Les trajectoires sociales et les choix professionnels de ces « convertisseurs » se combinent à leur appartenance générationnelle pour produire quelques effets que nous allons évoquer plus rapidement. Tout d’abord, la vie d’indépendant ou d’intermittent a des conséquences pratiques en termes de niveau de vie et d’emploi du temps : c’est l’imprévisibilité qui règne dans ces deux domaines, et qui ne diminue qu’en progressant dans la carrière. Est-ce qu’ils auront du travail quelques semaines ou quelques mois plus tard, où, avec quels horaires… Les conséquences pratiques sont particulièrement importantes pour les intermittents du spectacle et de l’audiovisuel, comme le résume Jean :
‘Je te dis, nous on a une vie très au présent, quoi : bon, demain, on va voir comment ça se passe. Donc on essaie d’anticiper un peu, parce que des fois t’as une visibilité sur 15 jours… Là [en mai] je sais que tout l’été je vais bosser, bon. Mais tu vois, là je connais mon planning jusqu’à septembre, quoi ; après je sais pas. Même l’articulation d’une journée… (Jean, producteur indépendant, arrivé en 1996)’Cela pose des problèmes d’organisation lorsqu’ils ont des enfants : l’entraide entre voisins est alors bienvenue. Pour Jean, ce statut est aussi présenté comme un obstacle à des engagements réguliers en-dehors du travail, par exemple des engagements associatifs :
‘Si t’as un boulot régulier, moi je trouve que, bon ben c’est justement ces gens-là qui peuvent dire : le mardi soir, je me fais la réunion machin, le mercredi j’ai ça… Tu vois, moi j’ai jamais de planning ! Et puis nous on n’a pas de visibilité à long terme, quoi, c’est toujours au jour le jour, tu vois. Nous on vit au présent, constamment. Donc tu ne programmes pas des trucs comme ça, lourds, quoi. Tu vois, je me suis embarqué dans cette association de parents d’élèves, et je me dis « merde, je suis con », parce que… […] Tu peux être plein de bonne volonté, mais dès que t’as une galère sur le boulot, t’y restes ; alors que quand t’es fonctionnaire, tu sais qu’à 5h, tu quittes, c’est sûr. Donc la voilà, ma vie associative. (Jean)’Les indépendants, qui travaillent plus souvent à domicile, sont un peu plus maîtres de leur emploi du temps – l’indépendance est d’ailleurs souvent un choix que font les femmes afin de pouvoir concilier travail et tâches domestiques.
Ces statuts et ces domaines d’activité entraînent aussi une imprévisibilité financière et, souvent, des budgets relativement serrés. Leurs revenus vont de 530 euros par mois pour une sculptrice vivant seule (et n’ayant plus de remboursement d’emprunt) à 5500 euros pour un couple (lui chef-opérateur de télévision, elle chef-maquettiste) avec un enfant et 1000 euros par mois de remboursements d’emprunt. Entre ces deux extrêmes, les configurations les plus fréquentes sont des couples avec un à trois enfants ayant entre 2000 et 4000 euros de revenus mensuels, dont un seul salaire fixe et garanti (CDI ou fonction publique), ou bien des mères seules avec un ou deux enfants et au plus 2000 euros de revenus mensuels208. Les questions sur la gestion du budget au sein des couples avec enfants, même mariés, montrent qu’ils relèvent plus d’une gestion des dépenses (qui dépense quoi) que d’une gestion de l’épargne, du patrimoine du ménage qui pourrait se constituer. Cette faiblesse de l’épargne est probablement due en grande partie au moment de leur trajectoire où nous les avons rencontrés : phase d’acquisition du logement et de travaux d’aménagement, et configuration familiale avec de jeunes enfants. Toutefois même dans les phases antérieures de leurs vies, la tendance est plutôt à gagner assez peu et à tout dépenser, sans épargner. Il n’est pas rare qu’ils se trouvent dans des situations financières délicates, alors même que leurs revenus sont corrects. Les pratiques de consommation sont avant tout dictées par les contraintes budgétaires : les courses d’alimentation sont souvent effectuées à Leader Price ou à Carrefour, le