L'articulation entre le passé, donc l'histoire, et le présent permet de donner un sens à l'événement et de l'inscrire dans une continuité tout en lui donnant du poids dans le flux historique. La mémoire, qui s’inscrit dans la distance, permet au spectateur d'intégrer les informations fournies par TF1. L’archive et la mémoire sont mobilisées presque immédiatement, ne serait-ce qu’à travers les mots, pour signifier le caractère spectaculaire de la catastrophe. Pour reprendre les termes de Bernard Lamizet, l’archive c’est la preuve, le témoignage, l’exemple. L’utiliser c’est donc l’interpréter. Le passé est utilisé en permanence de sorte que tout concorde, que tout s’explique. Or cette mémoire et ces archives sont un lien commun à tous les spectateurs. Quand on fait appel à elles, il y a de fortes chances pour que le bagage mémoriel de chacun contienne suffisamment d'informations pour qu'il puisse interpréter ce qu'il voit ou entend. Les références temporelles ont toute leur importance car elles donnent des points d’ancrage et la mesure du phénomène. On parle alors en siècles ou en décennies. On se réfère à des événements comparables ou à la représentation politique des pays concernés dans leur histoire ancienne ou récente :
‘« D’autres tsunamis avaient déjà fait de gros dégâts dans certaines zones du Pacifique et de l’Asie mais ce séisme est sans doute l’un des cinq plus forts depuis un siècle»827.’Ici, la référence à des événements antérieurs (les verbes sont conjugués au passé) permet d’apprécier le tsunami du 26 décembre 2004 (« depuis un siècle », le temps devient une médiation), tout en mettant en scène l’implication de TF1 qui a recherché des exemples du passé et qui s’applique à rendre l’événement intelligible. Cette comparaison renvoie à la notion d’interévénementialité que nous avons évoquée en première partie. Le recours à des photos d’événements antérieurs est une manière de singulariser le tsunami, qui lui, dispose d’images filmées de l’avant, du pendant et de l'après catastrophe.
Lancement du sujet n°7 par Claire CHAZAL, le 26 décembre 2004.