Conclusions Générales

L’objectif de cette thèse était d’apporter une contribution générale à l’approche développée par Versace et collaborateurs (2002 ; 2009) autour de la question d’efficacité mnésique. Avec le modèle ACT-IN2, nous avons proposé une version révisée et formalisée de cette approche. En effet, afin de rendre compte de la formation des traces mnésiques, nous avons ajouté au modèle un processus d’intégration mnésique à l’encodage. Afin de rendre compte de l’efficacité mnésique à partir du modèle, nous avons ajouté deux contraintes aux mécanismes d’activation : l’interaction et la compétition.

En l’état, le modèle est capable non seulement d’expliquer l’efficacité dans le traitement mnésique mais aussi de rendre compte des relations entre encodage et récupération. Cependant, il reste limité à l’explication des phénomènes d’apprentissage et de récupération « guidés » par la perception, et ce sans tenir compte d’autres processus cognitifs tels que l’attention et la mémoire de travail. En effet, ne serait-ce que la question de l’émotion (voir Versace et al., 2002 ; Barsalou, 2008) et de sa relation avec le modèle serait intéressante à envisager. De plus, est-ce que l’intégration mnésique à l’encodage est nécessairement contrainte par l’attention (voir, Binding problem 68) ? Certains auteurs soutiennent que l’intégration perceptive nécessite que l’attention soit focalisée dans un endroit de l’espace (Treisman & Gormican, 1988) et que le maintien de cette association est une caractéristique de la mémoire de travail (Baddeley, 2000 ; Wheeler & Treisman, 2002 ; Gardelle, Sackur & Krouider, 2009). D’autres auteurs ont montré que l’attention focalisée n’était pas nécessaire ni à l’intégration perceptive, ni à son maintien (Delvenne, Cleeremans & Laloyaux, 2009) et que l’implication de la mémoire de travail n’était pas si évidente (Karlsen et al., 2010).

Enfin, Le modèle ACT-IN 2 est avant tout un modèle à traces multiples donc il est critiquable sur le fait qu’il ne précise pas exactement les conditions de création d’une trace (i.e. à partir de quand le système crée une nouvelle trace ?) et qu’il admet toujours une certaine indépendance entre les traces (pour une discussion, voir Versace et al., 2009)

Notes
68.

Si la perception implique l’activation d’unité distribuée sur l’ensemble du cerveau, l’attention focalisée va permettre à ces activations de s’intégrer afin d’avoir un percept unifié (Voir, Treisman & Gormican, 1988 ; Wheeler & Treisman, 2002)