18.1 Présentation du téléfilm : synopsis et personnages

« Tsunami : les conséquences » est une fiction audiovisuelle dont le réalisateur est le britannique Bharat Nalluri (par ailleurs né en Inde) et la scénariste, britannique Abi Morgan (coproductrice du téléfilm). Coproduit par la BBC, HBO films et Kudos Film and Television, le téléfilm est divisé en deux parties, d’une durée d’1 heure 30 minutes chacune. Il est diffusé pour la première fois en France les 2 et 3 août 2007861 sur la chaîne privée Canal+.

Comme l’indique le sous-titre de l’affiche (« The story of those who survived » : « l'histoire de ceux qui ont survécu »), « Tsunami : les conséquences » présente le destin d’une série de personnages touchés par le tsunami qui ravagea les côtes de la Thaïlande le 26 décembre 2004. La temporalité est concentrée sur quelques jours, du 25 au 31 décembre 2004862. Parmi ces personnages l’on trouve :

  • Ian et Susie Carter 863, un jeune couple britannique, accompagné de leur fille de six ans, Martha. Au cours du passage du tsunami, Ian est seul avec sa fille. La mère, Susie est partie en mer faire de la plongée. Martha sera portée disparue après la catastrophe.
  • James et Kim Peabody 864, un second couple de britanniques, venus en vacances avec leurs deux fils adolescents, John et Adam. Kim et son fils Adam sont partie en mer faire de la plongée, aux côtés du personnage de Susie Carter. James et John vont être touchés par la catastrophe : le père meurt quelques heures plus tard et le fils est très gravement blessé.
  • Tony Whittaker 865, l’ambassadeur britannique à Bangkok. Il va devoir gérer la situation de crise, et le désespoir de ses compatriotes sur place.
  • Kathy Graham 866, une bénévole australienne. A la recherche des enfants de l’association pour laquelle elle travaille, elle se mobilise pour aider les survivants.
  • Ellen Webb, la représentante d’une chaîne d’hôtels internationale. Elle est chargée de faire le nécessaire pour aider les clients des hôtels.
  • Nick Fraser 867, un journaliste britannique installé à Bangkok et envoyé en reportage. D’abord avide d’images fortes et d’histoires à sensation, il va peu à peu mener une bataille pour mettre au jour les aspects négatifs de la catastrophe. Il va notamment chercher à révéler le fait qu’un scientifique avait prévu la catastrophe.
  • Chai, un photographe thaïlandais, collègue de Nick. Lui et son ami de longue date vont voir leur relation mise à mal lorsque leurs deux « cultures » vont se confronter.
  • Than, un jeune thaï, serveur dans un hôtel. Après avoir perdu sa famille, il se bat pour ne pas se faire dérober ses terres par des promoteurs véreux.
  • Le professeur Pravat Meeko, un sismologue thaïlandais. Quelques années avant le tsunami, il avait prévenu les autorités du risque mais ses alertes étaient restées sans réponse.

La plupart de ces personnages sont largement stéréotypés, comme dans la plupart des films-catastrophe d’ailleurs : ils ont des caractères différents et souvent très affirmés. Toutefois, ici, les femmes ne sont pas reléguées au second plan. Mais on ne peut avoir une approche purement manichéenne et classer ces personnages du côté des « bons » ou des « mauvais ». En effet, cette fiction met avant tout en avant la faiblesse de chacun en situation de catastrophe et la manière dont celle-ci influe sur le comportement. De ce point de vue, le téléfilm ne diffère pas des films catastrophes habituels :

‘« Dans des mondes insouciants et inconscients de ce qui les menace, le désastre se charge d’une dimension didactique, à destination des personnages et indirectement des spectateurs : la peur qu’il provoque est un passage obligé sur la voie d’une prise de conscience de la communauté et d’un réajustement de ses pratiques »868. ’

Les personnages sont, durant une grande partie du film, souvent associés en binômes, formés par des couples ou par des individus liés le temps de la crise. Généralement, il s’agit donc d’un binôme composé d’un homme et d’une femme. Ces associations sont intéressantes car elles permettent de confronter deux personnages à une situation, de mettre en perspective les réactions de chacun, en fonction du sexe, de la nationalité ou de la culture.

