1.2. Rémunération des dirigeants et « pouvoir managérial »

Les contradictions empiriques auxquelles nous venons de faire écho laissent à penser qu’il est plus difficile qu’il ne paraît de garantir la justesse du système disciplinaire mis en place pour satisfaire à l’impératif de justification de la rémunération des dirigeants. Le succès rencontré par l’ouvrage de Bebchuk et Fried (2004), visible ne serait-ce qu’à travers le grand nombre de commentaires qu’il a suscité dans les revues académiques (voir notamment : Bachelder, 2005 ; Holmström, 2005 ; Hubbard, 2005 ; Weisbach, 2007), est le symptôme le plus visible de ce phénomène, cet ouvrage étant tout entier construit autour de l’idée selon laquelle ces contradictions ne sont que la pointe de l’iceberg d’une incapacité structurelle des dispositifs internes de gouvernement d’entreprise à réguler le comportement de dirigeants soupçonnés d’opportunisme. L’influence sociale que ces derniers peuvent exercer sur ces dispositifs est considérée comme la principale manifestation de ce problème, au sens où tout se passe alors comme si le dirigeant pouvait se comporter en « price-maker » (1.2.1). Possibilité qui, tout en restant dans un cadre libéral, oblige à réviser la conclusion selon laquelle la rémunération des dirigeants joue comme une « solution » au problème d’agence (1.2.2).