4.1.3. La statistique, une manière de renouer des liens entre théorie et pratique

Identifiée comme science, la statistique doit apporter la preuve de son efficacité à nous approcher de la vérité. Mais dans le domaine de l’éducation, sont-ce deux exigences compatibles ? La statistique doit être considérée comme support pour éclairer les décisions, non comme pouvoir absolu de décision. Elle permet à partir d’une expérience pratique, d’échafauder une explication, et donc par exemple, de vérifier au plus près la concordance de la conduite réfléchie de la classe et l’efficience des résultats obtenus. Un usage mal préparé, peut ainsi rapidement inviter l’enseignant, à traiter des variables qualitatives de façon quantitative, à ne pas remarquer la dépendance de deux variables, à ne pas savoir comment installer un vrai espace de prise de données etc. Par ce va-et-vient incessant, la statistique devient objet de formation intellectuelle en aidant l’étudiant, le professeur, le chercheur, à passer de l’aspect utilitaire à celui d’une formation à la démarche d’observation, de l’observation des faits à celui des relations entre ces faits, de l’analyse de l’entité à celle de ses parties observables (recombinées par la suite), de l’examen d’une situation statique à son interrogation en tant qu’unité dynamique. La statistique représente donc le premier passage réel pour l’élève entre travail projeté et travail produit, pour le maître entre théorisation de l’expérience et mise en pratique de la théorie. Au plan général, l’essor de la statistique et des probabilités assure un lien entre la théorie et la pratique. Il permet ainsi aux mathématiques de tenir une place grandissante dans la vie quotidienne. Depuis le congrès des mathématiciens à Paris en 1900 (sacrant la place théorique, solide et immarcescible des mathématiques), jusqu’aujourd’hui, la responsabilité des mathématiques à l’orée du XXlème siècle, s’est vue profondément marquée par son emprise sociale ; la statistique, comme d’autres actions, par la dialectique imposée entre conceptualisation et observation / expérimentation, contribue au rôle d’antidote nécessaire à la tentation scientiste. Il en est de même avec son ancrage dans la continuité de l’axe du temps.