1.1. L’explication compréhensive

Bien qu’ils proviennent d’horizons intellectuels différents, la plupart des contributeurs de l’ouvrage collectif qui a paru sous le titre « affaires, scandales et grandes causes » (Boltanski et al., 2007) s’accordent sur un point : la « sociologie des affaires » et/ou « sociologie des controverses » connaît un succès proportionné au fait qu’il n’y a guère d’objets qui échappent aux tentations polémiques des acteurs. En conséquence, la controverse sur la rémunération des dirigeants doit elle-même se comprendre dans une culture de la controverse qui est propre aux sociétés occidentales modernes. Car si la forme affaire s’est imposée comme un objet d’enquête à part entière, soit un objet que chacun est susceptible de reconnaître et d’endosser, c’est que les acteurs sont naturellement portés vers la « dispute » dans ces sociétés qui se font fort d’organiser la confrontation de leurs opinions. Par-delà une grande diversité, c’est ainsi qu’une même structure d’ensemble se dégage de l’ensemble des affaires (1.1.1), dont on peut par conséquent fixer les conditions d’analyse via l’adoption d’une démarche compréhensive, entendu au sens d’une démarche qui cherche à comprendre les motifs des acteurs pour mieux expliquer leurs effets (1.1.2).