Parmi nos enquêtés, nous avons donc d’une part constaté la diversité des représentants de la « classe d’alternative », qui est aussi une « génération d’alternative », et d’autre part identifié trois types de nouvelles « nouvelles classes moyennes », qui reflètent plusieurs transformations ayant affecté cette strate intermédiaire de la structure sociale depuis les années 1970227. Ils sont salariés du privé ou du secteur associatif autant que du public, indépendants et intermittents autant que salariés, travailleurs intellectuels mais aussi parfois manuels… le portrait des gentrifieurs en travailleurs intellectuels salariés de l’Etat ne tient plus. Les jeunes générations de gentrifieurs donnent à voir le renouvellement des anciennes « nouvelles couches moyennes » dans des contextes bien différents, marqués par l’arrêt de l’expansion de l’emploi public, par la hausse du chômage (notamment dans les premières années de la vie active), par la diffusion de la « culture critique » de la classe d’alternative en même temps que son affaiblissement, et enfin par la montée d’un désaveu à l’égard de la politique, lié notamment à l’échec des régimes communistes et à l’exercice du pouvoir par la gauche.
Dans les Pentes de la Croix-Rousse, deux types de successeurs de ces « nouvelles classes moyennes » sont apparus. Les premiers, principalement cadres du public en ascension sociale, en sont les héritiers au sens où ils héritent de leurs emplois et de leur système de valeurs ; mais ces emplois ne sont plus si nouveaux et ces valeurs ne sont plus vraiment alternatives, de sorte que ces héritiers n’occupent plus la même place relative et la même fonction dans l’ordre social contemporain. Les seconds, intellectuels du secteur associatif, en sont les descendants au sens généalogique. En durcissant un peu l’opposition avec les précédents, on peut dire qu’ils reprennent à leur compte plutôt la place relative de leurs aînés dans la structure sociale et leur rôle de porteurs de la modernité et du changement social, rôle qui s’exerce désormais davantage via le lobbying associatif qu’à l’intérieur des structures étatiques. Enfin, les gentrifieurs arrivés dans le Bas Montreuil à la fin des années 1990 constituent un troisième type de successeurs des nouvelles couches moyennes : au carrefour de trajectoires descendantes et ascendantes, il est constitué de professionnels de la culture qui tentent de concilier l’injonction à l’épanouissement personnel dans le travail hérité de leurs aînés avec un contexte d’emploi bien différent. Le poids des trajectoires descendantes dans cet échantillon apparaît comme une dimension nouvelle, les auteurs des années 1980 soulignant plutôt les effets de la mobilité ascendante d’origine structurelle sur le rapport au travail et au quartier (Bidou, 1984 ; Chalvon-Demersay, 1984)228.
Ces deux derniers ensembles nous semblent constituer au sens plein de nouvelles « nouvelles couches moyennes ». Tout d’abord, alors que la croissance de l’emploi public s’est tarie, les effectifs des professions culturelles d’une part, des associations à but non lucratif d’autre part, ont crû plus vite que la moyenne : l’emploi dans les professions culturelles a augmenté de 19 % entre 1990 et 1999, en particulier dans l’audiovisuel et le spectacle (+ 37 %), pour une croissance de + 4 % de l’emploi total (Patureau, Jauneau, 2004) ; quant à l’emploi associatif national, il a crû de + 5 % entre 2004 et 2008229. Ces gentrifieurs font donc partie des « professions nouvelles ou renouvelées » (Bidou, 1984) de leur époque. Des professions en croissance numérique peut aussi venir le changement social ; indépendants d’un Etat devenu conservateur comme des grands groupes privés, à la marge des cercles exerçant le pouvoir tant dans le secteur culturel que dans l’économie sociale ou dans la protection de l’environnement, ils innovent, proposent des productions intellectuelles et esthétiques nouvelles, inventent de nouvelles façons de travailler . D’autre part, ils ne sont plus directement employés par l’Etat, mais leur économie dépend toujours en grande partie de ses subsides. Ils restent ainsi attachés à l’idée d’un Etat fort, garant des services publics, d’une régulation de l’économie et d’une solidarité nationale, mais ce lien est plus indirect et leur culture professionnelle s’est éloignée de celle de la fonction publique. Là où prévalait une gestion bureaucratisée des carrières et des trajectoires en fonction du diplôme, les réseaux, le « bluff », l’expérience de terrain jouent désormais un rôle plus important. Toutefois, la nouvelle « nouvelle classe » ne se montre pas moins capable d’organiser le marché du capital culturel de manière à le monnayer (Gouldner, 1979). Mais il ne s’agit plus tant de faire reconnaître ses diplômes, que de mener un véritable travail d’organisation du marché de l’art et de l’information pour les montreuillois, de structuration et de développement d’un secteur associatif professionnel pour les croix-roussiens. Enfin, en ce qui concerne la place du travail dans leur vie, ils tentent d’assumer une partie de la culture critique et de l’injonction hédoniste de leurs aînés dans un contexte d’emploi moins favorable. Ils sont toutefois plus sensibles à la « critique artiste » refusant l’aliénation capitaliste qu’à la « critique sociale » dénonçant l’exploitation (Boltanski, Chiapello, 1999). Ils sont également porteurs d’une « critique écologique », moins développée par leurs prédécesseurs.