Monoprix est en tous cas unanimement jugé trop cher et y faire des courses relève du plaisir que l’on s’offre exceptionnellement, tout comme l’épicerie bio – sauf pour les gentrifieurs arrivés le plus récemment, plus à l’aise financièrement. Les habits d’enfants sont fréquemment achetés aux puces, au marché ou dans les vide-greniers. Les pratiques de consommation relèvent en tous cas très peu de préoccupations éthiques ou esthétiques ; lorsque c’est le cas, l’agrément individuel l’emporte (magasins où l’on a plaisir à aller, aliments de qualité) sur des considérations plus collectives, sociales ou politiques. Par exemple, la mise en place de caisses automatiques (sans caissier) dans certaines grandes surfaces suscite plutôt un rejet en termes de désagrément pour le consommateur qu’en termes d’emploi (remplacement de la main d’œuvre par des machines). Les sorties au restaurant sont rares et les restaurants fréquentés en général peu onéreux. Selon les revenus, deux domaines peuvent échapper aux restrictions : les livres et le cinéma – et cela en partie grâce à deux équipements locaux qui offrent de la qualité à un bon prix : la librairie Folies d’Encre et surtout le cinéma municipal le Méliès sont unanimement cités par les enquêtés comme des lieux régulièrement fréquentés.
Ces deux éléments – imprévisibilité de l’emploi, caractère moyen ou incertain des revenus – sont mobilisés par plusieurs enquêtés pour expliquer leur malaise à l’égard de l’étiquette « bourgeois-bohème », par laquelle ils se sentent désignés dans les médias. C’est le « bourgeois » qui leur pose problème (le terme « bohème » ne leur évoquant pas grand chose).
‘Faut arrêter de fantasmer sur le côté « bourgeois » de Montreuil. Alors peut-être que, si tu veux, effectivement, gagner 13 000 balles par mois, c’est effectivement très correct, hein, y a pas de problème. Maintenant, quand t’es seule avec deux enfants sans pension alimentaire, 13 000 balles par mois, c’est pas énorme. Tu vois ? Pour payer un loyer, un machin, un truc – et encore, 13 000 balles, je sais même pas, l’année dernière j’ai fini à – oh putain je sais plus, je dois même pas gagner 13 000 balles. Je suis au minimum de la cantine ! C’est pour te dire, je paie le minimum. Donc voilà. Donc moi je fais partie des bourgeois de Montreuil. Bon, ben si c’est ça, effectivement, alors, la bourgeoisie, elle est vraiment près du plancher. (Lilas, graphiste indépendante, arrivée en 2000)’Lilas insiste sur la situation des nombreux « intermittents fauchés » qui selon elle peuplent le Bas Montreuil, et sur la différence « évidente » qu’elle perçoit lorsqu’elle va faire ses courses à Vincennes. Cet écart entre leurs niveaux de vie et ceux de la « vraie » bourgeoisie est d’autant mieux perçu par ceux qui en sont originaires, comme Bérengère :
‘Non, mais on n’est pas à plaindre, je ne me plains pas. Mais c’est vrai que les vacances, on ne part pas en Afrique à quatre ! Là, les vacances, il y a plein de copains qui nous ont invités, super ! On va aller chez les copains. On fait du petit camping qu’on adore, à la ferme, c’est parfait pour tout le monde… On ne se plaint pas, on est très bien, mais faut pas… on ne vit pas comme des bourgeois, hein. Je ne vis pas comme je vivais avec mes parents. (Bérengère, conceptrice d’expositions salariée, arrivée en 1998)’Si Bérengère admet qu’en raison de ses origines familiales, elle a pu garder des habitudes bourgeoises, son conjoint, aux origines beaucoup plus modestes (Loïc, dont nous avons évoqué la trajectoire plus haut) supporte mal cette assimilation. Ces discussions sur la catégorie « bobo » se finissent à plusieurs reprises, dans les entretiens, par des traits d’humour concernant les produits qu’ils achètent, qui reflètent un niveau de vie peu élevé209. Seul un enquêté assume complètement cette étiquette (« nous on fait partie des bobos, hein, on s’en cache pas ») ; c’est lui qui, parmi les « convertisseurs », déclare les plus hauts revenus.
