Conclusion du chapitre 4

Dans ce chapitre, nous avons posé une hypothèse de travail pour tenter d’expliquer que le modèle économique libéral puisse survivre aux contradictions qui le traversent et dont les acteurs de la controverse se font l’écho dans leurs discours : l’espoir que les promesses libérales puissent se concrétiser un jour dans la pratique. Cette hypothèse dérivait simplement du constat suivant lequel ce qui passe pour une polémique « antilibérale » est, en fait, très libérale. Pour cela, l’objectif était de renouer avec le projet libéral lui-même, notamment pour savoir si les polémiques en matière de rémunération des dirigeants pouvaient être considérées comme le produit d’une attente eu égard aux promesses que le libéralisme émet en termes de justice sociale. Or, à l’issue de ce chapitre, nous pouvons valider cette nouvelle hypothèse.

En effet, nous avons montré :

  1. Que les acteurs sont particulièrement attentifs à la question de l’acceptabilité sociale des montants et des pratiques de rémunération des dirigeants dans un cadre où l’égalité a valeur de principe
  2. Que l’on assiste à une politisation et une juridicisation du débat qui témoigne de leur volonté de résoudre les problèmes qui se posent sous ce rapport
  3. Que les « promesses libérales » continuent de se présenter comme un idéal à atteindre

Dès lors, partant du constat suivant lequel les acteurs de la controverse ont tendance à réfléchir l’eschatologie libérale que nous avons vu se dessiner au niveau théorique, on peut se demander si leurs espoirs sur la justice sociale sont néanmoins fondés. En effet, pourquoi le serait-il demain alors que l’existence de la controverse publique en matière de rémunération des dirigeants nous enseigne que cela fait des années qu’ils ne le sont pas ? Répondre à cette dernière question est l’objet du dernier chapitre de cette thèse.