unités d’une scène perceptive sont intégrées de manière progressive et hiérarchique au sein d’une trace mnésique.
  2. Un principe multiplicatif : Cela implique que le processus d’intégration est non linéaire, c’est-à-dire que les unités intégrées sont censées être indissociables au sein de la trace.
  3. Une multimodalité : Les unités proviennent d’un ensemble de modalités sensori-motrices.
Figure 37 : Illustration du processus d’intégration hiérarchique, multiplicatif et multimodal. Notes. LTM : Lobe temporal médian, ABCD : un événement perceptif.
Figure 37 : Illustration du processus d’intégration hiérarchique, multiplicatif et multimodal. Notes. LTM : Lobe temporal médian, ABCD : un événement perceptif.

Le mécanisme d’unitization (Goldstone, 1998) participe à l’apprentissage perceptif et, plus particulièrement, il est à la base de la création de nouvelles propriétés (Schyns, Goldstone & Thibaut, 1998) combinant des propriétés perceptives initialement indépendantes unimodales ou multimodales (voir chapitre 2). Ces unités sont fonctionnelles dans les activités mnésiques puisqu’elles sont capables de supporter les activités de classification, de catégorisation (Goldstone, 2000) et de reconnaissance (Goldstone et al., 2004). L’intégration telle que nous la définissons est le processus qui permet le liage des propriétés au sein d’une trace. En cela, il n’est pas différent de l’unitization, mais au contraire accepte les assertions de ce dernier au niveau des propriétés (création et unité fonctionnelle) et suggère l’existence de deux niveaux hiérarchiques supplémentaires (l’item et la source).

Dans la version actuelle du processus d’intégration, nous proposons trois niveaux au sein de la trace. Un premier serait le niveau « propriété ». Il correspondrait directement au mécanisme d’unitization et permettrait la fusion de propriétés indépendantes en une nouvelle unité. Ce niveau dépendrait directement de la nature des propriétés lors du traitement perceptif (i.e. intégrale ou séparable, voir chapitre 2). Un deuxième serait le niveau « item ». Ce niveau correspondrait à une configuration spécifique entre des propriétés « unitized » ou non. Il dépendrait directement du cortex perirhinal et serait sensible au poids relatif de chacune de ces propriétés. Un troisième serait le niveau « épisode ». Ce niveau correspondrait à une configuration spécifique entre un ou plusieurs items et une source, mais aussi entre les items (i.e. relations spatiales et temporelles, voir Gomez, Rousset & Baciu, 2009). Il dépendrait directement de l’hippocampe et serait sensible au poids relatif de chacun des items.