3.1. Justice libérale et culture du scandale

La relation que les acteurs de la controverse entretiennent avec le(s) scandale(s) constitue un phénomène équivoque eu égard aux problèmes qui se posent en termes de justification de la rémunération des dirigeants. En effet, comment expliquer qu’un corps social intrinsèquement divisé parce que déchiré par des désirs mimétiques impossibles à satisfaire, ici le désir de gagner autant d’argent que le dirigeant, puisse momentanément retrouver une unité dans la dénonciation de tel ou tel dirigeant ? À travers la manière dont se structure la controverse sur la rémunération des dirigeants, nous redécouvrons que le scandale ne se réduit jamais au « fait scandaleux » et qu’il peut y avoir loin, par conséquent, de l’accusation dont certains dirigeants sont la cible physique aux fautes qu’on peut concrètement leur imputer (3.2.1). Cette ambiguïté du scandale est liée au fait que ce dernier est tout, sauf un phénomène « rationnel », au sens où il est le produit d’un emballement soudain de l’opinion et des médias que personne ne maîtrise (3.2.2).