La représentation spatiale du tsunami passe également par celle de ses acteurs qui ne cessent pas de se déplacer tout au long de la crise. Les mouvements de civils dès le passage de la catastrophe s'articulent selon plusieurs axes. Ils sont tout d'abord internes. Quel que soit le pays concerné, le discours de TF1 s'attache à présenter la fuite des personnes : vers l'intérieur des terres parce que les vagues les emportent, ou pour échapper à celles-ci, d'une ville à l'autre pour trouver la sécurité, du secours avec bien souvent un point de chute dans les grandes villes telles que Bangkok en Thaïlande : « toute la journée des camions comme celui-ci ont évacué des familles vers l'intérieur des terres »417.
Les mouvements se font également vers l'extérieur, toujours dans une volonté de quitter leslieux de la catastrophe, en majorité pour les touristes étrangers, avec un déplacement depuis les pays touchés vers le reste du monde. TF1 se focalise notamment sur les ressortissants français : « Mais à l'aéroport des centaines de touristes attendent une place dans un avion, peu leur importe la destination, pourvu qu'ils puissent quitter Phuket »418. Un autre type de déplacement est celui des personnes qui, en sens inverse, se rendent dans les pays frappés : hommes politiques, humanitaires, particuliers avec, toujours, un fort point de vue français.
‘« Le ministre français des affaires étrangères s'est rendu dans les zones sinistrées pour montrer la solidarité de Paris avec les populations touchées. Michel Barnier est arrivé au Sri Lanka avant d’aller demain en Thaïlande »419.Le premier axe de représentation par TF1 est donc celui d'un déplacement dans l'espace intérieur des pays sinistrés de la part des populations, qu'elles soient autochtones ou étrangères, parce que la vague les emporte : « J'ai été traîné sur environ deux kilomètres à l'intérieur des terres »422. Il faut également rappeler la force de l'eau, une puissance souvent associée au mouvement des flots qui « pénètrent » et viennent littéralement dévorer les terres :
‘« Sur ces côtes où se succèdent les villages de pêcheurs, rien n'a pu empêcher les flots qui pénètrent désormais à l'intérieur des terres »423.Il y a donc l’idée sous-jacente d’une opposition entre les terres (lieu de refuge) et la mer (source de la catastrophe).
Ce repli des populations vers l'intérieur des terres symbolise d'un autre côté l'idée de survie, et la présence de lieux où les civils pourront être en sécurité. Certains lieux de refuge sont d'ailleurs associés à leur localisation « à l'intérieur des terres » : « Ce temple bouddhiste, situé à huit kilomètres à l'intérieur des terres a été transformé en centre d'hébergement »426. Les mouvements se décrivent par un lexique similaire :
‘« Toute la journée des camions comme celui-ci ont évacué des familles vers l'intérieur des terres»427.Bien souvent, les déplacements s'effectuent donc en direction des grandes villes telles que Colombo ou Bangkok qui concentrent les institutions et incarnent le pouvoir politique : «Et pour le moment difficile de prévoir comment partir, l'aéroport reste bloqué, seule solution envisagée rapatrier les touristes sur Bangkok »430, « Les blessés plus légers sont arrivés ce soir à l'aéroport de Bangkok. Les ambassades font le nécessaire pour les réconforter […] »431. En parlant de « seule solution », le journaliste donne la mesure des difficultés liées à la catastrophe et souligne ainsi l'importance des grandes villes dans les moments de crise : «100 personnes auraient réussi à regagner Bangkok » 432 , « En Thaïlande, les rescapés sont rapatriés vers Bangkok »433, « Rodolphe quant à lui, doit mendier de l'argent pour réussir à rejoindre Bangkok et l'ambassade »434. Ici, Rodolphe, un touriste français en vacances sur l'île de Kho Phi Phi en Thaïlande, sait que sa survie tient à la possibilité de rejoindre la capitale thaïlandaise et l'ambassade de France.
