3.2.2. Le langage du mythe

3.2.2.1. Un « réalisme réactif » : « Mon domicile s’appelle Ambivalencia »

[Un « réalisme réactif373 » : « Mon domicile s’appelle Ambivalencia374 »]

Comme nous l’avons dit un peu plus haut, Günter Kunert voit dans les mythes antiques et bibliques un réservoir d’analogies permettant de mettre en parallèle le monde antique et la RDA de la deuxième moitié du XXe siècle :

‘Ce n’est que bien plus tard, alors que je m’étais « établi » depuis longtemps comme écrivain, que les conditions de vie en RDA me firent penser, mais pas à moi seulement, à ces vieilles histoires, qui se révélèrent par hasard très porteuses au niveau des analogies. Je découvris leur caractère parabolique, qui s’accordait parfaitement avec celui de la poésie. Il se trouve que le poème aussi parlait en images des choses qui, si elles avaient été exprimées de manière directe et immédiate, n’auraient pas rendu justice à l’intention de l’auteur. À l’instar des mythes, les poèmes sont des transpositions admirables d’expérience, de vécu et de souffrance, de prise de conscience et de connaissance. Au sein d’une société répressive interdisant toute critique concrète, c’était encore le poème qui offrait le plus grand espace de liberté. Ce que l’on appelait à tort « langage des esclaves » n’était rien d’autre que le mode d’expression immanent au poème : la transformation de la réalité en une forme esthétique – comme c’était le cas pour les mythes, qui apparaissaient de ce fait comme aisément réutilisables en poésie. Il était alors facile d’établir des liens entre les deux époques et de revêtir le présent du manteau d’un passé lointain.375

Cette citation, que nous avions reproduite partiellement un peu plus haut, nous semble capitale à plus d’un titre pour comprendre les raisons qui ont poussé Günter Kunert non seulement à recourir aux mythes, mais aussi à en faire un des piliers de sa poétologie. On remarque dans un premier temps que l’analogie constitue le principe fondamental et fondateur de la poétologie kunertienne du mythe376. Kunert utilise ce terme à la fois dans son sens strict de rapport établi entre quatre éléments, comme on peut le voir dans le poème « Yannis Ritsos nicht zu vergessen » analysé précédemment, et dans le sens élargi de mise en parallèle de deux époques, deux événements, deux propriétés ou éléments, sens qui regroupe alors les figures de style que sont la métaphore, la comparaison et l’association d’idées. Cette observation, que vient renforcer le constat de l’importance de la transdiégétisation, souligne que la poésie de Kunert est avant tout résolument tournée vers le présent, vers l’actualité la plus immédiate, et que son propos n’est pas de dépeindre la culture ni la société antique, même s’il peut effectivement tenir un discours teinté de nostalgie sur la disparition des mythes, mais de prendre position par rapport à la réalité qui l’entoure. Ainsi écrit-il que la « confrontation avec le monde et toutes ses implications, voilà la tâche du poète377 ».

La citation souligne dans un deuxième temps la proximité de nature entre les mythes et les poèmes, deux types de discours divergents dans leur forme, prose narrative pour l’un, poésie pour l’autre, mais qui se rejoignent dans leur mode d’expression métaphorique, indirect. Ce langage indirect laisse sans aucun doute une plus grande liberté de manœuvre à l’artiste évoluant dans un système autoritaire : le jeu sur la réinterprétation du mythe et sur la polysémie du langage poétique permet l’épanouissement de la liberté créatrice, le contournement de normes stériles imposées par le haut et, par voie de conséquence, l’expression d’une parole quasi libre. On pourrait émettre l’objection que les œuvres en prose peuvent elles aussi endosser une fonction subversive et qu’elles véhiculent de la même façon expérience, vécu et connaissance. Ce que Günter Kunert souhaite mettre en valeur dans ces quelques lignes, c’est l’extraordinaire densité de l’image poétique ou du mythème. Tous deux fonctionnent sur le principe a-rationnel d’une expression admettant la validité et la valeur de l’incohérence, du paradoxe, de l’oxymore. Cette caractéristique semble étrangère aux genres de la prose car elle est contraire au principe de la progression dramatique, fondée sur la nécessité de la relation causale, de la succession logique d’une conséquence à une cause ; à l’exception bien sûr de quelques œuvres en prose surréalistes qui n’ont eu de facto aucune descendance littéraire378. C’est dans cette densité métaphorique, permettant de fusionner les contraires, que réside sans aucun doute la raison de l’attraction fondamentale qu’exercent sur Günter Kunert le genre poétique et les mythes. À propos de son activité poétique, il déclare :

