Conclusion générale

Nous souhaitons avoir réussi à montrer, au cours de ce travail, que la compréhension des phénomènes de gentrification ne va pas sans une connaissance fine des gentrifieurs et de la façon dont ils participent au changement urbain. Cela suppose, on l’a vu, de les considérer dans l’ensemble de leur existence sociale : les trajectoires familiale, professionnelle, sociale et résidentielle sont bien apparues comme intimement liées. Les enjeux de mobilité sociale, si importants à la compréhension des classes moyennes, nous semblent particulièrement cruciaux dans l’analyse de cette forme de changement urbain, comme la compréhension de l’enjeu de reproduction sociale au sein de la grande bourgeoisie est crucial pour saisir l’exceptionnelle permanence de ses territoires (Pinçon, Pinçon-Charlot, 2000). L’analyse d’une trentaine d’années de gentrification dans deux quartiers nous a en même temps permis de mettre en lumière certaines des recompositions ayant affecté les classes moyennes-supérieures, ainsi que nous les avons appelées, c'est-à-dire les franges supérieures des classes moyennes et inférieures des classes supérieures. Nous avons ainsi tenté de mettre en œuvre une conception de la sociologie urbaine défendue par Jean-Yves Authier (2001), et avant lui par Jean Remy (1998) et Yves Grafmeyer (1990), selon laquelle l’analyse des phénomènes urbains peut permettre d’éclairer d’autres domaines de la vie sociale. Essayons d’en dégager les principaux résultats et d’indiquer de quelle façon ils pourraient être utilement prolongés.