1. Le travail de production symbolique et esthétique

Les gentrifieurs montreuillois, quelle que soit leur époque d’arrivée, ont eu à mener un double travail de production symbolique et esthétique : d’une part, un travail de production de nouvelles images, de nouvelles représentations de l’espace résidentiel qui soient en accord avec leurs goûts et leurs désirs ; d’autre part, un travail d’ajustement de l’environnement à ces goûts et à ces désirs, par une esthétisation de l’espace domestique et une pratique sélective des espaces publics et semi-publics. Autrement dit, l’ajustement entre l’espace-objet et l’espace représenté ou désiré passait d’une part par un travail de conversion des représentations et des désirs, d’autre part par un travail de conversion de l’espace réellement pratiqué. Il participait en même temps à l’affirmation – et à la formation – d’un goût spécifique, lié à la fois à la proximité avec la culture légitime et à l’expérience de dépaysement social.