Une autre conséquence de leurs choix professionnels est leur socialisation professionnelle très différente de celle des nouvelles classes moyennes salariées et, comme le souligne une enquêtée, « un état d’esprit particulier » lié à leurs statuts et à leurs domaines d’activité. Aucun d’entre eux n’a d’activité syndicale, hormis les enseignants. Les carrières sont très variables d’un individu à l’autre, elle ne dépendent pas de critères standardisés (diplôme, ancienneté…) et sont faiblement prévisibles. L’individualisme qui prévaut n’exclut pas l’entraide, mais celle-ci est basée sur les affinités plus que sur un sentiment d’appartenance à un collectif. Enfin, les réseaux sont particulièrement importants. Peu d’entre eux semblent familiers de l’idée selon laquelle « l’intégration professionnelle ne passe pas uniquement par l’affirmation de soi dans l’univers du travail, mais qu’elle implique également la reconnaissance de droits dérivés de la logique protectrice de l’Etat providence » (Paugam, 2000, p. 96). Cependant, même si peu d’entre eux sont des salariés de l’Etat, presque tous dépendent indirectement de ses dépenses et de ses aides (aides à la création artistique, subventions aux institutions culturelles qui les font travailler en sous-traitance, etc.) et dépendent de la solidarité nationale (notamment via le régime d’assurance chômage des intermittents). Ils sont donc attachés à l’existence d’un service public et à un Etat fort, mais moins pour les droits sociaux qu’il garantit que pour le secteur culturel qu’il fait vivre.
Leurs engagements militants (politiques ou associatifs) sont très faibles. Les rares engagements associatifs concernent soit des associations de voisinage fondées sur les affinités et revendiquant leur caractère « apolitique » (cf. chapitre 7), soit des associations d’aide aux pays du Sud très faiblement politisées, aidées à distance. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de convictions, mais celles-ci ne s’expriment pas par le biais des représentations politiques traditionnelles. D’ailleurs leur culture politique et leur intérêt pour la vie politique nationale sont faibles et beaucoup expriment en entretien un sentiment d’incompétence sur ce sujet, comme Julien :
‘Je me situe pas vraiment. Je vais te dire, je ne me situe pas vraiment, parce que j’ai beaucoup de mal avec les politiciens. […] Je ne saurais pas te dire, parce que, que ce soit à gauche comme à droite, j’ai des… j’ai des reproches à leur faire, aux uns et aux autres, et tu vois, et ils ont aussi leurs bons points, mais… je ne me suis vraiment pas – non, là, c’est vraiment une question sur laquelle je ne peux pas te répondre. (Julien, ferronnier d’art, arrivé en 1995)’Ils essaient également de se « débattre » avec les questions concernant la politique nationale, mais cela donne lieu à des analyses improvisées qui reflètent une faible culture politique :
‘Mais par rapport au référendum, j’aurais plutôt dit oui, sachant que j’ai plein de bonnes raisons de dire non, au passage, aussi. Mais j’aurais voté oui. Pour que les choses se fassent, parce que je suis plutôt dans la dynamique, même si les choses sont lourdes et qu’elles ne sont pas claires, plutôt pour mettre les choses en avant. J’ai toujours été un entrepreneur, j’ai toujours été un fonceur passionné et… et j’aime pas dire non. (Julien, ferronnier d’art, arrivé en 1995)Jean poursuit ainsi sur l’importance des écoles, comme s’il était conscient de la vacuité de son discours politique jusque-là et qu’il avait enfin trouvé un sujet sur lequel exprimer quelques réflexions personnelles.
