La représentation de gens en mouvement et, notamment, en situation de fuite, est omniprésente. Cette fuite manifeste une peur dont la dimension est, pour une grand part, psychique. Les gens s'enfuient plus ou moins rapidement, un peu dans tous les sens, à pied, en voiture ou à moto. Les images de vagues qui les « poursuivent » ou d'une menace que l'on ne voit pas en arrière plan, expriment de manière claire l'urgence et la panique ambiante. Les images de rues désertées et cette impression de vide figurent cette idée d'exode. Les individus sont comme poussés dans les rues ou sur les routes. L'intérieur et l'extérieur s'opposent. Tout, depuis l'expression du regard jusqu'aux gestes, exprime la peur. De plus, nous observons souvent le mouvement et le passage d'un instant d'innocence où rien ne laisse présager le pire, et celui ou les corps se mettent à bouger. C’est un moment où le spectateur sait que la catastrophe arrive et que beaucoup n'y survivront pas. La caméra est donc souvent en mouvement en ce sens qu'elle suit les personnes, de dos ou de côté.
Les visages sont captés au plus près par la caméra pour exprimer la palette des émotions éprouvées et permettre au spectateur de les interpréter. Certains sujets proposent des portraits où les acteurs sont présentés en détail comme si l'on entrait dans leur sphère intime. Leurs gestes, leur façon de se tenir, l'expression de leurs visages participent d'une esthétique de l'émotion où le psychisme est mis en avant. Les plans sont alors rapprochés et fixes, filmés en plongée pour mieux transmettre cette idée de petitesse face à la nature. La représentation de certaines personnes de très près, permet une forme d’individualisation de l’information et de l’événement grâce à laquelle le spectateur peut s’identifier à elles et éprouver de l’empathie. Telles une décharge électrique, ces images explosent souvent au visage du spectateur et dépeignent toute la violence que le tsunami a pu exercer sur cette communauté d'hommes. Dans un article sur l’affaire Dutroux, Isabelle Garcin-Marrou explique que certains éléments sont mobilisés pour susciter l’émotion. Parmi eux : « Ce sont des individus singuliers qui sont montrés au lecteur et qui lui font nouer une relation singulière à l’événement et à ses acteurs »795. Ce sont ces individus singuliers filmés au plus près, et exprimant leur peur, qui permettent au spectateur de s’identifier et de ressentir des sentiments d’empathie.
GARCIN-MARROU, « L’affaire Dutroux : de l’émotion à la mobilisation », Mots. Les langages du politique, n° 75, Émotion dans les médias, juillet 2004 [en ligne], mis en ligne le 22 avril 2008. URL : http://mots.revues.org/index3413.html .