2.2. Une eschatologie libérale

La problématique de la justice a toujours posé des problèmes aux philosophes qui, même sur un projet relatif aux principes de justice, n’aboutissent que sur de rares consensus (Höffe et Merle, 2005). Bien qu’ils aient apporté des contributions décisives sur ce thème de la justice (Dupuy, 1992), les libéraux n’échappent donc pas à ce dilemme selon lequel leur aspiration à la justice se voit régulièrement contredite par la réalité sociale. Comme cela est visible dans le traitement qu’ils réservent aux problèmes de justification de la rémunération des dirigeants, cela n’empêche toutefois pas la pensée libérale de continuer d’exercer une très grande emprise sur l’esprit des « modernes ». Cela est notamment dû au fait que les théoriciens libéraux n’hésitent pas à renvoyer la réalisation du pacte social libéral à plus tard (2.2.1), comme si la fin de l’histoire était d’ores et déjà écrite et qu’ils pouvaient faire un « pari » sur le futur (2.2.2).