2. Cinq « conversions » plus ou moins réussies

Comment s’opère la rencontre entre cette demande de biens dégradés et dévalorisés et l’offre abondante mais aussi, pendant un temps, fortement administrée du Bas Montreuil ? Ces transactions supposaient en effet de recourir à d’autres ressources que des ressources économiques et à d’autres dispositifs de connaissance que le marché. C’est ce que nous avons pu constater à l’écoute des longs récits faits par les enquêtés de leurs négociations, tractations, transactions etc. et face à la gêne que plusieurs manifestaient à l’occasion de ces récits. Ils ont, pour un certain nombre d’entre eux, effectué un ensemble de démarches qui allaient bien au-delà de la simple signature d’une promesse de vente (et parfois aussi au-delà de la légalité), des démarches qui s’avéraient nécessaires pour avoir connaissance des opportunités d’achat dans le quartier et trouver le bien, pour savoir ou supposer que c’était un « bon achat », pour imaginer les transformations à y faire et savoir qu’elles seraient possibles, pour entrer en relation avec le vendeur et négocier le prix, enfin pour en faire un logement techniquement et légalement habitable.