Cette fiction s’inspire largement des faits réels et plusieurs éléments de la mise en scène le soulignent. Dès le début du film, un message précise que «  cette fiction a été inspirée par des témoignages liés au tsunami survenu en décembre 2004 en Asie. Elle est fondée sur des interviews et des travaux de recherche ». De même, avant le générique de fin, plusieurs informations sur le tsunami réellement survenu sont données au spectateur, comme une forme de bilan qui renvoie à la réalité :

  • « Le nombre de victimes du tsunami du 26 décembre 2004 est estimé à 227 073 ».
  • « 173 300 corps ont été identifiés. Deux ans plus tard 50 773 personnes n’ont toujours pas été retrouvées ».
  • « Une estimation indique qu’un tiers des victimes étaient des enfants ».
  • « Un système d’alerte au tsunami est désormais en place dans l’océan Indien ».
  • « Des milliers de survivants s’efforcent encore de reconstruire leurs vies et leurs maisons. Cet effort se poursuivra pendant de nombreuses années à venir ».

Nous ne sommes plus dans un cas de figure où le film nous propose une vision de ce qui pourrait arriver à l’homme mais il s’agit de l’inverse : la réalité a rattrapé la fiction. Ici, c’est une part de réalité qui est mise en fiction, ces séries de chiffres et d’informations attestent de la réalité. Le parti pris est d’inscrire un fait réel en tant que fiction. Il semble que pour ce film, les références à la réalité aient une importance capitale, une consistance politique, comme si l’objectif ultime était de transmettre un message, d’apporter une critique, de conserver une mémoire, de s’insérer dans un contexte pour faire partie de l’histoire. Comme dans le discours de TF1, ces informations se focalisent sur des données chiffrées qui permettent d’évaluer la catastrophe. Elles s’orientent vers une dramatisation en indiquant la part importante des enfants parmi les victimes. Enfin, elle envisage la catastrophe sur le temps long en parlant de la reconstruction et de la notion d’alerte. Il s’agit donc bien d’une fiction puisque de nombreux éléments sont fictifs, mais une part de réalité est présente et c’est probablement cela qui confère une dimension dramatique au téléfilm.

Les personnages sont fictifs et à aucun moment il n’est fait référence à des personnalités réelles dans le téléfilm. Chacun représente une catégorie : les touristes, les médias, les organismes internationaux, les gouvernements, les scientifiques, les promoteurs. Il y a une interrogation sur le rôle moral et éthique des médias et des politiques. Une grande majorité des personnages est de nationalité anglaise, l’histoire est donc fortement axée sur les Britanniques869. Cela nous renvoie au caractère ethnocentrique de la représentation par TF1 qui se focalisait beaucoup sur des Français. Plus largement, cela rappelle que les médias opèrent toujours des choix qui offrent une visibilité médiatique à certains et moins à d’autres. Si l’histoire se passe dans une zone géographique asiatique, la Thaïlande, force est de constater que ce cadre ne sert que de prétexte à développer un récit autour d’une majorité de personnages britanniques. Le film pose des limites spatiales et culturelles. Il ne s’inscrit dans aucun contexte historique ou géopolitique. Pour autant, ce téléfilm a bien une signification politique et idéologique puisqu’il évoque l’empreinte laissée par la catastrophe, notamment à travers son traitement médiatique.

Notes
861.

Il sera rediffusé les 5 et 7 août 2007 sur Canal+. Au cours de l’été 2009 (les 13 et 20 août), la chaîne France 2 a également diffusé ce téléfilm.

862.

La fiction débute par une scène de jour et se termine sur une scène de nuit. Ce changement marque le passage d’une situation « normale » à une situation totalement différente. La catastrophe bouleverse complètement les vies et plonge les personnages dans la noirceur.

863.

Ian et Susie sont interprétés par Chiwetel EJIOFOR et Sophie OKONEDO.

864.

James et Kim sont interprétés par Owen TEALE et Gina MCKEE.

865.

Tony est interprété par Hugh BONNEVILLE.

866.

Kathy est interprétée par Toni COLLETTE.

867.

Nick est interprété par Tim ROTH.

868.

GUIDO (sous la dir. de) (2006), p.131

869.

Rappelons que le téléfilm est notamment produit par la BBC.