Au collège Jean Dasté, nous soumettions les élèves à trois termes : sondage, échantillon et statistique. Nous relevions que le mot statistique suscitait une évocation nettement moins fréquente que les deux autres et que l’étude en fonction de l'âge des élèves donnait les figures suivantes :
Apparaissait une stabilité des réponses des élèves (en fonction de l’âge et du sexe), qui laissait écrire alors : « La meilleure considération apportée au mot “échantillon” traduit certainement la sensibilité grandissante envers “l'échantillon publicitaire”! » Soumis à différents items de prise de connaissance de ces termes, voici les réponses apportées par les élèves :
Ce qui nous permettait de conclure :
‘« Le mot échantillon a pour support, pour résonance spontanée les magazines et les magasins. Il évoque donc pour les élèves une image profondément et essentiellement médiatique. Statistique fait référence à livre scolaire et collège ; cette représentation demeure donc très scolaire. Quant à Sondage, il fait allusion à la télévision et dans une moindre mesure à collège. C'est donc un appel partagé aux domaines scolaire et médiatique. Comme on peut le constater, l'enseignement de la statistique ne pourra ignorer le support médiatique. Il devra également relier les espaces définis par les trois termes évoqués et harmoniser la confrontation des univers scolaires et extrascolaires. »’Continuons dans cette approche, avec l’expérimentation conduite dans la classe unique de Gumières. A l’intérieur de cette classe unique, où nous étions l’enseignant, nous voulions tout d’abord percevoir quelles réponses donneraient des élèves de cycle III mis en situation d’incertitude (Annexe 5.2). Aux trois situations proposées :
Voici un exemple représentatif des réponses apportées par les élèves (Figure ci-dessous et Annexe 5.2) :
Ils étaient tous convaincus qu’un équilibre des réponses interviendrait dans tous les cas ! Ils sous-entendaient que le hasard installerait à notre insu une logique plus lointaine de régularité. Après même plusieurs essais, contredits par l’expérience, ils reformulaient le plus souvent une anticipation identique d’équilibre des résultats ! Ensuite, lorsque nous leur avons demandé d’utiliser un arbre de choix comme outil de simulation, l’utilisation en fut brouillée par le rapprochement avec les arbres généalogiques, les erreurs de construction et aussi par des choix qui donnaient priorité aux solutions régulières ou symétriques. Par exemple, une famille de 4 enfants se construisait selon eux, par ordre de préférence :
Par contre la découverte d’une solution entraînait spontanément son symétrique.
Dans une phase suivante, nous voulions faire avec eux l’inventaire des supports graphiques de présentation de données au travers de revues mises à leur disposition. Très rapidement, ils listèrent et nommèrent à leur manière, différents modèles. Voici un exemple de réponses (Figure ci-dessous et Annexe 5.2) montrant que les élèves du cycle III établissaient une différence entre :
Les élèves semblaient pouvoir les utiliser seuls, mais, soumis à l’exigence de leur compréhension, ils maintenaient avant tout, ceux qui étaient construits à partir de données numériques18 . Les solutions gardées définitivement, mettaient en avant le tableau-bilan (habitude des exercices portant sur les factures), les arbres, les graphiques en bandes… et laissaient de côté les graphiques circulaires, demi-circulaires et rectangulaires. Nous percevions déjà là, une priorité scolaire qui marquait les réponses des élèves comme plus loin celles du maître ; priorité que nous retrouverons lors de la recherche de la partie 3 portant sur les choix des registres sémiotiques utilisés à l’intérieur des manuels de mathématiques du cycle III.
La phase n°4, de réinvestissement, devait faire prendre conscience aux élèves de deux éléments essentiels :
La phase suivante de complexification, montrait l’intérêt et l’efficacité qu’avait apportés ce travail. Nous ne relaterons ici qu’un seul exemple, celui qui demandait aux élèves d’anticiper leurs chances d’être interrogés par le maître en fonction de leur place respective dans la classe, face à lui, lors d’un regroupement (Annexe 5.3).
En conclusion, du côté des élèves, un travail devra être poursuivi pour redéfinir les notions statistiques utilisées, faire dépasser les faux à priori de régularité, équilibre, symétrie, qui imprègnent déjà les élèves de cet âge, élargir la gamme des représentations possibles et savoir choisir la plus adaptée, et enfin se positionner face à une situation statistique dont les données préexistent ou doivent être recueillies par l’élève au moyen d’une expérimentation ou d’une simulation. Passons maintenant à la deuxième phase de l’expérimentation au collège Jean Dasté.
Mais parfois des résultats combinaient nombre et graphique en bande !
Avec toutefois l’ambiguïté des représentations iconiques dont ils ne pouvaient souvent pas apprécier les dimensions géométriques.