18.2 La représentation de l’espace

18.2.1 Un espace médiatiquement connu

Le téléfilm « Tsunami : les conséquences » fut tourné en Thaïlande, à Phuket et à Khao Lak870. Il s'inscrit dans un espace géographique non seulement réel mais surtout lié à la catastrophe, car ce fut l'un des pays les plus touchés. Le spectateur est donc plongé en «terrain médiatiquement connu », avec des références à des lieux connus ; des lieux dont TF1 a très souvent parlé. La Thaïlande étant présentée par TF1 comme une zone touristique majeure. Une forme de familiarité est déjà instaurée ici. Voici les lieux dans lesquels se déroule la fiction :

  • L’Oasis hotel à Khao Lak
  • Le village de Kaw Tai (à 1km et demi de l’oasis hotel)
  • La route de Khao Lak à Phuket
  • Le Park hotel de Phuket
  • Les pensions de famille à Phuket et Pan Lai
  • La mairie de Phuket
  • L’aéroport de Phuket (à 72km de Khao Lak)
  • L’hôpital de Phuket
  • Le temple de Kasen
  • Les cliniques de Phong Nga et de Takua Pa
  • L’ambassade britannique à Bangkok (à 790km de Khao Lak)
  • L’aéroport de Bangkok

Nous constatons que la plupart des lieux se situent à Khao Lak et Phuket, deux noms largement cités dans les reportages de TF1. Il s’agit de haut-lieux du tourisme et c’est d’ailleurs là que le groupe de touristes du film passe la majeure partie du temps. D’autre part, le lieu où habite l’un des personnages, autochtone, se situe dans un village dont le nom est peu connu « Kaw Tai ». Concernant les institutions (mairie, ambassade), elles sont situées dans de grandes villes, comme la capitale Bangkok. Enfin, parmi tous ces lieux, on retrouve le même type de lieux où se situaient les reportages de TF1 : les hôpitaux, les temples, les aéroports, les institutions, les hôtels et les routes. La représentation des espaces dans la fiction a de nombreuses significations, à la fois politiques, esthétiques ou encore philosophiques. Dans un entretien donné à la chaîne HBO, le réalisateur Bharat Nalluri souligne l’importance de revenir tourner en Thaïlande : « Je pense qu’il est très important dans un drame comme celui-ci d’aller à l’essence même de la vérité […] que ce soit dans l’écriture, que ce soit dans le cadre, ou que ce soit dans le jeu des acteurs, le but est d’essayer d’obtenir un moment de vérité  »871. Selon lui, le langage et l’espace sont essentiels dans une quête d’authenticité nécessaire à un drame. Contrairement à l’information qui représente le réel, le rôle de la fiction est probablement plus de représenter une situation réaliste. De fait, citer des noms de lieux et des indications géographiques précises (les distances) confère plus de crédibilité et définit « l’ampleur politique de l’événement »872. En ce sens, information et fiction se rejoignent puisque pour les médias, notamment pour TF1 nous l’avons vu, la mise en scène de l’événement passe par des localisations géographiques permanentes.

Notes
870.

Le film a provoqué une double polémique auprès de victimes dans la mesure où la période écoulée entre la survenue de la catastrophe fut très courte et parce que certaines scènes furent tournées sur les sites même où eurent lieu les tsunamis. D’autres se sont réjouies des effets économiques et psychologiques positifs.

871.

« I think it's very important in a drama like this to get to the essence of truth, and that's been the mantra for this piece really is whether it's in the writing or whether it's in the setting or whether it's in the acting is to try and get to a moment of truth ». http://www.hbo.com/films/tsunami/interviews/ (notre traduction). L’entretien n’est pas daté.

872.

LAMIZET (2006), p.177