12.7 Visibilité de la scène politique

Les acteurs porteurs de l'autorité sont également très présents étant donné leur rôle primordial dans la maîtrise de la crise, qui est une épreuve pour le politique. Par visibilité des divers intervenants dans l’espace public, nous pensons aux discours, aux actions et à l’image que renvoient ces acteurs. Les identités se révèlent dans les moments de difficulté. Les hommes politiques locaux, internationaux ou français sont ainsi montrés. On remarque quependant leurs visites sur les lieux dévastés, les hommes politiques sont souvent habillés de façon moins protocolaire et montrés en pleine action sur le terrain. Dans une brève diffusée le 4 janvier 2005, les images (figures 117 et 118) montrent Colin Powell vêtu de façon décontractée lors d'une visite des pays touchés, puis il est habillé différemment au moment de l'évocation de la réunion tenue à Djakarta (figure 119). Cette différence de tenue observée sur le terrain, au contact des victimes, offre aux spectateurs l’image d’une proximité non seulement physique mais également affective de la part des représentants de l’autorité.

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Dans les premiers reportages, les acteurs politiques locaux sont peu présents à l’écran, peut-être parce que cette période correspond au moment de flottement au cours duquel le choc est encore retentissant. Mais rapidement, dès le cinquième sujet diffusé le 26 décembre 2004, les premiers membres de gouvernement se manifestent. En l'occurrence, il s'agit du premier ministre indien Manmohan Singh. Viendront plus tard les Présidents indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono⁶⁴² et sri lankaise, Chandrika Bandaranaike Kumaratunga⁶⁴³. Il est à noter que leurs interventions offrent une vision somme toute assez différente de celles des politiques français. Les cadres sont différents, les tenues, ainsi que les plans. De plus, les politiques français sont filmés par TF1 et s'adressent donc plutôt aux Français, alors que les images de politiques asiatiques sont issues de télévisions étrangères, ce qui est d'ailleurs précisé par un bandeau visible à l'écran. Cela instaure une certaine distance et indique que les propos sont destinés à un espace public local. La deuxième personnalité politique interviewée dans le corpus de TF1 est d'ailleurs française, il s'agit de Bertrand Cochery, du ministère des affaires étrangères. Cela est peu surprenant dans la mesure où la chaîne focalise très rapidement les inquiétudes sur la présence de nombreux Français sur les lieux du drame ainsi que sur l'action du gouvernement français. L’intervention de Cochery, précédée d’images de bénévoles au téléphone, est destinée à rassurer et à éviter la naissance d’un mouvement de panique et de confusion : « Pour les familles qui ont quelqu'un dans cette zone, d'abord, s'armer…euh…de patience. Ne pas céder à la panique…euh…si l'appel ne vient pas à l'heure que l'ont attendait. Encore une fois, dans ce genre de situation, les moyens de communication téléphoniques, satellitaires ne passent pas toujours aussi bien »⁶⁴⁴.George W. Bush, Président des États-Unis, lui, est présenté en plein discours mais on ne l'entend pas. Ses propos sont rapportés. Généralement, ce sont des actions qui sont mises en lumière : « George Bush a annoncé la création d'une coalition internationale de secours  »⁶⁴⁵. Quant à Colin Powell, son secrétaire d’Etat, ses discours ne sont pas retransmis non plus. Toutefois, ses déplacements sont évoqués (« J'ajoute que Colin Powell le secrétaire d'état américain doit se rendre en Thaïlande et puis en Indonésie avant de participer le 6 janvier prochain à une conférence internationale à Djakarta  »⁶⁴⁶) et sont parfois l’occasion de transmettre ses impressions sur la situation (« Colin Powell qui était dans la région dit n'avoir jamais rien vu de pareil dans sa vie »⁶⁴⁷). Cela est intéressant car ce sont en partie les discours qui, par leurs thèmes ou leurs rhétoriques, expriment l’identité politique. Les voyages de Colin Powell ou d’autres acteurs politiques les mettent en scène dans l’espace public. Pour les organisations internationales, seul Kofi Annan, alors secrétaire générale de l'ONU, est présent. Lui, est souvent filmé sur le terrain (figures 120 et 121) ou dans le cadre de réunions.

Figure 120

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Figure 121

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Ainsi, la plupart des réunions des gouvernements occidentaux sont tournées de nuit, comme le 26 décembre 2004 où l'on aperçoit le Quai D'Orsay, en France. Elles sont symboliques d'une action dans l'urgence, d'une volonté de décision et d'action rapides.