4.2.3 De l’intervention à la culture du risque

Assez rapidement, plus précisément le lendemain de la catastrophe, ce sujet relativement épineux est mis sur le devant de la scène : l’absence de système d’alerte dans l’une des régions les plus sismiques du globe alors que d’autres sont présents, dans l’océan Pacifique notamment. Cette question est une source potentielle de tensions politiques au sein des pays touchés et, par extension, au sein de ceux touchés indirectement, dans la mesure où une culture du risque plus développée aurait certainement pu sauver des vies.

‘« Les centres de prévention des vagues géantes appelées tsunamis existent depuis une quarantaine d'années. On les trouve exclusivement dans le Pacifique où plusieurs observatoires sont reliés à un système de coordination situé à Hawaï. Lorsqu'un séisme se produit, des capteurs disposés dans les fonds marins envoient des infos, ces données une fois traitées arrivent dans les centres d'alertes via un satellite. Un tel dispositif n'existe pas dans l'océan Indien. Mais hier l'enregistrement des ondes du séisme aurait pu parvenir aux pays touchés par les vagues géantes […] Un système d'alerte comme aux États-Unis ou au Japon aurait sans doute pu sauver des vies […] Au delà d'une mise en place de systèmes onéreux, une simple culture du risque devrait au moins pouvoir se développer dans tous les pays exposés. Tels sont les enseignements qu'il faudra tirer de cette catastrophe»246.’

Le tsunami est ainsi l'occasion de révéler une brèche dans la communication entre les états. Outre le fait que le tremblement de terre a eu lieu trop près des côtes pour autoriser un temps de réaction, les pays voisins ont failli à faire circuler l’alerte et l’information alors même que les moyens de communication sont aujourd’hui mondialisés et de plus en plus performants.

Trois notions sont à distinguer dans la représentation sociale que TF1 donne du tsunami :

Les risques sont donc plus ou moins « acceptables » pour une société donnée. Les termes «aléa » et « vulnérabilité » ne sont jamais (ou très peu) utilisés dans le discours de la chaîne mais ils sont évoqués implicitement, puisque TF1 précise, d'une part, que la zone de l'océan Indien est propice aux séismes et donc aux tsunamis, et d'autre part que la configuration des espaces et des habitations expose les habitants au danger. Lorsqu'aléa et vulnérabilité sont associés, on peut parler de risque. Minimiser le risque, c'est donc agir sur l'un ou l'autre, voire les deux. Le terme « risque » apparaît à 57 reprises dans notre corpus. Il est défini comme la « perception d’un danger possible, plus ou moins prévisible par un groupe social ou un individu qui y est exposé  »247. La plupart du temps, il est associé à un autre terme. Il existe une variété de types de risques : environnementaux, industriels, technologiques, économiques, géopolitiques, sociaux248. En l’occurrence, nous avons relevé quatre types d’associations : les risques sanitaires, épidémiques, les risques sismiques et les risques de survenue d’un nouveau tsunami (dans la même zone ou dans le reste du monde). Les risques évoquent donc avant tout la zone déjà frappée par le tsunami du 26 décembre 2004. La notion de risque est abordée dans le discours de TF1, en particulier concernant les côtes françaises. En effet, d'après la journaliste, « Un tsunami est possible sur les côtes françaises »249, c'est à dire que l'on n'est pas face à une peur imaginaire mais à une possibilité réelle. Cette notion de risque montre bien comment le symbolique (l’information, les représentations) articule le réel (la catastrophe qui rappelle le pouvoir d’une nature indépassable) et les limites du pouvoir de l’homme) et l’imaginaire (les peurs engendrées, l’imaginaire collectif). Le risque désigne le réel car il n’est pas totalement évitable et encore moins totalement prévisible. Le risque désigne également le symbolique (le discours des médias et le discours politique) qui vient articuler le réel à la peur imaginaire.

Notes
246.

Sujet n°15 de Carole VENUAT, diffusé le 27 décembre 2004.

247.

VEYRET (Yvette) (sous la direction de) (2003), p.16

248.

Ibid, pp.47-59

249.

Sujet diffusé le 17 février 2005.