Les déplacements sont également associés au processus d'évacuation des populations pour raison de sécurité. Il s'agit alors de quitter les villes ou certaines parties des villes :
‘« A Colombo la capitale certains quartiers les plus bas sont aussi sous les eaux une partie de la population a dû être évacuée»435.Zones côtières, centre-ville doivent ainsi être « évacués » en raison de la puissance du tsunami. Les mouvements se font partout (« Colombo, Nicobar »). Toute la région géographique concernée a ainsi été frappée de la même manière. Les populations sont complètement ballottées au sein de l'espace de la catastrophe et les pouvoirs doivent pouvoir maîtriser un espace aussi vaste.
Le second axe de représentation par TF1 est celui d'une mouvance vers l'extérieur dans le sens où les touristes étrangers cherchent à quitter le lieu de la catastrophe. Ils veulent fuir la zone de crise pour retrouver leur foyer, leur pays, synonyme de refuge. Cet impératif passe alors par l'utilisation d'un terme en particulier qui est celui de rapatriement :
‘« Tous les pays occidentaux ainsi que les tours opérateurs se mobilisent pour rapatrier les vacanciers»439.D'autres termes viennent compléter ce lexique ; ils sont liés au voyage comme « avion, partir, quitter, rentrer » :
‘« Mais à l'aéroport des centaines de touristes attendent une place dans un avion, peu leur importe la destination, pourvu qu'ils puissent quitter Phuket »442.à l'image, ce mouvement se caractérise par des unités de lieux comme les aéroports ou les avions. Il se traduit également par des scènes de retrouvailles.
Il faut noter que certains touristes ont plus de mal à quitter les lieux parce qu'ils veulent être solidaires ou parce que, psychologiquement, le retour est synonyme de prise de conscience d'une réalité parfois trop difficile à assumer. « Selon les psychologues, le plus difficile pour les français sera de rentrer chez eux, en laissant sur cette île le corps d'un de leurs proches, qu'ils ne récupèreront peut-être jamais »447.
Cette représentation est d'ailleurs assez révélatrice du clivage entre autochtones et touristes puisqu'elle dessine une géographie imaginaire qui transcende les frontières des pays touchés et qui brise l'image d'une véritable communauté mondiale. Elle révèle un espace qui est celui de vie des autochtones, un espace qu'ils tentent de maîtriser parce que c'est celui dont ils disposent. Eux, ne peuvent pas s'enfuir. Elle révèle également l'importance accordée aux touristes français en particulier et plus précisément un troisièmeaxe de construction par TF1 qui s'inscrit dans les mouvements dirigés vers les pays frappés. Cela implique notamment une géographie symbolique en rapport avec les pays occidentaux qui aident les victimes. La focalisation est alors plutôt française.
Ce troisième mouvement de civils s'opère donc depuis les pays apportant de l'aide, vers les zones sinistrées. Elle s'illustre à travers un discours centré sur les déplacements de personnalités politiques («Le ministre français des affaires étrangères Michel Barnier est parti en fin d'après-midi justement pour le Sri Lanka bord d'un avion transportant du fret humanitaire il se rendra ensuite en Thaïlande »), de membres de la sécurité civile ou de secouristes (« c'est également demain qu'un avion de la sécurité civile doit s'envoler pour Colombo avec à son bord des secouristes et de l'aide humanitaire » 448 , « Ce soir une première équipe de secouristes (on va peut-être avoir les images, voilà) a quitté...euh...Paris et l'aéroport d'Orly pour se rendre aux Maldives »)449, d'humanitaires («L'aide humanitaire commence à arriver » 450 , « L'aide humanitaire arrive. ..»)451, ou des rares civils venus sur place pour retrouver un proche (« Des français ont décidé de se rendre sur place ...»)452.
‘« La France doit envoyer demain un avion chargé d'aide humanitaire à Colombo»453.Le lexique employé s'oppose à celui qui a été analysé précédemment pour les mouvements de sortie des touristes. Nous retrouvons ainsi des termes tels que les verbes « arriver, envoyer, s'envoler, se rendre, convoyer, quitter, partir ». Autant de verbes qui illustrent le mouvement d'un point vers un autre et qui sont complétés par les prépositions « vers, pour », indicatives d'une orientation, d'une destination, d'un lieu.
