Hypothèses

Notre travail se construit autour de plusieurs hypothèses modelant notre angle d’approche, guidant notre raisonnement et la recherche de réponses à nos nombreuses questions.

• Les médias engagent plus que leur identité dans la couverture d’un événement, notamment dans le cas de catastrophes. Ils traduisent aussi l’échelle d’implication d’un pays dans celui-ci. Ici, l’information sur le tsunami a un rôle plus que prépondérant dans l’élaboration des notions de prévention et de solidarité (qui prend diverses formes). Ainsi que dans le lien entre les deux.
• Les médias construisent un objet médiatique et politique, notamment en articulant le discours sur ce phénomène naturel à d’autres discours d’ordre politique. Cet événement climatique joue, selon nous, sur le déplacement des instances de proximité et d’éloignement, d’autant plus que le tsunami joue sur l’espace. Car en rendant la catastrophe familière pour le spectateur, en suscitant son émotion (par l’identification et l’empathie), le média contribue à réduire l’espace mondial. De fait, la question de la distanciation nous intéresse particulièrement, que ce soit dans l’information ou dans la fiction.
• Les médias proposent une mise en scène particulière : la représentation se fonde sur une sémiotique de la crise articulée autour de trois notions que sont la confusion, la violence et l’urgence. D’autre part, le traitement de la catastrophe définit une logique particulière de médiatisation qui se caractérise par une articulation entre une temporalité qui se définit par la dramatisation, une sublimation esthétique de l’événement et un espace de vie et de pouvoirs qui se définit par la dimension politique.
• L’écho de l’événement se mesure aussi dans l’élaboration d’un rapport entre le tsunami et d’autres catastrophes naturelles ou même d’autres catastrophes sociales (les guerres par exemple). On mesure alors toute l’amplitude politique qu’il fait ressortir : en Asie, le paysage est complètement remodelé, détruit. En France, l’importance de l’environnement est mise en valeur et les politiques environnementales par la même occasion. Il s’élabore une culture politique de l’environnement et à cet effet, la science est mise à contribution. Deux discours s’articulent alors : un discours politique sur l’environnement et un discours sur la menace et la crise.
• Le tsunami (correspondant au temps naturel) perturbe le temps social par son caractère urgent et inattendu. Il en impose les limites. Espace social et temps social sont en fait mis à l’épreuve. Il semble alors que les médias fassent appel à une culture, au passé, pour mieux décrire et comprendre le présent, donc la catastrophe.
• Les médias, en tant que médiateurs, créent l’espace public et donc politique puisqu’ils le représentent au quotidien et c’est au quotidien qu’ils nous permettent d’intégrer les informations. Cette représentation est alors un modèle unique pour tous et propose une vision commune de notre monde, de son fonctionnement, de ses acteurs. L’actualité telle qu’elle nous est offerte est le symbole même de ce lien. A partir de ce constat, à quel moment peut-on parler de voyeurisme dans la couverture médiatique et sa représentation des victimes ?
• Le rôle des médias, et de la télévision en particulier, dans notre société est d’une importance capitale et grandissante. Cette place structure leur fonction politique. Ils modèlent notre vision du monde de manière générale, et donc du tsunami, en lui conférant une esthétique et un sens particuliers. Ils « refont » l’événement dans le temps et dans l’espace. Ils occultent certains aspects, en font ressortir d’autres (que peut-on montrer ?). L’histoire du tsunami devient propre à TF1 qui le hiérarchise selon sa vision à partir d’un regard à la fois proche et éloigné. Puisqu’une catastrophe ne peut s’appréhender dans sa globalité à la fois pour le média et pour le spectateur, certains points sont volontairement ou involontairement oubliés. C’est donc lui qui instaure le débat au sein de l’espace public, cela se traduit notamment par un choix des images, d’un lexique, d’une esthétique.