Il y a une scientificité particulière dans le discours de TF1 dans la mesure où il repose sur une forme d’interdisciplinarité et a recours à d’autres discours scientifiques. Ainsi, par exemple, la sphère de la médecine et de la santé trouve une place aux côtés de la climatologie. Au delà de la simplification des termes employés dans leur discours, les journalistes et les scientifiques ont recours à des termes déjà inscrits dans l'espace public ; des termes ancrés dans les mémoires parce qu'ils ont été largement médiatisés auparavant. C'est le cas du sigle SRAS, évoqué par le journaliste Jean-Pierre Ferey dans un reportage diffusé le 26 décembre 2004. Celui-ci parle du sigle « SRAS » mais n’en donne pas la signification précise, à savoir « Syndrome Respiratoire Aigu Sévère » : « Séisme et raz de marée frappent ainsi une zone touristique en pleine croissance qui se remettait à peine de la crise provoquée par l'épidémie du SRAS en 2003 ». Il suppose donc que le sigle se suffit à lui-même parce qu'il a marqué les mémoires. C'est en effet la première maladie émergente773, donc nouvelle, du XXIème siècle. Le journaliste utilise toutefois deux références, l'une temporelle « 2003 » et l'autre concernant la nature du phénomène « épidémie », pour mieux recontextualiser l'événement. Cet épisode est par ailleurs utilisé afin de le mettre en lien avec le tsunami autour de leur point commun : la notion de risque, celle des épidémies.
Nous constatons d'ailleurs que le lexique employé n'est pas un lexique scientifique ou médical spécialisé, il est relativement compréhensible pour le spectateur. Par exemple, nous n'avons noté l'emploi du terme « subduction » que quatre fois dans notre corpus, alors qu'il fait partie de la famille de mots liés à la tectonique des plaques et qu'il est à l'origine de la présente catastrophe. Le terme apparaît pour la première fois le 30 décembre 2004, en fin de journal : « C'est le sud de la Grèce qui est le plus vulnérable, car là se trouve une zone de subduction, c'est à dire que la plaque africaine passe SOUS la plaque eurasienne »774. Son principe est précisé par une formule d'explication (« c'est à dire ») et par l'insistance sur la préposition «sous » qui décrit une position. Le 6 janvier 2005, soit onze jours après le tsunami, le même type de construction est utilisé dans la description du mouvement : « La région de Sumatra est une zone de subduction, c'est à dire qu'une plaque, passe sous l'autre »775. Nous retrouvons, en effet, la formule « c'est à dire », le verbe « passer » et la préposition « sous».
L'OMS définit les maladies émergentes comme des infections apparaissant pour la première fois dans la population ou pré- existantes mais dont l'incidence augmente notablement.
Sujet n°29 de Marie-Claude SLICK, diffusé le 30 décembre 2004.
Sujet n°4 de Marie-Claude SLICK, diffusé le 6 janvier 2005.