Leurs rapports à la politique et au militantisme ont également changé ; en l’absence d’un « événement fondateur » (Mannheim, 1928, 1990) de nature politique, comme mai 68, ou d’un « courant social » qui traverserait leur génération, leur culture politique et leur mobilisation éventuelle semblent désormais dépendre principalement de facteurs individuels : types d’études, milieu professionnel, socialisation familiale. Enfin, si les engagements militants peuvent demeurer importants pour certains d’entre eux, on assiste à une dissociation des registres d’engagement privé, collectif et politique, dont l’emboîtement caractérisait nombre d’initiatives de la « classe d’alternative » (Bacqué, Vermeersch, 2007, p. 85 sq.). Subsistent des engagements dans le registre privé (pratiques de consommation, de déplacement, etc.) et dans le registre politique (adhésion et mobilisation dans des associations nationales par exemple), mais la dimension collective a disparu en même temps que la logique d’expérimentation locale et quotidienne. La professionnalisation des associations a sans doute contribué à l’affaiblissement de cette dimension.
On voit désormais que le portrait des gentrifieurs ne peut se résumer à l’idée d’individus aux valeurs progressistes, caractérisés par un déséquilibre entre capital économique et capital culturel. D’une génération à l’autre, ces traits se déclinent et s’articulent de diverses manières. La diversité des gentrifieurs que nous avons rencontrés tient aussi aux contextes locaux : il est clair que les trois types-idéaux dégagés sont fortement façonnés par les caractéristiques des espaces plus ou moins larges dans lesquels ils s’inscrivent. La concentration de l’emploi culturel en région parisienne (les trois quarts des artistes français vivent en région parisienne contre un cinquième des actifs (Menger, 1994) et l’emploi culturel représente 4 % des emplois en Ile-de-France, soit le double de la moyenne nationale (Patureau, Jauneau, 2004)) et à plus petite échelle leur tendance à l’agrégation spatiale (Préteceille, 2003) expliquent en partie les spécificités des « convertisseurs » montreuillois. Par ailleurs, pour des jeunes très diplômés comme ceux rencontrés à la Croix-Rousse, le passage par Paris constitue généralement un moteur d’avancement dans la carrière ; le fait de trouver à la Croix-Rousse des jeunes ayant un haut niveau d’exigences intellectuelles mais valorisant également la sphère hors travail n’est donc pas surprenant. Enfin, la vitalité du tissu associatif croix-roussien explique la présence importante dans le quartier de jeunes salariés de ce secteur. Ces caractéristiques objectives des espaces génèrent en même temps des images qui contribuent à les renforcer. L’analyse des choix résidentiels des gentrifieurs, conçus non comme le produit logique découlant de ce qu’ils sont « par ailleurs », mais plutôt comme un élément à part entière de leur construction identitaire, permet d’éclairer cette dynamique de qualification mutuelle entre des habitants et leurs espaces. Après avoir dressé le portrait de nos enquêtés en travailleurs et en militants, nous allons donc maintenant les étudier en tant qu’habitants confrontés à la question du choix d’un espace de résidence.
