4.3 Les enquêtés du Bas Montreuil et de la Croix-Rousse

Les enquêtés du Bas Montreuil sont âgés de 24 à 48 ans lorsqu’ils s’installent dans le quartier, de 25 à 63 ans au moment de l’entretien. La quasi-totalité des ménages comporte un ou des enfants (trois enquêtés n’ont pas d’enfant et dans deux cas ils ont quitté le domicile parental). Si l’on prend en compte les conjoints qui n’ont pas été directement interrogés, la population « élargie » (N = 44171) comporte deux inactifs – un étudiant en communication et un homme au foyer –, un chômeur diplômé en sciences politiques (bac +4) et quarante-et-un actifs occupés : vingt-six cadres et professions intellectuelles supérieures dont dix-huit membres des professions de l'information, des arts et des spectacles, onze membres des professions intermédiaires, trois personnes relevant à la fois de ces deux derniers groupes (qui associent une activité « alimentaire » relevant des professions intermédiaires – enseignement artistique, graphisme, décoration – et une activité artistique ou libérale présentant davantage de risque et relevant du groupe des cadres) et un artisan travaillant également comme artiste. Dix ménages enquêtés vivent dans une maison individuelle, dix autres dans un ancien local d’activité reconverti et seulement quatre en appartement ; vingt-et-un sont propriétaires occupants et trois sont locataires. En outre, comme nous l’avons indiqué, les gentrifieurs ayant réalisé d’importants travaux dans leur logement sont particulièrement représentés. Enfin, les enquêtés sont plus nombreux dans le centre et l’Est du quartier ainsi que sur le coteau des Guilands.

Dans les Pentes de la Croix-Rousse, les enquêtés se sont installés dans le quartier entre 17 et 34 ans ; au moment de l’entretien, ils sont âgés de 25 à 63 ans. Onze d’entre eux vivent sans enfants, sept avec un ou des enfants et six (parmi les plus anciens) ont eu des enfants qui ont quitté le domicile parental. Un seul habite une maison (en copropriété avec deux autres ménages), tous les autres vivent en appartement. Huit ménages sont locataires, seize sont propriétaires occupants. La population élargie (N = 37)172 compte vingt-quatre cadres et professions intellectuelles supérieures (dont six cadres du public, quatre cadres commerciaux, quatre ingénieurs et trois chargés de mission dans le secteur associatif, cinq professions de l’information, des arts et des spectacles, deux enseignants) ; six professions intermédiaires (deux institutrices, une assistante sociale, trois techniciens) ; deux artisans ou chefs d’entreprise (une peintre-décoratrice et un restaurateur) ; deux femmes au foyer et une inactive en reconversion ; deux étudiants. Les enquêtés croix-roussiens vivent très majoritairement dans la moitié Est du quartier (c'est-à-dire à l’Est du Jardin des Plantes), où ils sont en revanche assez équitablement distribués.

Construites sans exigence de représentativité, ces populations paraissent a posteriori assez convergentes avec les caractéristiques des gentrifieurs montreuillois et croix-roussiens tels que les données statistiques les ont fait apparaître. Toutefois, la population montreuilloise présente deux caractéristiques qui ne sont pas sans effet sur les analyses que nous mènerons dans la suite de ce travail : les professionnels de l’information, des arts et des spectacles d’une part, et les propriétaires de logements individuels d’autre part, y sont particulièrement représentés173. Ce « biais » nous a permis d’approfondir certains profils de gentrifieurs contemporains et certains types de rapport à l’espace en quartier gentrifié.

Notes
171.

Rappelons que nous avons rencontré 24 ménages ; au sein de ces ménages, 29 personnes ont été directement interrogées lors d’un entretien approfondi.

172.

De même que dans le Bas Montreuil, cet « échantillon élargi » correspond à 24 ménages rencontrés.

173.

Si nous sommes en grande partie responsable de ce deuxième « biais », le premier est davantage dû à la disponibilité plus grande des intermittents et indépendants du secteur culturel en journée et dans le quartier. La souplesse de leur emploi du temps nous a permis de réaliser des entretiens longs, parfois en plusieurs fois, à leur domicile. A contrario, nous n’avons pas réussi à surpasser les contraintes horaires opposées par un couple formé d’un médecin et d’un avocat et par un chef d’entreprise.