3.1. Représentations des étudiants

3.1.1. Représentations des étudiants de Sciences de l’Éducation

Tout un chacun aurait pu croire que la mutation profonde que connaissait l’apprentissage de la statistique par l’avènement des calculatrices et des micro-ordinateurs, aurait modifié l’approche des calculs statistiques, longs et fastidieux. Et pourtant, les étudiants de Sciences de l’Éducation, pour la plupart déjà enseignants ou se profilant comme futurs enseignants, pour lesquels l’usage de la statistique nous semblait indispensable à tout travail de recherche, peinaient, butaient, et abordaient cette discipline souvent contraints et à contrecœur, référant en général cet apprentissage à leur propre histoire mathématique (COUTANSON, 1995). Leur représentation de la statistique était liée à leur passé scolaire, à l’organisation des études universitaires et à l’objectif qu’ils s’étaient fixé (ouverture d’esprit et meilleure accessibilité aux concours). Le problème n’était pas nouveau. Déjà Gaston Mialaret (MIALARET, PHAM, 1967, p. 2), remarquait dans ses écrits, que les étudiants émettaient la critique suivante : « Comment embrasser d’un coup toute la trajectoire mathématique : partir d’un point très bas pour arriver à un point très haut ? » La presque totalité des étudiants disait découvrir l’apprentissage de la statistique avec le cours universitaire, le subir plutôt que le prendre en charge, le trouver disproportionnellement compliqué en regard d’éventuels usages ultérieurs. La statistique semblait utile à tous en dehors de l’université, constat professionnel plutôt que personnel, avec la nuance à apporter d’une confiance moindre accordée par les étudiants issus d’une filière mathématique (ancien Bac C). En conclusion, nous évoquions la situation paradoxale suivante : d’un côté, le passage indispensable par une formation à la statistique, qui, selon la formulation de Gérard Fourez (FOUREZ, 1994, p. 6.), pourrait garantir une base solide à l’alphabétisation scientifique et technique, gage parmi d’autres « du maintien d’une démocratie efficace et réelle », et de l’autre, l’attitude plus que mesurée des étudiants à l’égard de cet apprentissage. Par contre, les étudiants reconnaissaient dans leur grande majorité que la statistique pouvait jouer un rôle propédeutique en réponse à l’échec en mathématique, et aider à prendre en charge l’avenir de “notre responsabilité d’être humain”.