Arrivée dans le quartier | Prénom | Date de naissance | Age | Composition du ménage | Etudes | Activité à l'arrivée dans le quartier et changements éventuels | Profession des parents | Age en 2006 (1) |
à l'arrivée dans le quartier | ||||||||
Pionniers | ||||||||
1970 | Claudine | 1943 | 27 | Mariés | Beaux Arts de Lyon | Etudiante aux Beaux Arts puis maître auxiliaire arts plastiques et travaux manuels en collège. | Mère tenait un magasin de jouets (grand-mère droguiste). Père VRP dans le textile | 63 |
mari | Beaux Arts de Lyon | Etudiant aux Beaux Arts puis enseignant aux Beaux Arts | Mère professeure de couture. Père peintre en bâtiment | |||||
1972 | Jacques | 1944 | 28 | Célibataire | Beaux Arts de Besançon | Graphiste salarié, puis directeur d'une agence de publicité, puis enseignant aux Beaux Arts. | Père géomètre puis architecte. Mère inactive | 62 |
1973 | Dominique | 1949 | 24 | Séparée, 2 enfants | Quitté l'école à 14 ans, bac en 1975 en candidate libre puis formation de documentaliste puis études de sociologie (DEA) | Militante féministe et jobs, puis documentaliste dans un laboratoire de recherche, puis coordinatrice d'une association | Grand-père, père et frère artisans maçons. Mère décédée tôt. | 57 |
1979 | Yves | 1945 | 34 | Séparé, 1 enfant | Ecole d'ingénieur | Ingénieur technico-commercial dans une entreprise privée | 61 | |
1979 | Marie-Luce | 1956 | 23 | Mariée | Au foyer. Mari ingénieur au Grand Lyon |
Père douanier, mère documentaliste. Parents mari : mineur et couturière | 50 | |
1979 | Michel | 1957 | 22 | En couple | Bac F1 + CAP auto-moto |
Réparateur auto-moto, puis agent de maîtrise réparateur de photocopieurs | Mère professeur de philosophie, agrégée et docteure | 49 |
1982 | Véronique | 1963 | 17 | BEP | Jobs d'ouvrière puis au foyer puis agent technique d'entretien | Père dessinateur industriel | 43 | |
1986 | Valérie | 1966 | 20 | Célibataire | DEUG Psychologie | Bénévole dans un label de rock indépendant, militante libertaire, jobs. Puis peintre décoratrice à son compte. | Père ouvrier spécialisé industrie du verre. Mère au foyer | 40 |
Deuxième génération | ||||||||
1990 | Brigitte | 1962 | 28 | Célibataire | BTS Economie sociale et familiale, PEGC, CAPES | Professeur certifiée de technologie | Père intendant au CROUS. Mère au foyer | 44 |
1991 | Corinne | 1960 | 31 | Mariée, 2 enfants | Assistante sociale, ancienne institutrice. Conjoint chargé de communication, ancien professeur du secondaire. | 46 | ||
1995 | Sophie | 1967 | 28 | Mariée | MST Economie et langues + Institut d'Administration des Entreprises. Mari fac d'histoire + CELSA | Cadre dans l'industrie, puis institutrice. Mari responsable ressources humaines dans l'industrie | 39 | |
1996 | Mathilde | Mariée | BTS tourisme, Licence LEA et 1er cycle à l'Ecole du Louvre | Au foyer. Mari magistrat au Tribunal administratif |
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Jeunes Croix-Roussiens | ||||||||
2000 | Bertrand | 1974 | 26 | Célibataire | Licence d'histoire | Chargé de mission dans une association de veille et d'aide au logement | Père employé dans une bouquinerie. Mère secrétaire dans une université | 32 |
2002 | Thomas | 1974 | 28 | En couple | Doctorat de maths | Maître de conférence en mathématiques | Père responsable informatique dans une entreprise privée. Mère gynécologue libérale | 32 |
2005 | Joan | 1977 | 28 | En DEA d’archéologie | Etudiante et rentière | Père décédé, ancien patron d’une affaire d’immobilier commercial | 29 | |
2003 | Mélanie | 1971 | 32 | Mariée, 3 enfants | BTS assurance. Conjoint BTS hôtellerie restauration | Rédactrice de contrats d'assurance. Mari agent de maîtrise en maison de retraite | 35 | |
