1.2. L’ambivalence des solutions en matière de rémunération des dirigeants

Lorsque l’on ouvre le dossier sur la rémunération des dirigeants, une impression de paradoxe se fait immédiatement jour : les dirigeants se présentent comme les principaux bénéficiaires d’un « capitalisme financier » qui était pourtant censé mettre fin à la « privilégiature » de la technostructure. De ce paradoxe jaillit l’essentiel des polémiques sur le sujet, qui cristallisent à la fois les espoirs des acteurs en termes de justice mais aussi, comme nous venons de le voir, les inévitables confusions que ceux-ci ne manquent pas de générer en raison de l’indétermination des principes qui président à la conception libérale de la justice. Cette confusion est notamment visible à travers l’ambivalence du principe de transparence des rémunérations patronales, contre lequel les dirigeants se sont longtemps battus avant de s’en faire les meilleurs défenseurs (1.2.1). De cet exemple, on retire alors un enseignement clé pour comprendre comment tout cela peut « tenir », à savoir que, dans un régime d’opinion, le sens de la justice n’est jamais donné une fois pour toutes mais est fonction des transformations que l’opinion mouvante des acteurs lui font subir (1.2.2).