Conclusion du chapitre 2 

Dans ce chapitre, nous avons posée une première hypothèse de travail pour tenter d’expliquer l’existence des polémiques en matière de rémunération des dirigeants : celle de l’ignorance des acteurs. Cette hypothèse venait naturellement à l’esprit après avoir fait le constat qu’il existe un décalage apparent entre l’existence de ces polémiques et le fait qu’il existe un modèle de justification qui domine toute la littérature académique sur le sujet : le modèle économique libéral. Ce faisant, l’idée, plus précisément, était de confronter l’épure théorique de ce modèle à la culture économique des acteurs, cela afin de savoir si les polémiques en matière de rémunération des dirigeants pouvaient être considérées comme le reflet d’un décalage entre le « savoir théorique » et la manière dont le sens commun fait prise avec cette problématique. Or, à l’issue de ce chapitre, il est clair que cette hypothèse d’ignorance ne peut être acceptée.

En effet, nous avons montré :

  1. Que les acteurs sont dans la logique du « trop », de la « démesure », soit dans une logique typiquement libérale qui consiste à aborder le problème de la rémunération des dirigeants en termes de justesse et non de justiceEvidemment, on sait que la question de la justice n’est pas absente des débats comme nous le verrons dans le chapitre 4, mais le fait que l’argumentation des acteurs peut être lue comme une argumentation libérale..
  2. Que cette justesse est pensée en référence à la performance réelle des dirigeants, leur rémunération se présentant dans ce cadre comme la contrepartie de leurs compétences
  3. Que les instances de « régulation » ne sont ni des syndicats ni des soviets, mais un conseil d’administration qui doit mettre en œuvre les conditions de réalisation du pacte libéral, notamment à travers l’utilisation de techniques d’incitation du dirigeant

Dès lors, partant du constat selon lequel il y a trop d’éléments qui prouvent que les acteurs sont, consciemment ou pas, influencés dans leur jugement sur la rémunération des dirigeants par l’idéologie libérale, il nous faut chercher ailleurs les raisons des polémiques sur ce sujet. Tel est l’objet du prochain chapitre.