2.1. Du problème de justesse au problème de justice

En cherchant à délivrer les individus de toute subordination a priori (i.e. toute forme de « sacré »), nous avons montré que le libéralisme a introduit une rupture dans l’histoire dont les conséquences sont cruciales quant à la conception que les « modernes » se font de la justice. On retient notamment que cette dernière se présente alors, à leurs yeux, comme une justice sans morale, qui permet d’éviter les questions relatives aux « valeurs » grâce aux ajustements du marché. Dès lors, tout le problème est de savoir si ce dernier peut vraiment tenir lieu de « cité juste » lorsque, comme c’est le cas en matière de rémunération des dirigeants, le doute s’insinue quant à sa capacité supposée à obtenir du dirigeant qu’il se comporte conformément aux exigences du pacte libéral (2.1.1). Ce problème est d’autant plus crucial à l’heure des scandales de grande ampleur, qui contribuent à nourrir l’impression que l’actuel système de rémunération des dirigeants manque à satisfaire à la dimension éthique de l’impératif de justification (2.1.2).