2003 | Laurent | 1970 | 33 | Ecole d'ingénieur + doctorat en mécanique. Conjointe DESS d'urbanisme | Ingénieur chef de projet dans une entreprise privée. Conjointe urbaniste au Grand Lyon |
36 | ||
2003 | Nathalie | 1973 | 30 | Célibataire | Diplôme d'ingénieur des techniques agricoles | Ingénieur, cadre à la Direction régionale de l'environnement | Père électricien, patron de PME. Mère aide à la PME | 33 |
2004 | Fabien | 1975 | 28 | PACSés | Institut Régional d'Administration | Attaché administratif à la Direction régionale de la protection judiciaire de la jeunesse | Mère ouvrière en usine. Père commercial matériel agricole | 30 |
Emmanuelle | 1978 | 26 | Maîtrise de Droit, Institut d'Etudes Judiciaires | Inspectrice des impôts, en reconversion pour être institutrice | Père médecin hospitalier. Mère orthophoniste | 28 | ||
2004 | Luiggi | 1981 | 23 | Célibataire | Etudiant en design | Parents ouvriers | 25 | |
2004 | Denis | 1968 | 36 | En couple | Bac +1 en droit | Restaurateur-galeriste dans les Pentes | Père prof en lycée. Mère institutrice et tenait des chmabres d'hôtes (je crois) | 38 |
2004 | Damien | 1974 | 31 | En couple | Ingénieur environnement | Chargé de mission dans une association de promotion des énergies renouvelables. Puis chargé de projet à l’agence climatique du Grand Lyon | Père directeur d'une chambre de commerce. Mère prof en lycée | 33 |
2005 | Marianne | Licence d'Histoire, Sciences Po Paris, DEA | Chargée de programme droits de l’homme et solidarité internationale dans le secteur associatif | Père inspecteur général des travaux publics. Mère gestion et comptabilité dans le privé | ||||
2004 | Antoine | 1980 | 24 | En couple | Institut d'Administration des Entreprises. DESS de gestion, spécialité systèmes d'information | Chargé de mission dans une entreprise de formation- conseil. Puis chargé de l'information dans une association de promotion des énergies renouvelables | Père maître de conférence puis recherches contractuelles. Mère documentaliste au CNRS puis en lycée ("retour à la terre") | 26 |
Stéphanie | 1980 | 24 | Institut d'Administration des Entreprises. DESS de gestion, spécialité achats | Acheteuse dans une entreprise privée, secteur industriel | Père viticulteur. Mère aide maternelle | 26 | ||
2005 | Lucie | 1972 | 33 | PACSées | Maîtrise d’économie (études médico-économiques) | Au chômage. Projet de reconversion dans l'artisanat (travaux de rénovation) | Père responsable logistique et planification en entreprise privée. Mère comptable | 35 |
Anke | 1972 | 33 | Doctorat d’économie | Consultante en stratégie marketing dans l'agro-alimentaire et le vin | Père directeur juridique d’une poste. Mère professeure dans le secondaire | 34 | ||
2005 | Emilie | 1981 | 24 | En couple | Maîtrise de sociologie, DESS d’évaluation des politiques publiques et Master en prévention | Cadre B fonction publique territoriale, affaires sanitaires et sociales. Conjoint monteur vidéo intermittent |
Père conseiller technique jeunesse et sports à la Direction départementale. Mère prof en collège | 25 |
2005 | Fred | 1972 | 33 | En colocation | CNSM pas fini | Musicien, au chômage | Père architecte d'intérieur décorateur. Mère au foyer | 34 |
(1) L’enquête dans les Pentes a eu lieu en 2006-2007
Arrivée dans le quartier | Prénom | Date de naissance | Age | Composition du ménage | Etudes | Activité à l'arrivée dans le quartier et changements éventuels | Profession parents | Age en 2005 (2) |
à l'arrivée dans le quartier | ||||||||
Pionniers | ||||||||
1985 | Monique | 1955 | 30 | Mariée | Dentaire | Dentiste en centre social puis chargée de prévention bucco-dentaire. Conjoint comédien | Mère institutrice | 50 |