‘Ce que j’ai pu écrire d’autre [nouvelles, essais, articles, satires, pièces radiophoniques ; C. F.] tourne autour de ce noyau [poétique ; C. F.], forme autour de lui des cercles plus ou moins éloignés, même si l’intention à l’origine du poème se laisse observer également dans plus d’une œuvre en prose.379

Remarquons ensuite qu’il propose une définition élargie de la notion de « langage des esclaves », qui ne signifie plus seulement l’encodage d’un texte à visée subversive, mais renvoie à la polysémie inhérente au langage poétique, à la pluralité de sens du mot poétique. Le poète s’attache à souligner l’ambiguïté fondamentale du langage poétique, irréductible à une seule fonction critique sous peine d’être stérile : il s’agit de se positionner face au monde et non contre le monde. Il s’agit de prendre comme point de départ la réalité (« la transformation de la réalité »), de travailler cette matière réelle sans la figer dans une interprétation monosémique, la « forme esthétique » étant nécessairement non idéologique, antidoxique selon Kunert. À ce titre, il s’inscrit en faux contre la position de Volker Braun, qui condamne le procédé du langage des esclaves comme moyen simpliste et galvaudé de critiquer les conditions politiques et sociales régnant en RDA par la transposition à l’époque antique ; transposition illégitime puisque les deux époques ne présentent aucun point commun. Braun laisse clairement entendre que les auteurs ayant recours à l’encodage font preuve de lâcheté en se cachant derrière l’ambiguïté du langage et en réutilisant une matière séculaire sans la transformer, sans la malmener. Kunert affirme au contraire que le langage poétique n’est pas rendu ambigu dans le but de servir la critique, mais qu’il l’est intrinsèquement, et que cette polysémie ne travestit pas la réalité des choses, mais au contraire la révèle dans sa complexité. La transformation de la réalité en une forme esthétique qu’il défend n’est pas une trahison, comme le reproche Braun, mais un dévoilement. Au langage officiel, monosémique car déterminé par une idéologie, qui est censé dire La vérité, Kunert oppose la polysémie du langage indirect, seul à pouvoir véhiculer « la vérité », c’est-à-dire l’insaisissabilité essentielle de la vérité, son caractère changeant et relatif.

‘Naturellement, le langage du poème, ce langage de vérité pour le formuler avec une pointe de pathos, devient de plus en plus incompréhensible, fait que l’on ne saurait lui reprocher et qui repose bien plus sur l’absence de volonté de comprendre.380
Au moment où l’on croit posséder une vérité, elle n’en est déjà plus une. Car, à l’instar des créatures de la nature, les vérités ne peuvent être attrapées et enchaînées sans subir par la suite une transformation complète.381

Peut-on aller jusqu’à qualifier Kunert d’écrivain réaliste étant donné la transformation qu’il fait subir au réel, notamment à travers l’introduction d’éléments mythologiques ? La question est complexe, d’autant plus que la notion de réalisme nous paraît souvent un fourre-tout conceptuel aux limites très floues. Ce qui nous semble certain, c’est qu’il livre à travers ses poèmes une réflexion sur les rouages politiques et surtout sociaux de son époque. Si le réalisme signifie la reproduction la plus fidèle possible de la réalité, Kunert ne peut être appelé réaliste. Mais nous pensons, à l’instar de Marie-Hélène Quéval, que le réalisme commence dès qu’il y a une prise de position face au réel (et non contre le réel, ce qui caractériserait plutôt la littérature utopique ou idéologique, qui prend pour référence la réalité, mais dans le but de l’abolir) :

‘[…] Kunert soutient une thèse qui peut sembler plus paradoxale encore : le réalisme se garde bien de « reproduire » la réalité. […] Être réaliste, cela signifie, à ses yeux, tout simplement se confronter à la réalité. Le réalisme est une manière d’être ; il n’est pas descriptif mais réactif.382

L’expression d’un réalisme « réactif » nous paraît correspondre tout à fait à la poétologie kunertienne, le poète ayant souvent recours à la métaphore du séismographe pour rendre compte de son activité. Il s’agit de réagir face aux phénomènes politiques, sociaux, artistiques de son époque et, à partir de Stilleben, face aux événements anodins du quotidien, puis de les transformer en une matière autre, poétique qui, grâce à la distanciation prise avec le réel, va pouvoir dévoiler une parcelle de vérité. Ainsi, l’intention de vérité du texte poétique est-elle légitimée par l’exigence de référentialité qui le fonde. À ses détracteurs qui le taxent de pessimisme pathologique, il répond que son discours sur l’approche de la fin des temps ne relève pas du fantasme, mais de l’observation des faits, de la prise de conscience des maux que sont les catastrophes écologiques, le surpeuplement, la course à l’armement383.

