Conclusion chapitre 5

Dans ce dernier chapitre de notre travail, nous avons cherché à savoir si les acteurs de la controverse publique sur la rémunération des dirigeants ne courraient pas après une chimère en matière de justice sociale. Cette volonté était liée au constat que ces derniers gardaient l’espoir de voir les promesses libérales se réaliser un jour dans la pratique bien que les contradictions libérales repérées durant ce travail laissaient plutôt accroire du contraire. En somme, l’objectif était de mettre ainsi à l’épreuve cette « eschatologie libérale » qui structure la controverse publique et, du même coup, la conception libérale de la justice elle-même. Or, à l’issue de ce chapitre, nous pouvons dire que c’est là une hypothèse qui est assez crédible.

En effet, nous avons montré :

  1. Que le désir de justice des acteurs se fait d’autant plus pressant que ce dernier ne cesse de leur opposer son insaisissabilité, le désir de posséder ce que l’autre obtient au nom de l’égalité faisant sans cesse écho à ce désir de justice.
  2. Que cette ambivalence de leur désir de justice se voit accrue par l’impossibilité même de fonder la justice sur une reconnaissance du mérite individuel des personnes.
  3. Que leur incapacité à se détourner de leur désir de justice les conduit, paradoxalement, à créer de nouvelles injustices en condamnant les dirigeants emportés dans des scandales de rémunération.

Dès lors, reste à tirer les enseignements de cette « ruse de la raison » qui conduit les acteurs à se réguler par le scandale là où ils pensent, au contraire, lutter pour la justice sociale. C’est un point que nous allons aborder dans la conclusion générale de ce travail, qui servira d’ouverture pour de futures recherches autour des « formes archaïques » que l’on observe au cœur des sociétés libérales.