1986 | Marc | 1955 | 32 | En couple, attendent le 1er enfant | Ecole de cinéma (IDHEC, actuelle FEMIS) | Réalisateur de films documentaires puis homme au foyer | Père expert dans des organisations internationales. Mère au foyer | 50 |
Agnès | 1955 | 32 | Maîtrise de Sociologie | Journaliste pigiste puis salariée, spécialisée immobilier. | Père médecin. Mère infirmière | 50 | ||
1990 | Edith | 1942 | 48 | Divorcée, deux enfants | Ateliers de dessin, Beaux Arts et Proficiency de Littérature anglaise | Sculptrice et professeur de sculpture | Père banquier, puis éditeur, puis « gentleman farmer », puis bibliothécaire. Mère inactive. | 63 |
1991 | Francine | 1961 | 30 | En couple | Licence d'histoire et Licence d'Information Communication | A créé avec son mari une société de production en cinéma documentaire. Elle monteuse et productrice, intermittente. Lui gérant | Père enseignant-chercheur en physiologie. Mère professeur de français en lycée technique. | 44 |
1992 | Pierre | 1956 | 36 | Célibataire | Ecole de dessin industriel | Petits boulots, puis gère avec sa compagne un centre d'animation de quartier | Mère secrétaire de direction. Compagne : père plasticien, mère professeur de français |
49 |
Convertisseurs | ||||||||
1992 | Irène | 1963 | 30 | Mariée, 1 enfant | DEUG Lettres | Chômeuse puis chargée de production événementiel. Puis décoratrice (activité immobilière) | Père entrepreneur du bâtiment. Mère commerçante. Aujourd'hui tiennent des chambres d'hôte au Maroc | 42 |
1994 | Luc | 1958 | 36 | En couple, 2 enfants | Ecole de théâtre (cours Florent) |
Acteur et réalisateur de fictions. Conjointe actrice | Père ingénieur centralien | 47 |
1995 | Julien | 1969 | 26 | Célibataire | B.A. Design industriel, Ecole d'arts appliqués à San Francisco | Apprenti en ferronerie-serrurerie, puis artisan d'art | Père cadre dirigeant dans la banque. Mère psychanalyste | 36 |
1996 | Jean | 1960 | 36 | Marié, 1 enfant | Arrêté le lycée en Première | Producteur télé, intermittent. Conjointe danseuse, intermittente | Père électricien. Mère au foyer | 45 |
1997 | Hugo | 1970 | 27 | En couple | Ecole de graphisme, niveau Bac +4 | Graphiste indépendant, puis photographe et vidéaste | Père architecte. Mère sculptrice et céramiste | 35 |
2002 | Francesca | 1975 | 27 | Etudes de danse et de théâtre au Mexique | Danseuse, comédienne, prof danse | Père politologue. Mère philologue | 30 | |
1998 | Samuel | 1973 | 25 | En couple, attendent leur 1er enfant | Maîtrise de sciences politiques | Au chômage | Parents commerçants ambulants (textile) | 32 |
Justine | DEA Biologie | Chargée de mission à la direction de l’ANPE (CDD) | Père vendeur de chaussures. Mère vendeuse linge de maison | |||||
1998 | Bérengère | 1970 | 28 | En couple, attendent leur 1er enfant | Licence physique-chimie, Maîtrise Info et Com Scientifique et Technique | Conceptrice d’expositions dans un établissement public | Père cadre dirigeant. Mère assistante d'un conservateur de musée | 35 |
Loïc | 1968 | 30 | BTS Jardins et paysages | Photographe de jardins | Parents coiffeurs | 37 | ||
1999 | Martine | 1965 | 34 | En couple, 1 enfant | Maîtrise histoire de l'art, diplôme des Beaux-Arts et CAP d'accessoiriste | Sculptrice et décoratrice-accessoiriste intermittente. Conjoint éducateur spécialisé | Père cadre "maison" RATP. Mère vendeuse hifi | 40 |
1999 | Julie | 1969 | 31 | En couple, 2 enfants | Ecole de design et architecture d'intérieur, niveau bac+5 | Graphiste indépendante spécialisée architecture et expositions. Conjoint rédacteur en chef d'un site internet | Père dessinateur industriel. Mère institutrice | 36 |
2000 | Josette | 1951 | 49 | Mariés, 2 enfants | Agregation et doctorat d'histoire, concours de conservatrice du patrimoine | Conservatrice au Ministère de la Culture, spécialisée patrimoine | Parents agriculteurs | 54 |