La référentialité à l’œuvre dans le texte poétique se manifeste à travers une appréhension empirique du réel qui s’attache à observer l’infiniment petit (comme les fourmis, les insectes, les vers dans le bois…) ainsi que l’infiniment éloigné (c’est-à-dire les planètes, le passé) avant d’en tirer des conclusions existentielles. Exprimé de cette façon, on pourrait penser que sa poétologie est profondément expérimentale. Cela est vrai en partie, mais l’empirisme analytique n’exclut en aucun cas la saisie intuitive du réel : la subjectivité du je poétique, sa conscience et son inconscient si l’on veut, fusionne avec le regard scrutateur de l’observateur - témoin384. D’où l’importance et la récurrence de motifs tels que la longue-vue, le microscope, l’appareil photographique traduisant ce double regard d’examinateur et de sujet sensible.

‘Durchblick II

Im Fernrohr erscheinen fern
brennende Städte:
Feuer erlöschen Ruinen bleiben

Wer sonst trüge die Schuld
wenn nicht Prometheus
Unsere Streichholzschachtel
festverschlossen so haben wir
sie immer gehalten und können
jederzeit die Hölzchen
vollzählig vorweisen
zu unserer Entlastung. 385

Les premiers vers de ce poème issu du recueil Abtötungsverfahren illustrent assez bien la technique du double regard posé sur le monde à travers un instrument permettant la concentration de la vision. En effet, les villes en flammes aperçues à travers la longue-vue renvoient d’une part à des faits établis (villes allemandes bombardées lors de la Seconde Guerre mondiale) et sont d’autre part l’expression de la subjectivité du je poétique, en l’occurrence d’un je parlant au nom de l’espèce humaine, à travers l’inversion de la métaphore du feu prométhéen. Le mythème de la possession du feu qui symbolise traditionnellement le progrès technique devient dans le texte symbole de mort, témoignant de la fureur de destruction d’une humanité irresponsable. Kunert souligne que le tragique de notre existence réside dans la condamnation à toujours revivre le même cycle infernal de violences, puisque nous refusons de nous placer face à nos responsabilités. La deuxième strophe du poème se réfère au Prométhée enchaîné d’Eschyle qui développe l’idée que le savoir existentiel et le don de prophétie nous ont été dérobés par Prométhée en échange du don du feu. Le poète est-allemand approfondit la réinterprétation du mythe prométhéen dans ses Verspätete Monologe 386.D’où que l’on regarde, l’homme est voué à la perte : s’il pouvait voir l’avenir, il ne pourrait échapper à la fatalité de la répétition qu’en s’autodétruisant. Et comme il ne le voit pas, il poursuit aveuglément son œuvre d’anéantissement, s’attaquant à toute forme de vie à l’aide de la technique. Cette métaphore prométhéenne indique que l’homme est en train de perdre la conscience qu’il a de lui-même en tant que sujet historique. Il contemple l’Histoire comme une succession de faits objectifs, distanciés, inconscient du fait qu’il participe à sa construction-destruction jour après jour et que sa vie est directement influencée par le passé, qu’il conçoit à tort comme une suite d’actions impersonnelles.

Dans nombre de poèmes kunertiens387, le je poétique prend la posture d’un observateur qui domine ce qu’il contemple. Sa vision, à l’instar de celle de l’entomologiste ou de l’astronome, se trouve décuplée : du témoin au prophète, le pas est vite franchi388. Le regard grossissant, englobant a pour fonction de dévoiler le futur à travers l’appréhension de l’étant, faisant du poème le refuge de la vérité dernière que personne ne veut entendre. La prise de hauteur ou le rapprochement d’avec l’objet étudié ne sont pas nécessairement d’ordre spatial, ils peuvent également être traduits par des métaphores temporelles exprimant l’idée de l’élasticité du temps. Ainsi, dans son étude du poème « Geschichte », Isabelle Durand-Henriot fait remarquer avec raison que l’accumulation de références mythologiques hétéroclites à Sisyphe, Polyphème et Damoclès sert à démontrer le brouillage de l’espace-temps dans lequel se débat le citoyen de RDA auquel la révolution socialiste a promis un avenir radieux389. À cette occasion, elle établit un parallèle intéressant entre la prise de distance du sujet et la volonté d’affirmer l’autonomie de la parole poétique :

