B.3.4.3.2. Hypothèse d'impénétrabilité

Dans la mesure où ni la pertinence, ni la saillance ne concernaient le trait qui était à reporter dans la tâche, on peut conclure que les deux effets agissaient vraisemblablement à un niveau qualifié de "pré-attentionnel" dans le modèle de Theeuwes (1993, 2010a). Ceci est d'autant plus probable que la combinaison entre saillance et pertinence s'observe également pour les TR les plus courts, et à travers la précision des réponses. Il semble donc que l'hypothèse d'impénétrabilité cognitive soit nettement mise en défaut dans cet ensemble d'expériences, comme dans l'expérience de Müller et Krummenacher (2006). On notera également que la saillance induite par la taille ne concernait que la cible dans cette expérience. Par conséquent, il est possible que, dans cette dernière expérience, les participants se soient basés volontairement sur cette saillance, ou du moins n'aient pas tenté de limiter ses effets. Cela affermit un peu plus la réfutation de l'hypothèse d'impénétrabilité. En effet, Theeuwes (2004) a pu suggérer que les participants réduiraient la taille d'une hypothétique fenêtre attentionnelle lorsque la saillance serait délétère pour la tâche de recherche visuelle, ce qui aurait pour conséquence de limiter les effets de cette saillance. Ainsi pouvait-il concilier l'existence d'effets de l'attention endogène vers des traits non-spatiaux avec les hypothèses de prééminence de la saillance et de son impénétrabilité aux influences descendantes. A contrario, cette interprétation se révèle inappropriée lorsque la saillance est tout à fait profitable à la tâche de recherche visuelle en cours, comme ce fut le cas dans cette dernière expérience.