Depuis son apparition, le cinéma a largement contribué à la construction d'une culture propre aux catastrophes naturelles. Aujourd'hui, culture de l'information audiovisuelle et culture de la fiction cinématographique s'articulent complètement. L'historien Marc Ferro souligne combien la télévision et le cinéma sont à mettre sur un pied d'égalité lorsqu'il s'agit de les utiliser comme sources : « Les films de fiction se révèlent être une voie royale pour connaître les sociétés du XXe siècle »850. Le dictionnaire nous donne une définition de la fiction qui est la suivante : « création de l'imagination, ce qui est du domaine de l'imaginaire, de l'irréel ». A chaque époque, se construit une conception du monde qui soulève de nouvelles peurs, de nouvelles préoccupations, tout en en réactivant d'autres. Les fictions ne sont donc pas qu'une approche de l'irréalité dans le sens où elles expriment des interrogations très réelles par rapport à la vie.
De fait, la production cinématographique sur les catastrophes naturelles est particulièrement foisonnante. La conception de ce type de films connaît un tel succès qu'aujourd'hui, ils sont devenus un genre à part entière : on parle de films catastrophe. Le film catastrophe se focalise le plus souvent sur un événement dramatique et spectaculaire, tant dans son ampleur que dans ses conséquences, et sur les relations humaines. Certains personnages ou figures sont un élément commun à la plupart des fictions : les personnages identifiés comme innocents ou faibles (les enfants, les personnes âgées), les personnages qui n'ont peur de rien et surtout pas de la mort, les personnages dont la personnalité bascule du tout au tout, le scientifiques que personne n'écoute, l'homme de religion. Ce sont toujours des figures très fortes ou au contraire plus effacées. Le plus souvent, ce sont d'ailleurs les plus forts qui s'en sortent...
Si l'on s'en tient aux films relatant des catastrophes naturelles, nous pourrions citer, par exemple : « La Mousson » (en 1939 et 1955), « Tremblement de terre » (en 1974), « Le syndrome chinois » (en 1979), « Le jour de la fin du monde » (en 1980), « Twister (en 1996), « Le pic de Dante » (en 1997), « Volcano » (en 1997), « Deep impact » et « Armageddon » (en 1998), « Le jour d'après » et « Fusion » (en 2004), « 2012 » (en 2009).
Une première remarque serait de dire que le cinéma ou la télévision en France, ne font pas vraiment l'apologie des films catastrophes. C'est assez récemment que les chaînes de télévision ont commencé à proposer des « docu-fictions » ou des téléfilms dont le style est plus volontiers apparenté à des documents d'anticipation851.
Les bases de données cinématographiques sur internet nous ont permis de constater qu’il existe quelques documentaires sur le phénomène scientifique du tsunami en lui-même. Aujourd’hui, des films sont en rapport direct avec la tragédie de 2004 mais, globalement, force est de constater qu’on n’en parle que très peu. Nous avons recensé :
Fiction et information s’alimentent dans les deux sens tout au long de l’événement et c'est en cela que nous développons cette cinquième partie de notre travail. Il existe une véritable porosité entre ces deux sphères que nous souhaitons sonder afin de saisir quelle place occupe la fiction dans l’information et inversement. Un film peut être considéré comme une véritable source pour comprendre une époque. Les plus récents, par exemple, développent des thématiques liées à la peur, à la violence. La fiction permet de sublimer les peurs d’une société. Dans ces films, la notion de crise se conjugue à tous les temps, mais la différence fondamentale tient au degré de réalité véhiculé par les informations. Dans le processus de création, l'homme conserve la maîtrise des événements et peut leur conférer la tournure qu'il souhaite. Les films précèdent parfois les catastrophes (on envisage de nouveaux cas de figure) ou bien lui succèdent, ils se basent alors sur une expérience vécue et transcrivent le traumatisme causé. Analyser une fiction revient donc à étudier une mise en scène, une mise en discours : comment dépeint-on une catastrophe? Comment la montre t-on? Comment l'entend t-on? Si les membres d'une équipe de tournage n'ont pas vécu l'événement mais seulement vu à travers le prisme des médias, comment retranscrivent-ils une expérience aussi traumatique, une telle fracture ? Les images, les sons, les mots peuvent-ils exprimer autant de violence et d'horreur ?
FERRO (2003), p.43
Des documentaires tels que : « Paris 2011. La grande inondation » de Bruno Portier.