‘Toutes les perceptions semblent se recouvrir et se fondre en un même instant de conscience. De cette fusion naît un point de vue supérieur qui intègre les dysfonctionnements spatio-temporels et accroît la part d’autonomie purement poétique. […] Les références citées ne racontent pas ; elles mettent en perspective. Les regrouper est un moyen d’élargir le champ de la critique et d’opposer à une aliénation quotidienne l’autonomie croissante de la parole.390

Les références intertextuelles désordonnées soulignent à la fois le brouillard temporel, qui renvoie à un brouillage idéologique, dans lequel le je poétique se débat et la tentative de dépasser ce chaos en se raccrochant à des repères culturels réputés inamovibles. Mais ces derniers sont eux-mêmes marqués du sceau de l’instabilité et de la négativité par la réinterprétation qu’en donne Kunert, comme nous le montre l’extrait suivant du poème « Geschichte » que nous avions analysé d’un point de vue formel :

‘Die Revolution wo finden wir sie und wieder.
Unterm tückischen Marmor liegt siebenmal siebenfach
Sisyphos verdammt und unaufweckbar. [...]

Aber wahr ist das Ungeheuerliche: Polyphem
Vorgeblich überlistet noch furchtbarer in Blindheit
Indem seine Höhle sich hinstreckt ins Dunkel
Der Zukunft und dort ist kein Zugang zu sehen.

Sie ist über den Völkern.
An einem Faden.
Ein damokleischer Schatten: Deutschland
Unaufhörliche Wolke zwiefach zwieträchtiger Form. 391

Seule résiste l’intertextualité dans son rôle de passerelle entre le texte et le réel, c’est-à-dire entre le je poétique et le lecteur à travers le recours à l’imaginaire commun que représente le monde de la mythologie. Mais, outre le fait que ces références mythologiques ne sont pas évidentes pour tout un chacun, leur bouleversement produit un désarçonnement du lecteur renvoyé par le caractère spéculaire du texte au désordre de l’Histoire et de son histoire. Ainsi, l’hypotaxe des références intertextuelles sert-elle le propos du texte, qui est de stigmatiser la rupture amenée par la révolution socialiste : rupture entre les deux Allemagne (cf. l’image finale du double nuage), rupture entre la culture et la civilisation, à travers l’idée que la révolution détruit les mythes antiques et bibliques (cf. l’image de Sisyphe enterré sous le marbre), enfin rupture entre les êtres humains dans la mesure où leur socle culturel commun, mythologique, ne repose plus que sur une harmonie de façade et s’effrite sous le poids des manipulations idéologiques. Pour parler en termes kristéviens, les mythes dévoilent la nature manipulatrice d’un thétique arbitraire, dont les lois ne reposent pas sur la volonté d’amener l’homme à un état d’épanouissement, mais puisent dans des pulsions sémiotiques régressives destructrices. Nous verrons que Sarah Kirsch et surtout Uwe Kolbe développent des positions très proches sur le sujet.

Dans ce cadre, reste effectivement la parole du je poétique faisant face aux idéologies trompeuses. Ce je ne se laisse nullement embrigader, clamant fièrement sa lucidité. C’est ainsi que l’on peut également interpréter le jeu avec les références intertextuelles comme une affirmation de sa toute-puissance fantasmée, nécessaire dans un contexte hyper-répressif. Le je poétique s’engage avant tout dans une lutte contre la monosémie du langage, fût-il idéologique ou bien mythologique. Se pose alors la question du statut de vérité que Kunert semble conférer à la parole poétique.

Notes
373.

Expression proposée par Marie-Hélène Quéval dans son article « Sisyphe et Orphée ou la réception de l’Antiquité dans l’œuvre de Günter Kunert », in : Lectures d’une œuvre : Günter Kunert, Paris, Édition du Temps, 2000, p. 31.

374.

Günter Kunert, Die Botschaft des Hotelzimmers an den Gast: Aufzeichnungen, München, Wien, Hanser Verlag, 2004, p. 13 : « Mein Wohnort heißt Ambivalencia. »

375.

