3.2. « Pour un régime approprié de la rémunération des dirigeants »

Nous l’avons vu, la manière dont le modèle économique libéral résout les problèmes liés à l’opportunisme managérial est fondée sur une conviction : les risques d’hybris qui en sont l’inévitable contrepartie peuvent être circonscrits par le marché. La condition, toutefois, pour que le dirigeant puisse être ainsi payé au « juste prix » de ses services, est que soient mises en place les règles d’une « rémunération à la performance » d’une part, et d’évaluation par comparaison de l’autre. Après avoir montré que la problématisation sociale de la question « réfléchit » la problématisation théorique, nous montrons que les arguments que les acteurs versent au débat sont également, sur ce point, de nature à conforter l’impression qu’il existe des correspondances entre leurs discours et le modèle économique libéral (3.2.1) Cela est particulièrement visible lorsqu’ils font référence aux dispositifs d’incitation et de contrôle qui sont censés discipliner les dirigeants d’après l’épure théorique de ce modèle ; au sens où ils n’ignorent manifestement pas leur importance pour le « bon fonctionnement » de la logique libérale de justification de la rémunération des dirigeants (3.2.2).