Une partie de notre travail en DEA de Sciences de l’Éducation (COUTANSON, 2004), a porté sur cet objet de recherche. Nous n’exposerons ici, que la conclusion de cette étude. Nous avions alors résumé l’évolution récentes des programmes de mathématiques de l’école élémentaire en France par les tableaux suivants, retraçant la suite des programmes de 1985, 1995 et 2002 (ceux de 2008 n’étant pas encore édités) :
Les mathématiques se déclinent en : | Situation à traiter et démarche utilisée par l’élève | Entrée en situation de recherche | Présence faite à l’incertitude | Place à une démarche tenant compte de l’incertitude | Vers un usage attesté des outils de la statistique | |
1 9 8 5 |
- Arithmétique - Géométrie - Mesure de quelques grandeurs |
Oui Problèmes de la vie courante (confirmation plus appuyée) |
Oui référence explicite aux connaissances futures, imprévisibles |
Non la démarche se limite à réactualiser en direct, les connaissances |
Non, mais premiers tableaux incorporés dans la présentation des I.O. : le cadrage horaire par niveau |
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1 9 9 5 |
- Activités relevant du domaine scientifique et technologique - Activités promouvant une pensée rationnelle - Activités étayant la formation du citoyen |
Oui - Démarche expérimentale, logique, procédures mises en œuvre, méthodes de travail. - Une démarche de résolution de problèmes qui occupe une place centrale dans l'appropriation - Une dialectique mathématique outil / objet |
Oui (Cf. 1985) |
Non (Cf. 1985) |
Non, mais apparition d’un travail par objectifs, fait lister les compétences attendues des élèves ; or la liste est un choix de traitement, de présentation. C’est une logique de construction des tableaux statistiques. |
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2 0 0 2 |
Activités relevant : - de la vie de la classe, - de la vie courante, - de jeux, - d’autres domaines de connaissances. |
- traiter les informations (diverses représentations) - formaliser et communiquer démarche de résolution et résultat |
Oui (si l’on tient compte des domaines d’action attendus) |
Oui (si l’on tient compte des domaines d’action attendus) |
Oui Appel à l’apprentissage : - des tableaux, graphiques, schémas - des technologies de l’information et de la communication |
Et nous obtenions enfin sur une plus grande échelle :
Entrée en situation de recherche | Présence faite à l’incertitude | Place à une démarche tenant compte de l’incertitude | Vers un usage attesté des outils de la statistique | Place faite explicitement à l’apprentissage de la statistique | |
1882 | Non | Non | Non | Non | Non |
1923 | Non | Non | Non | Non | Non |
1938 | Oui | Non | Non | Non | Non |
1985 | Oui | Oui | Non | Oui (maître) Non (élève) |
Non |
1995 | Oui | Oui | Oui et Non | Oui (maître) Oui (élève) |
Non |
2002 | Oui | Oui | Oui | Oui | Non |
En définitive, les quatre colonnes de gauche montraient un investissement continu et progressif vers la statistique par le biais d’une entrée en situation de recherche, de la présence faite à l’incertitude, de la place accordée à une démarche tenant compte de l’incertitude.
De plus, à la lecture des programmes successifs, nous assistions à une évolution des mathématiques :
Mais le tableau précédent fit aussi apparaître une réponse négative à toutes les lignes de la dernière colonne ! Ce qui nous laissait exprimer que l’histoire des Instructions Officielles traduisait le paradoxe dans lequel était (et est toujours tenu), l’apprentissage de la statistique au cycle III de l’école primaire : implicitement, cet apprentissage n’a jamais été aussi grandement sollicité, avec la proximité du rapprochement de l’apprentissage et des outils de la statistique. Une posture de l’usager statisticien, à l’école élémentaire n’a jamais été aussi manifeste, sans que toutefois, ne soit explicité clairement la notification d’un apprentissage de la statistique !