Günter Kunert, « Von der Antike eingeholt », in : Mythen in nachmythischer Zeit, op. cit., p. 227. « Erst sehr viel später, da ich mich längst als Schriftsteller ‘etabliert’ hatte, brachten mich, aber nicht allein mich, die DDR-Verhältnisse auf die besagten alten Geschichten, welche sich unversehens als analogieträchtig erwiesen. Ich entdeckte den Gleichnischarakter, welcher zu dem der Lyrik wie naturgegeben passte. Auch das Gedicht sprach ja in Bildern von dem, was, direkt und unmittelbar auszudrücken, der Intention nicht gerecht geworden wäre. Wie die Mythen sind Gedichte kunstvolle Übersetzungen von Erfahrungen, von Erlebtem und Erlittenem, von Einsicht und Erkenntnis. Innerhalb eines repressiven Gesellschaftssystems, das jede konkrete Kritik untersagte, bot das Gedicht noch den größten Freiraum. Was Sklavensprache genannt wurde, war die Verkennung der dem Gedicht eingeborenen Sprechweise: die Transformation von Realität in eine ästhetische Form – ähnlich den Mythen, die sich darum für die Dichtung als gut verwertbar zeigten. Die Verbindung ließ sich leicht herstellen und die Gegenwart in den Mantel der fernen Vergangenheit hüllen. »

376.

Nous avons montré le mécanisme de l’analogie dans la partie 3.1.4.2. du présent chapitre.

377.

Günter Kunert, préface, in : Lectures d’une œuvre : Günter Kunert, op. cit., p. 11.

378.

Il ne s’agit pas de prononcer un jugement négatif envers ce type d’œuvres en prose mais de constater que celles qui appliquent jusqu’au bout le principe de l’a-rationalité (ce qui est par ailleurs quasiment impossible en prose) demeurent stériles en-dehors de la durée du mouvement artistique auquel elles se rattachent.

379.

Günter Kunert in : Lectures d’une oeuvre, op. cit., p. 12. « Was ich ansonsten geschrieben habe, gruppiert sich um diesen Kern, bildet um ihn nähere oder entferntere Kreise, wobei sich die das Gedicht schaffende Intention auch in manch anderen Prosastücken bemerkbar macht. »

380.

Günter Kunert, Die letzten Indianer Europas, op. cit., p. 19-20. « Freilich wird die Sprache des Gedichts, diese Sprache der Wahrheit, um es mit einem Anflug von Pathos zu formulieren, immer unverständlicher, was nun keineswegs ihr eigenes Verschulden ist, sondern an der fehlenden Verständnisbereitschaft liegt. »

381.

Günter Kunert, Die Botschaft des Hotelzimmers an den Gast, op. cit., p. 28. « In dem Moment, da man einer Wahrheit habhaft geworden zu sein glaubt, ist sie schon keine mehr. Denn Wahrheiten sind so wenig einzufangen und an Ketten zu legen wie Geschöpfe der Natur, ohne daß sie sich danach gänzlich verändern. »

382.

Marie-Hélène Quéval, op. cit., p. 31.

383.

Günter Kunert, Die letzten Indianer Europas, p. 277 et Hartmut Steinecke, Gewandelte Wirklichkeit - verändertes Schreiben? Zur neuesten deutschen Literatur: Gespräche, Werke, Porträts, Oldenburg, Igel Verlag, 1999, p. 37.

384.

Marcel Reich-Ranicki ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit à propos de la poésie de Kunert : « La synthèse de l’émotion et de la réflexion font partie des caractéristiques les plus importantes de cette poésie ». Cité par Isabelle Durand-Henriot, « L’étranger dans l’univers poétique de Günter Kunert », in : Lectures d’une oeuvre, op. cit., p. 144.

385.

Günter Kunert, « Durchblick II », in : Abtötungsverfahren: Gedichte, München, Wien, Hanser Verlag, 1980, p. 65.

386.

Günter Kunert, « Prometheus II », Verspätete Monologe, München, DTV Verlag, 1984, p. 147-148.

387.

Citons entre autres « Ikarus 64 » (VdW), « Optik II » (IwF), « Erinnerung an Babylon » (UnU), « Unterwegs nach Utopia IV » (UnU), « Vor der Sintflut » (Av), « Nature Morte » (S), « Zum Start der ‘Columbia’ » (S), « Sommergäste » (Bb) qui mêlent l’observation à la thématique mythologique.

388.

Il le sera définitivement à partir du recueil Abtötungsverfahren (1980).

389.

Isabelle Durand-Henriot, op. cit., p. 148-149.

390.

Ibid.

391.

Günter Kunert, « Geschichte », in : Verkündigung des Wetters, op. cit., p. 25.