13.2.1 Les éléments religieux dans le discours de TF1
Plusieurs éléments de la représentation du tsunami par TF1 renvoient directement à des pratiques ou à des cultures religieuses :
- Les prières sont un premier aspect de cette construction. Elles font partie des cérémonies commémoratives mais sont également observées par les journalistes dans d'autres circonstances, dans d'autres moments du quotidien, et ce, à travers le monde entier. «Les prières également pour les victimes en Asie, au cours du rassemblement de la communauté de Taizé. 40 000 jeunes de toutes confessions, se sont retrouvés à Lisbonne pour ces rencontres annuelles […] 40 000, jeunes, catholiques, protestants, orthodoxes, sont réunis jusqu'au passage à l'an 2005 pour des discussions et des prières ». Lors de cette rencontre, une véritable réflexion semble amorcée par ces jeunes au sujet de la noirceur de l'homme : «Comment dans ce monde agité, miroir sombre que leur renvoient les adultes, trouver place quand on est jeune ? »715.
- Les cérémonies religieuses ou les lieux de la religion sont un second versant de la construction médiatique du fait religieux. Le 28 décembre 2004, par exemple, l’un des sujets évoque des funérailles faites dans l’urgence. L’on observe sur un premier plan une foule autour d’un cercueil que l’on met en terre, à côté d’une autre tombe. Tout un village s’est réuni pour enterrer un mort. Sur un second plan, des femmes pleurent de douleur (l’une en arrière-plan et l’autre en premier plan). La femme au premier plan est penchée en avant, contrairement aux autres personnes. Quelqu’un la retient par la taille pour l’empêcher de s’écrouler, probablement. Sa posture et son visage expriment son désarroi.
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Les lieux sacrés ou les funérailles sont donc des éléments clefs dans la représentation du tsunami. Certains de ces lieux sont célèbres, comme «Notre Dame de Velankanni. Haut lieu de pèlerinage chrétien. On dit que la vierge Marie serait apparue ici au XVI è siècle, avec l'enfant Jésus » 716. Cathédrales, églises, temples, mosquées sont présents en tant que lieux de culte ou de refuge : « Sur la plus grande place de la ville, la mosquée se dresse au milieu d'un champ de ruines »717, « Une messe était célébrée dans la seule église catholique de la ville en ce dimanche de l'épiphanie »718. Le 26 mars 2005, le journaliste explique que les bouddhistes au Sri Lanka, prient et méditent pour les âmes des morts et pour qu'un tsunami ne se reproduise plus. Un homme, prénommé Ranjan, raconte son histoire et dit que «après leur mort, ma femme et ma fille vont renaître. Je vais faire des offrandes, pour que leur nouvelle vie soit meilleure que celle-ci». La croyance en une réincarnation semble permettre à beaucoup de survivants de surmonter la douleur : «Mais pour les hindous la mort n'est pas la fin, l'âme se réincarne indéfiniment jusqu'à la délivrance »719. Par ailleurs, dans ce même reportage, le journaliste précise que les moines bouddhistes sont entourés, pendant les offrandes, d'un imam et d'un prêtre. « Comme un symbole, parce que le malheur a frappé en ignorant les barrières de la religion ». Le tsunami, en frappant indistinctement, semble avoir rassemblé les religions, au moins pour un temps. Le journaliste parle d’unité religieuse car dans cette région du monde, les tensions religieuses sont omniprésentes.
- Enfin, les figures de l'autorité religieuse, connues ou anonymes, font également partie de la représentation. Les images du Pape Jean-Paul II, de l'abbé Pierre ou de Sœur Emmanuelle sont présentes dans la couverture de l'événement. Dans une brève diffusée le 1er janvier 2005, les images montrent le pape priant pour les victimes. Dans d’autres images, ce sont des prêtres, des imams ou des moines qui se mêlent à la population.
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