1.5. Un cadre conceptuel proposé par Yves CHEVALLARD pour institutionnaliser l’enseignement de la statistique

Dans la première partie de cette étude, il nous a fallu faire le lien entre fait statistique avéré sur le plan sociétal et obligation de le prendre en charge sur le plan scolaire en tant que fait statistique scolaire incontournable. C’est par l’intermédiaire de Yves Chevallard (CHEVALLARD, 1992, p. 73), qu’il nous faut tenir compte de : « L’illusion représentationaliste [qui], pour le dire rapidement, nous pousse à regarder les théories ou modèles d’un système donné comme des représentations, ou des images, du système que l’on prétend par là théoriser ou modéliser. La métaphore culturelle de l’image constitue un véritable obstacle épistémologique ». Mais il précise immédiatement (p. 74) : « de tels critères de jugement - complétude et fidélité au réel étudié - sont en droit totalement illégitimes » et (p. 75), « Contrairement à ce que beaucoup pensent, j’affirme ici que toute activité scientifique (y compris en mathématiques) se constitue (en son langage) et se décrit (dans son métalangage) par l’usage de métaphores. » C’est ainsi que Yves Chevallard définit une anthropologie de la connaissance ou anthropologie cognitive qu’il appelle didactique de la connaissance ou encore didactique cognitive. Il rappelle que « Toute institution est à un certain degré, institution didactique. Ou, pour le dire autrement : toute éducation institutionnelle comporte une part plus ou moins grande d’instruction institutionnelle ». A la suite, Yves Chevallard insiste sur le fait que « si vous voulez “faire” de la didactique cognitive, vous serez régulièrement amenés à sortir de votre domaine pour aborder les problèmes d’anthropologie cognitive […] ». Il affirme également qu’il nous faudra aussi s’intéresser « à la réciproque de cette dernière assertion : car on ne peut pas davantage travailler en anthropologie cognitive sans affronter presque constamment des problèmes de didactique cognitive. » Si l’on prend référence sur ses travaux, la place que tient (et devrait tenir) actuellement la statistique au cycle III de l’école primaire, est le lien continué entre une Institution (l’école primaire), un objet de connaissance (qui devient objet d’enseignement), et le moment considéré. Comme nous avons pu le rappeler dans la première partie de cette étude, donner légitimité à un contenu et à une forme d’enseignement de la statistique, oblige donc à approfondir les liens qui existent entre objets d’enseignement, personnes, institutions (famille, société, école, noosphère), et les rapports qui les unissent et leur permettent d’évoluer ensemble et de perdurer. Ce travail d’explicitation d’un contenu statistique pour l’école primaire, devra nécessairement explorer ces liens pour formuler ce que nous avons appelé l’ébauche d’un Savoir Minimum Statistique. Autre ouverture à cette étude que nous aimerions continuer en se mettant à l’écoute des attentes des enseignants du secondaire et des projections de ceux du primaire.