François | 1951 | 49 | Sciences-Po Paris et agregation d'histoire | Directeur adjoint d'un établissement d'enseignement supérieur et auteur spécialisé enseignement. | Père ouvrier tailleur. Mère plumassière | 54 | ||
2000 | Lilas | 1967 | 33 | Mariée, 2 enfants | BTS Publicité puis Master of Arts en Angleterre | Graphiste indépendante et photographe. Conjoint réalisateur de téléfilms | Père chargé de mission pour des organisations internationales. Mère galeriste puis fermière (« retour à la terre ») |
38 |
2001 | Claire | 1970 | 30 | En couple, 2 enfants | DEA de sociologie | Cadre technique dans un syndicat. Conjoint consultant développement | 35 | |
2002 | Yves | 1970 | 32 | Mariés, attendent leur 2e enfant | Prof d'ébénisterie en lycée technique | Père gérant d’un commerce d'aliments et semences pour l’agriculture. Mère ouvrière | 35 | |
Cécile | 1973 | 29 | Institutrice | Père ingénieur et prof agrégé d’électronique en IUT. Mère infirmière | 32 | |||
2002 | Rémi | 1963 | 39 | En couple, 1 enfant | Chef-opérateur télé et cinéma, intermittent. | Père architecte, prof aux Arts Déco puis entrepreneur du bâtiment (réhabilitation). Mère prof aux Beaux-Arts puis aide son mari | 42 | |
Valérie | Chef-maquettiste | Père professeur. Mère vendeuse en maroquinerie de luxe | ||||||
2003 | Noémie | 1966 | 36 | Séparée, 1 enfant | Maîtrise d'histoire, Sciences-Po Paris, CAPES d'histoire | Prof certifiée d'histoire | Père directeur d'établissement sportif, décédé. Mère institutrice. Beau-père maître de conférences en sociologie | 39 |
Suiveurs | ||||||||
2003 | Simon | 1978 | 25 | Célibataire | Bac E, Diplôme d'Etudes Musicales | Musicien percussionniste, intermittent | Père chef de chœur et prof en conservatoire. Mère sportive de haut niveau puis prof d'EPS et de relaxation | 27 |
2004 | Alice | 1966 | 38 | Pacsés, 2 enfants | DESS Economie du cinéma, puis Sciences-Po Paris, puis DEA d'histoire | Auteur et correctrice de manuscrits, indépendante | Père cadre ressources humaines dans l'industrie. Mère institutrice | 39 |
Gabriel | Licence physique-chimie, DESS de communication | Editeur scientifique, salarié | Mère ouvrière agricole | |||||
2004 | Romain | 1980 | 24 | Célibataire | Etudiant en communication | Père agriculteur–éleveur. Mère ancienne infirmière | 25 | |
2007 | Tiphaine | 1981 | 26 | Mariés, 3 enfants | DESS d'urbanisme | Urbaniste, a créé son bureau d'études | Père cadre dans le transport maritime. Mère secrétaire. | |
Benoît | 1977 | 30 | Sciences-Po Paris et diplôme d'expert-comptable | Consultant financier | Mère docteure en histoire de l'architecture, enseignante dans le supérieur, deux mandat d'adjointe au maire d'une grande ville. |
(2) L’enquête dans le Bas Montreuil a eu lieu en 2005 (sauf un entretien)
Rappelons encore une fois que nous ne prétendons pas avoir rendu compte de toute la diversité des gentrifieurs rencontrés, sauf en ce qui concerne les « pionniers », membres de nouvelles classes moyennes » déjà bien connus ; notre objectif a plutôt été de dégager de cette diversité des types idéaux de gentrifieurs du point de vue du rapport au travail et des engagements militants. Nous avons donc accentué certains traits et passé sous silence quelques cas discordants, qui ne manqueront pas de réapparaître ici ou là.
Bernard Bensoussan et alii, dans leurs travaux sur la Croix-Rousse, avaient déjà mentionné l’existence de ces jeunes « déclassés » dans le quartier en gentrification ; mais seul Jean Rémy avait explicité les motifs de leur présence et leur rôle aux côtés de gentrifieurs en ascension sociale (Remy, 1990).
Source : Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire du Nord Pas de Calais. Nous n’avons pas trouvé de données plus anciennes.