2.3.3 La catastrophe en musique

La violence exprimée par la catastrophe est également présente en musique, où les notes, le chant et la mise en scène permettent à de nombreux opéras de représenter la catastrophe. Pierre Hartmann134 a proposé un article consacré à lareprésentation du climat dans l'œuvre du compositeur Joseph Haydn135. Vivaldi, aborde également le thème dans le concerto opus 8 numéro 5 intitulé « La tempesta di mare », ainsi que « Les quatre saisons »(éclairs et tonnerres du premier mouvement du Printemps, orage et grêle du dernier de l’été). D'autres compositeurs se sont inspirés du climat dans leurs compositions136, comme Jean-Philippe Rameau dans trois de ses œuvres, à commencer par « Dardanus » en 1739. L'acte IV comprend le passage d'une tempête. Le personnage Anténor chante alors : « Quel bruit, quelle tempête horrible. Les flots s'élèvent jusqu'aux cieux. Du tonnerre vengeur j'entends la voix terrible, La nuit d'un voile épais environne ces lieux »137. Vint-cinq ans plus tard, dans « Les Boréades », une autre tempête fait rage. Les éléments se déchaînent dans la scène 4 de l’acte III avec « orage, tonnerre et tremblement de terre »138 et les malheurs se poursuivent dans l’acte IV :

‘Alphise et Abaris : « Borée en fureur rassemble tous les vents
Dans ces climats. »
Chœur avec Alphise et Abaris : « Quels feux ! Quels terribles éclats !
L’air s’embrase. La terre tremble,
Elle s’écroule sous nos pas. »’

Enfin, dans l'une de ses plus célèbres créations créée en 1735, « Les Indes galantes », tempête, éruption volcanique et orages se succèdent.

La symphonie numéro 6 de Beethoven composée entre 1805 et 1806, intitulée « Symphonie Pastorale », se veut une représentation du monde naturel et aborde des thématiques en lien avec la nature et les phénomènes naturels. Le quatrième des cinq mouvements « Gewitter – Sturm » (tonnerre – orage) est une scène d'orage en pleine campagne. Dans l'un de ses drames, Richard Wagner, instaure une ambiance lourde. Le prélude de « La Walkyrie »139 voit, en effet, arriver un orage en pleine forêt. Dans le « Vaisseau fantôme »140, l’acte I met en scène un ouragan. L'acte I du « Otello »141 de Verdi, inspiré de l'œuvre de Shakespeare débute avec une tempête et un tonnerre monstres : la mer apparaît déchaînée.

« Ombres ! Foudres ! Flammes !
L’ouragan soulève les lames !
L’onde tremble ! Et l’air gronde !
La tempête abat l’écueil !
[…]
Impétueux, lamentables, tous les vents
Déchaînés, combattent implacables. »

A la fin de son « Rigoletto » (acte I, scène 7)142,un meurtre est couvert par le son fracassant d'un coup de tonnerre. La foudre et les orages diminuent après que Gilda ait été frappée à mort par Sparafucile.

Notes
134.

HARTMANN, « Du Sturm und Drang au classicisme : orages et tempêtes dans l'œuvre de Joseph Haydn », in Climats, orages, tempêtes. Violences de la nature et des passions dans l'histoire, la pensée, la littérature et les arts - XVIIe-XVIIIe siècles. Colloque international de Paris (18-21 janvier 2006)

135.

Haydn (terremoto final des Sept paroles du Christ; tempêtes hivernales dans Les saisons; dernier mouvement de la symphonie n° 8, Le Soir, intitulé Tempesta).

136.

C’est à la lecture d’un article paru en 2005 dans « L’Inouï » (n°1), revue de l’Institut de Recherche et Coordination acoustique/musique (IRCAM), que nous avons pu nous intéresser à ces quelques références musicales. http://inoui.ircam.fr/

137.

LECLERC DE LA BRUERE (1983), Acte IV.

138.

DE CAHUSAC (1982), p.44

139.

PARIS (2002), p.1072

140.

Ibid, p.781

141.

Ibid, pp.667-668

142.

Ibid, p.473