La production littéraire : le tsunami du 26 décembre 2004 comme point de départ

Toute une culture du tsunami s'est élaborée dans l'espace public dans le champ de la fiction, en particulier après la catastrophe du 26 décembre 2004. Au cours de nos recherches, nous avons remarqué la présence de plusieurs catégories. La première observation est celle d'une littérature foisonnante et diversifiée qui fait écho à la multiplicité des problématiques soulevées par la catastrophe. La violence du phénomène, la mort engendrée ont engagé de nombreuses personnes, dont l'activité principale n'est pas forcément l'écriture, à poser leurs réflexions sur le papier. On peut relever dans l'histoire quelques œuvres et analyser les voies empruntées par leurs auteurs. En effet, il nous importe de savoir si le tsunami a engendré une littérature d'ordre romanesque ou plus ancrée dans la réalité. Nous n’allons pas analyser, nous souhaitons simplement en faire un tour d’horizon pour révéler l’inscription du tsunami dans la culture et l’articulation entre l’information sur la réalité et l’élaboration d’une fiction mettant le tsunami en scène.

La première tendance est celle d'une littérature du témoignage avec des récits d'individus ayant vécu le tsunami :

  • « Tsunami, récit d'un rescapé » du belge Robert Dessard, paru en février 2005. Un récit de voyage au cœur de la tragédie sous l'angle d'un témoin européen.
  • « Tsunami...26 décembre 2004...9h58 » de Natacha Amal et Claude Rappe, paru en février 2005. L'actrice française et son époux, tous deux rescapés, livrent leur vision du drame.
  • « Tsunami, les rescapés témoignent » de Carole Caumont et Solenn de Royer, paru en mai 2005. Les journalistes présentent une série de témoignage de victimes ou d'acteurs de la catastrophe, français ou asiatiques.

La seconde tendance est celle de témoignages qui engagent une véritable analyse sur l'après- catastrophe, en mettant en scène une identification à des personnages et des situations comparables à ceux de la fiction :

  • « 26 décembre 2004. Tsunami, le jour où la mer a tué » de Thierry Velu, paru en octobre 2005. Sapeur-pompier dans le Pas-de-Calais et président de l'ONG GSCF (Groupe de Secours Catastrophe Français), témoigne de son expérience sur les lieux.
  • « Tsunami, la vérité humanitaire » de Richard Werly, paru en décembre 2005. Ce journaliste et ancien correspondant en Asie, aborde, un an après la catastrophe, le point épineux de l'après-catastrophe : de la reconstruction, de la confusion humanitaire et du manque d'implication dans un processus qui devrait être plus profond, le développement.
  • « Agir face aux crises. Katrina, grippe aviaire, tsunami... » de la fondation Jean Jaurès, paru en mars 2006. Ce livre ouvre une réflexion sur la gestion des crises par les pouvoirs politiques et les institutions internationales, alors que médias et opinion publique deviennent des sources de pression à l'action. Les crises doivent être appréhendées en amont comme en aval et c'est une épreuve pour le politique.
  • « Souvenir d'un tsunami humanitaire » de Christophe Charbon, paru en avril 2008. Cet agronome belge, fut consultant international, vice-coordinateur de la FAO à Aceh en Indonésie et coordinateur des projets agricoles dans les plus pays affectés. Il aborde la question de la gestion désordonnée du désastre, en raison de l'urgence et de l'émoi provoqués.

La dernière tendance est celle des romans où le tsunami sert de trame de fond à une histoire imaginaire. L'un de ces romans de fiction est celui de Richard Lewis, « Tsunami », paru en mai 2008. L'histoire d'un jeune indonésien, Ruslan et d'une jeune touriste américaine, Sarah, tous deux emportés, au propre comme au figuré, par les flots sur l'île de Sumatra en Indonésie. Ils se battent, en effet, pour sauver leurs proches et tenter de s'en sortir.

Le monde littéraire s’est largement imprégné du thème de la catastrophe et du tsunami en particulier, mais il n’est pas le seul. Le cinéma s’est révélé, lui aussi, très productif.