Peu de temps avant les entretiens, a eu lieu le référendum sur le Traité constitutionnel européen : la plupart des enquêtés considérait qu’il fallait voter (ils considèrent de façon générale que c’est un devoir de voter), mais ils étaient indécis jusqu’au dernier jour. Leur indécision, et leurs votes finalement très partagés entre le « oui » et le « non », ont évidemment à voir avec les lignes de fracture parcourant ces classes moyennes analysées par ailleurs210. Mais aux différents scrutins nationaux et locaux, l’indécision semble également forte. Une tendance se dégage en fait à propos des scrutins aussi bien nationaux que locaux : celle de se constituer en contrepoids afin d’éviter une trop grande concentration du pouvoir, même entre les mains d’un parti ou d’un homme que l’on apprécie plutôt (« j’aurais tendance à vouloir de la diversité plutôt que de miser sur un homme » est une idée que l’on a entendue à plusieurs reprises). Les décisions de vote se prennent donc tardivement, en fonction de la perception du rapport de forces plutôt qu’en fonction d’une adhésion inconditionnelle à un parti ou à un programme, et visent à atteindre un certain équilibre.
Les « convertisseurs » expriment un rapport utilitariste et désenchanté au pouvoir politique, qui reflète leur rapport au monde social. Leur bonne connaissance de la structure sociale et de leur position au sein de celle-ci, leur lucidité sur les mécanismes de la reproduction des inégalités et leur pessimisme quant au pouvoir de changement des collectifs politiques les conduisent à un certain individualisme désillusionné. Ils préfèrent la notion de « citoyenneté » à celle d’engagement : en effet, elle renvoie à des comportements individuels et à un contenu moral assez mal défini, qui autorise diverses interprétations. Cela leur permet par exemple de qualifier de « citoyenneté » les relations d’entraide qu’ils entretiennent avec leurs voisins ou avec leur réseau amical et professionnel, comme l’indiquent Julien ou Hugo après plusieurs questions sur leur participation à la vie politique et militante :
‘ Tu es déjà allé dans des réunions municipales, ou des conseils de quartier, ou dans des associations… ?Hugo décrit ces différentes aides professionnelles apportées à des « amis-voisins » et conclut : « c’est mon côté militant » ; il établit un lien avec l’entraide dans le milieu du cinéma documentaire, dont il a bénéficié :
‘C'est-à-dire que tu vois, par rapport à mon film, il y a plein de gens qui ont donné des heures et des heures de présence ; donc je renvoie un peu la balle, pas aux mêmes, et bon, c’est une espèce d’échange, quoi. (Hugo) ’Ce « militantisme » de proximité passe, on le voit, par un travail gratuit : donner de leur temps de travail, ils considèrent que c’est ce qu’ils savent faire de mieux et de plus utile. Mais après tout, qu’est-ce qui le différencie du militantisme des libertaires, pour qui « la politique, c’est la quotidienneté » ? La position défendue par Valérie, « pionnière » des Pentes, pour qui la façon même dont on côtoie ses voisins fait sens211, est-elle si différente de l’attitude de Julien ou d’Hugo à l’égard de leurs « amis-voisins » ? Il semble bien qu’elles soient radicalement différentes : l’une relève bien de la politique, l’autre non. Pour Valérie, il s’agit d’appliquer des principes inconditionnels en toute situation et avec tout le monde. Dans le travail, par exemple, « c’est une certaine façon d’être traitée : c’est refuser de faire des heures sup’ si tu n’es pas payée, c’est… pas accepter qu’on te parle pas décemment, pas travailler en dessous d’un certain prix ; c’est me comporter de façon collectiviste avec les gens avec qui je travaille, ne pas être dans des rapports de hiérarchie ». Au contraire, la logique qui sous-tend l’attitude de Julien et d’Hugo n’est pas inconditionnelle : elle est d’abord sélective (elle ne concerne que des « élus » parmi les voisins, des gens avec qui on établit une relation d’affinité) ; elle est ensuite est fondée sur une attente de réciprocité, sur une logique d’échange. Hugo « renvoie la balle » à ceux qui l’ont aidé, ou à d’autres qui en aideront d’autres à leur tour ; quant à Julien, il indique bien sa déception lorsque son investissement affectif ne « paie » pas.