C’est ce que nous pouvons constater à la lecture du chapitre des programmes de l’école élémentaire (2002), concernant notre recherche, intitulé : “Organisation et représentation de données” (Programme cycle 3 ; document d’application, pp.16 et 17) :
Organiser des données en choisissant un mode de présentation adapté : - tableaux en deux ou plusieurs colonnes, - tableaux à double entrée. [SVT, histoire-géographie] |
Les évaluations à l’entrée en classe de sixième montrent que, dans leur grande majorité, les élèves sont capables de lire les informations fournies par un tableau. Le travail doit donc être davantage centré sur la construction par les élèves de telles organisations : choix des entrées appropriées, présentation des données. Il s’agit d’un premier pas vers la capacité à recueillir des données et à les présenter sous forme de tableau. [ B2i] |
Lire et compléter une graduation, sur une demi-droite graduée, à l’aide d’entiers naturels, de décimaux ou de quotients (placement exact ou approché). [SVT, histoire-géographie] |
Ce travail, indispensable à la compréhension des représentations graphiques utilisant des axes gradués, présente un double intérêt. - D’une part, il permet un travail sur la proportionnalité, à partir des relations entre les distances entre deux points et les différences entre les abscisses de ces points. - D’autre part, il permet une meilleure compréhension de l’ordre sur les différents types de nombres envisagés. Il est en outre intimement lié aux questions relatives au placement approché des nombres et permet un travail sur les ordres de grandeur. |
Lire et interpréter des informations -à partir d’une représentation graphique (diagrammes en bâtons, diagrammes circulaires ou demi-circulaires, graphiques cartésiens). [SVT, histoire-géographie] |
Dans ce domaine également, un premier travail a été réalisé à l’école primaire. Les compétences visées vont de la simple lecture d’une information (qui revient, par exemple, sur un graphique, à la lecture des coordonnées) à la capacité à faire une interprétation globale et qualitative de la représentation étudiée (évolution d’une grandeur en fonction d’une autre). Certaines représentations peuvent être obtenues en utilisant un ordinateur. [ B2i] |
Retenons la place privilégiée accordée aux représentations à partir de tableaux ; notons par ailleurs celle qui est laissée à la représentation par une demi-droite graduée. De ce fait, nous devrons inventorier en partie 3, la place tenue par chaque représentation autre que les tableaux et graphiques.
Par la suite, en s’appuyant sur la recherche de Jean-François Bergeaut, intitulée Quoi de neuf dans les nouveaux programmes de mathématique de l’école élémentaire ? (BERGEAUT, 2003), nous avions procédé à une analyse littérale de l’ensemble des contenus des programmes, limitée à ceux de 2002 pour rendre la tâche accessible. Voici les remarques que nous avions alors pu tirer de cet examen :
Il en ressortait une place largement prioritaire laissée aux tableaux au cycle III ; ce qui se retrouvera lors de l’analyse des contenus des manuels de mathématiques du cycle III en partie 3 de ce mémoire. Nous avions ensuite analysé les effets cumulés au cours des cycles, par l’apparition de mots retenus par notre étude ; voici alors les résultats obtenus :
Cycle II | Cycle III | Cycles II et III cumulés | |
7è | Statistique | ||
6è | Diagramme et Statistique | Schéma | |
5è | Courbe, Schéma et Statistique | Diagramme | |
4è | Tableau et Schéma | Diagramme | Courbe |
3è | Courbe | Graphique | Données |
2è | Données | Données | Tableau |
1er | Graphique | Tableau | Graphique |
En conclusion, l’apport des programmes, du cycle II et cycle III cumulés, signifiait un objectif qui apparaissait comme prioritaire à atteindre pour marquer la fin de la scolarité primaire :
Nous montrions ensuite qu’il y avait peu d’interférence entre l’usage sémantique du mot graphique 10 et sa considération en tant qu’objet d’étude. Par contre, pour le mot tableau, la focalisation sur l’objet d’apprentissage était très nettement inscrite. La spécificité du cycle III, semblait se traduire enfin par un accroissement parallèle de la priorité accordée à la forme des outils utilisés, tableaux et graphiques, comme à leur contenu par les données qui les constituaient. En conclusion, si l’attente de l’enseignement des mathématiques évolue et appelle à une plus grande place accordée à la statistique, si les programmes de l’école élémentaire lui accordent également un espace grandissant bien que non formulé explicitement, vérifions par contre quelle est la réalité d’apprentissage des élèves et ceci par une analyse brève des manuels du lycée, collège et école.
Usage comme adjectif, ou constitutif des mots : cartographique, lexicographique, orthographique, etc.