1. L’offre immobilière du Bas Montreuil : héritage historique, effets des politiques urbaines et du contexte immobilier

Nous pouvons distinguer quatre phases, dans l’histoire urbaine du Bas Montreuil, qui ont contribué à la production d’un espace « gentrifiable », c'est-à-dire appropriable par les ménages présentés dans les chapitres précédents : une urbanisation de faubourg au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle et du début du XXe, un certain déclin des années 1930 aux années 1990272, une « reprise en main » par la municipalité au cours des années 1980-1990 et enfin à partir de la fin des années 1990 une relative soumission aux forces du marché. L’urbanisation sur le mode faubourien a produit un tissu marqué par l’enchevêtrement de l’habitat et des activités, par la petite taille des locaux industriels et par la prédominance de la propriété privée ; le relatif abandon du quartier par les équipes municipales communistes puis la crise industrielle ont progressivement conduit à un vieillissement et à une dégradation du bâti puis, plus rapidement, à la multiplication de friches en lieu et place des anciennes industries. C’est de ce tissu urbain qu’héritent habitants et municipalité au début des années 1980. Après avoir précisé le contenu de cet héritage, nous analyserons les caractéristiques de la « reprise en main » du quartier par l’équipe municipale de Jean-Pierre Brard au cours des années 1980 et 1990, puis nous verrons les limites de ce volontarisme face aux deux « crises immobilières » de 1987-1995 et de 1998-2008.

Notes
272.

La ville a été dirigée par des maires communistes de 1935 à 1996 (Jean-Pierre Brard, maire de 1984 à 2008, rend sa carte du PCF en 1996 mais reste apparenté PCF à l’Assemblée Nationale).