A nouveau, ce portrait est un type-idéal plus qu’un exact reflet de la réalité. Un autre type-idéal, dont l’expression est plus discrète dans cette génération mais qui existe néanmoins, relève davantage de la culture des « nouvelles classes moyennes » : familiarité avec le monde syndical, affiliation idéologique à des partis politiques, militantisme associatif, et surtout capacité à élaborer un discours de nature politique. Ces dispositions se retrouvent, sans surprise, chez les rares enseignants de l’échantillon, comme Cécile (institutrice) ou Noémie (professeure d’histoire-géographie) ainsi que chez Alice, la rédactrice, les deux dernières étant passées par Sciences Po. Les propos de Noémie quant à ses engagements militants contrastent ainsi avec ceux de Jean ou d’Hugo ; ils ne reposent manifestement pas sur la même définition du militantisme ou de l’engagement :
‘Mais je ne suis pas militante, tu vois. Je vais aux AG, je fais grève, je participe aux manifs, tu vois, je vais aux réunions dans mon lycée. Mais je ne suis pas – pas parce que ça ne m’intéresse pas, tu vois, je trouve ça super important. Mais moi, dans mon quotidien, j’ai pas le temps, quoi. Mais j’aimerais bien plus m’investir, en fait. Oui, dans des trucs de commerce équitable, tu vois, dans des choses plus techniques, parce que j’ai le sentiment que… c’est là où j’aurais envie d’œuvrer, parce que c’est ça qui… tu sais, chacun s’identifie à des causes, voilà… (Noémie, professeure d’histoire-géographie, arrivée en 2003)’Toutefois, les enseignants sont beaucoup plus rares que les professions culturelles dans l’échantillon comme parmi l’ensemble des nouveaux habitants du Bas Montreuil (cf. chapitre 2). Ce ne sont pas eux qui « donnent le ton » dans le quartier (Chamboredon, Lemaire, 1970).
Nous verrons de façon plus concrète comment ces systèmes de valeurs et ces rapports à la politique (au sens large) s’expriment dans l’espace du quartier. Les façons de gentrifier font bien apparaître des cultures spécifiques, issues notamment de la combinaison d’effets de l’appartenance générationnelle et de la socialisation professionnelle.
Leurs revenus les placent, selon les cas, de la « classe moyenne inférieure » à la « classe moyenne supérieure » si l’on suit la classification proposée par Louis Chauvel (2006) sur la base des revenus ; ils se situent dans une fourchette comprise entre 0,75 fois et deux fois le salaire médian (1524 € en 2006 pour un temps plein).
« Finalement les couches Leader Price sont très très bien ! » (Bérengère). « Et donc si tu veux voir les marques que l’on achète [rit], nous avons la marque Leader Price, tu vois ! Ca, ça fait partie quand même des trucs haut de gamme ! Non, j’ai de la purée Mousseline. Et sur les produits pour nettoyer, par contre, nous investissons dans de la très bonne qualité, Johnson. » (Lilas).
Cf. Todd, 2005 ou Goux et Maurin, 2005 ; pour une présentation et une discussion de ces analyses, cf. Ferreira, 2006.
« Mais tout est politique ! tout est politique ! La façon dont tu cotoies les gens, la façon dont tu te comportes au travail, dont tu achètes ton pain… pour moi, tout est politique ! […] Aller à Monoprix, c’est politique ! Oui, y aller un jour férié, pendant que les caissières sont en train de travailler, c’est politique ; de refuser d’y aller, c’est politique. J’ai la philosophie de Guédiguian, là-dessus, je pense que tout est politique. […] Ma façon de me comporter dans le travail, mes choix dans le travail, c’est politique. Ce que je refuse, ce que je n’accepte pas, ce que je ne fais pas, ce que je fais… » (Valérie, bénévole dans un label libertaire puis peintre-décoratrice, arrivée dans les Pentes en 1986).