2.2 Montreuil et les enjeux de mémoire : effacer l’ouvrier, ressusciter le populaire ?

La construction sociale du « problème des banlieues » au tournant des années 1980-1990 et la crise du communisme ont conduit à Montreuil à une relecture de l’histoire. Comme Sylvie Tissot l’a montré, on peut voir dans les récits que la ville produit sur elle-même une mutation profonde des représentations : relégation des grands ensembles, de leur histoire et de leur peuplement au second plan, et mise en valeur de la diversité et de l’ancienneté du bâti et de la mixité du peuplement (Tissot, 2007, p. 147-170). Il s’agit en fait pour la ville, qui s’est construite pendant des décennies sur le thème de la conflictualité sociale et des succès du communisme municipal, de se doter d’une nouvelle identité. Elle va pour cela ressusciter un passé antérieur au communisme municipal et en particulier à la période des Trente Glorieuses, de l’industrie et des HLM.