A.2.1.2. Sources

Ces signaux de l'attention endogène semblent, de façon générale, prendre leur source au sein d'un réseau pariéto-frontal. Desimone et Duncan (1995) ont proposé que le cortex pré-frontal (PFC) soit à l'origine des signaux de l'attention endogène. Certains auteurs suggèrent que les réseaux impliqués dans l'attention spatiale et non-spatiale pourraient se recouvrir largement (Pessoa, Kastner et Ungeleider 2003 ; Giesbrecht, Woldorff, Song, & Mangun, 2003). Un consensus (plutôt mou) se dégage pour impliquer un réseau pariéto-frontal dans le contrôle endogène de l'attention, tant sur la base de données d'imagerie cérébrale (Pessoa et al., 2003, pour revue, mais voir aussi Miller & D'Esposito, 2005, pour une revue moins enthousiaste) que par les données neuropsychologiques (Mesulam, 1999). Selon Corbetta et Shulman (2002), ce réseau pariéto-frontal serait en réalité double : une partie dorsale bilatérale (lobule pariétal supérieur, SPL, sillon pariétal inférieur, IPS, FEF) impliquée dans le contrôle endogène, et une partie plus ventrale (jonction temporo-pariétale, JTP, et cortex frontal moyen et inférieur), latéralisée à droite, impliquée dans la détection et la ré-orientation de l'attention. Buschman et Miller (2007) ont étudié de façon concomitante les influences endogènes et exogènes chez des singes. Les données neurophysiologiques qu'ils rapportent suggèrent que les influences endogènes émergeraient plutôt au niveau pré-frontal alors que les influences exogènes, liées à la saillance, impliqueraient plus précocement le cortex pariétal (LIP).

Un certain recouvrement a été mis en évidence entre ce réseau pariéto-frontal impliqué dans le contrôle attentionnel et celui impliqué dans la mémoire de travail (Corbetta, Kincade, & Shulman, 2002 ; Funahashi, 2006 ; Kastner & Ungerleider, 2000 ; Labar, Gittelman, Parrish, & Mesulam, 1999 ; Lebedev, Messinger, Kralik & Wise, 2007 ; Postle, 2006). De plus, en cohérence avec la théorie pré-motrice de l'attention spatiale (Rizzolatti, Riggio, Dascola, & Ulmita, 1987 ; Rizzolatti & Craighero, 2010), des régions fortement impliquées dans l'oculomotricité (FEF, PEF, CS, voir Pierrot-Deseilligny, Milea & Müri, 2004) apparaissent également à la base de l'orientation spatiale de l'attention (Awh, Armstrong, & Moore, 2006 ; Moore, Armstrong, & Fallah, 2003 ; Reynolds & Chelazzi, 2004). Miller et D'Esposito (2005) passent en revue les données en faveur d'une origine pré-frontale des signaux attentionnels et de contrôle. Ils soulignent que les preuves sont en réalité faibles et suggèrent des méthodes pour traiter cette question plus directement.