La volonté de la France de s'impliquer dans la gestion de la crise, notamment parce que nombre de ressortissants sont présents sur les lieux, instaure un dernier mode de représentation spatiale de flux, celui des déplacements intra-muros, c'est à dire en France même : « Alors, partout en France, les familles essaient d'avoir des nouvelles par leurs propres moyens, certains, désemparés, se rendent directement dans une mairie ou au Quai d'Orsay »455.
Ces axes de représentations sont une manière de situer la catastrophe dans l'espace : sa dimension inouïe, ses multiples conséquences, la variété d'acteurs impliqués plus ou moins directement et ses enjeux.
Sujet n°3 de Cyril AUFFRET, diffusé le 27 décembre 2004.
Sujet n°4 de Mathilde PASINETTI, diffusé le 28 décembre 2004.
Brève du 28 décembre 2004.
Lancement du sujet n°4 de Catherine COMBES, diffusé le 26 décembre 2004.
Sujet n°18 de Laurent GIRAUDINEAU, diffusé le 27 janvier 2005.
Sujet n°8 de Mathieu BENOIST, diffusé le 28 décembre 2004.
Sujet n°1 de Nicolas ESCOULAN, diffusé le 26 décembre 2004.
Sujet n°1 de Michel IZARD, diffusé le 29 décembre 2004.
Sujet n°5 de Michel SCOTT, diffusé le 30 décembre 2004.
Sujet n°8 de Mathieu BENOIST, diffusé le 28 décembre 2004.
Sujet n°3 de Cyril AUFFRET, diffusé le 27 décembre 2004.
Duplex d'Anthony DUFOUR en direct de Phuket, diffusé le27 décembre 2004.
Interview d’un couple de touristes français. Sujet n°16 de Sylvie CENSI, diffusé le 30 décembre 2004.
Sujet n°3 de Florence LEENKNEGT, diffusé le 26 décembre 2004.
Sujet n°8 de Guillaume HENNETTE, diffusé le 27 décembre 2004.
Duplex d'Anthony DUFOUR en direct de Phuket, diffusé le 27 décembre 2004.
Sujet n°19 de Guillaume HENNETTE, diffusé le 28 décembre 2004.
Sujet n°13 de Sylvain ROLAND, diffusé le 31 décembre 2004.
Sujet n°2 d'Isabelle MARIE, diffusé le 26 décembre 2004.
Sujet n°4 de Christophe PALLEE, diffusé le 27 décembre 2004.
Sujet n°9 de Mathieu BENOIST, diffusé le 27 décembre 2004.
Sujet n°10 de Michèle FINES, diffusé le 30 décembre 2004.
Lancement du sujet n°1 de Nicolas ESCOULAN, diffusé le 26 décembre 2004.
Lancement et sujet n°5 de Rabah AIT-HAMADOUCHE, diffusé le 26 décembre 2004.
Lancement du sujet n°1 de Pierre GRANGE, diffusé le 27 décembre 2004.
Sujet n°4 de Mathilde PASINETTI, diffusé le 28 décembre 2004.
Sujet n°8 de Guillaume HENNETTE, diffusé le 27 décembre 2004.
Sujet n°22 de Fatima MEDOUNI, diffusé le 28 décembre 2004.
Sujet n°9 de Mathieu BENOIST, diffusé le 27 décembre 2004.
Sujet n°16 de Claire WAMBERGUE, diffusé le 30 décembre 2004.
Sujet n°8 de Corinne LALO, diffusé le 1er janvier 2005
Lancement du sujet n°5 de Rabah AIT-HAMADOUCHE, diffusé le 26 décembre 2004.
Sujet n°21 de Pierre-François LEMONNIER, diffusé le 26 décembre 2004.
Sujet n°6 d'Anthony DUFOUR, diffusé le 27 décembre 2004.
Sujet n°16 de Cyril AUFFRET, diffusé le 28 décembre 2004.
Sujet n°12 d'Anthony DUFOUR, diffusé le 30 décembre 2004.
Lancement du sujet n°1 de Nicolas ESCOULAN diffusé le 26 décembre 2004.
Duplex de Michèle FINES, diffusé le 26 décembre 2004.
Sujet n°18 de Sylvie CENSI, diffusé le 29 décembre 2004.