Nous avons évoqué l’importance de la catastrophe dans l’art et la littérature, en particulier à propos du thème de la tempête. Deux aspects liés sont utilisés dans le discours de TF1. Il s’agit tout d’abord du thème du naufrage847, traduit par les récits concernant des rescapés qui ont dérivé en mer pendant des jours :
‘« Cette indonésienne de 23 ans a dérivé pendant cinq jours sur l'océan Indien, accrochée à un palmier, elle a mangé les fruits de l'arbre pour survivre jusqu'à ce que ce bateau de pêche la trouve, à moitié dévêtue, et avec juste assez de forces pour crier au secours. A la dérive aussi sur leur bateau de pêche transformé en épave, ces quatre indonésiens ont survécu pendant neuf jours. Sans manger, n'ayant que de l'eau salée pour étancher leur soif. C'est un hélicoptère qui les a repérés»848.’Les récits se construisent autour d’une survie improbable (le verbe survivre est employé à chaque fois). Les rescapés manquaient d’eau et de nourriture, ils dérivaient sur des objets de fortune (« palmier, épave »). Une référence temporelle est toujours présente pour marquer le caractère inédit de ces mésaventures (« cinq jours, neuf jours ») dont l’issue ne tient qu’à la rencontre avec des sauveteurs (« bateau, hélicoptère »).
Le second thème, toujours lié à l’océan, est celui des « monstres marins ». Le journaliste Arnaud Lapeyre évoque les images que les sociétés associaient à la mer par le passé :
‘« Le spectacle de la mer démontée inspire toujours les même craintes et les même interrogations […] Mais pendant des siècles, seuls les récits des navigateurs et les peintures représentant des vagues colossales, attestaient de la réalité d'un phénomène, aux dimensions mythologiques. "On a attribué les grands mouvements de la mer effectivement à la présence d'un monstre marin qui respirait, dans les profondeurs, qui blottit dans les abysses…euh…animait la mer de mouvements, extrêmement violents et extrêmement importants par rapport la surface maritime"»849.’Si les représentations ont évolué avec l’amélioration de la connaissance des phénomènes physiques, les émotions provoquées par les catastrophes elles, ont peu changé. Il faut dire qu’aujourd’hui encore, certaines civilisations continuent de croire que les catastrophes ne sont pas des phénomènes purement physiques.
L’on peut penser par exemple au tableau de Géricault : Le radeau de la méduse (1819), inspiré par le naufrage réel du bateau la Méduse en 1816. 149 rescapés s’étaient entassés sur un radeau de fortune pendant 27 jours avant d’être retrouvés par l’Argus. Seules 15 personnes avaient survécu à la tragédie.
Sujet n°12 de Sylvie PINATEL diffusé le 4 janvier 2005.
Sujet n°15 d’Arnaud LAPEYRE, diffusé le 8 janvier 2005.