B.3.4.3.4. Orientation non-spatiale de l'attention

Dans cette troisième expérience, si l'indice de couleur permettait de sélectionner une partie des items ‑cinq items uniformément répartis dans l'affichage, il n'offrait en revanche aucune information spatiale. L'information spatiale qu'il pouvait fournir après l'apparition de l'affichage recouvrait quasiment l'ensemble de l'affichage, sauf à postuler l'existence de plusieurs foci attentionnels simultanés, de faibles tailles. Or l'indiçage induisait tout de même une accélération du traitement de la cible, même lorsque cette dernière était déjà saillante par la taille. De son côté, le modèle proposé par Theeuwes (1993, 2010a) accorde une place prépondérante, voire exclusive, à l'orientation spatiale de l'attention. Les seules influences endogènes reconnues y sont le déplacement spatial et la modification de la taille d'une fenêtre attentionnelle. De même, les influences exogènes sont supposées induire un déplacement du focus attentionnel vers la localisation du stimulus saillant, où il autoriserait ensuite l'identification perceptive. Cette perspective peut difficilement rendre compte d'effets d'indiçage lorsque celui-ci n'est à même de fournir aucune information spatiale. En revanche, ces résultats sont parfaitement cohérents avec les données neurophysiologiques en lien avec l'attention portée sur les traits (Bichot et al., 2005 Serences & Boynton, 2007). Il semble que l'indiçage d'un trait perceptif puisse favoriser le traitement des objets présentant ce trait sur l'ensemble du champ visuel, indépendamment de leurs localisations spatiales. Ceci supporte de façon générale l'idée selon laquelle l'attention endogène peut effectivement favoriser des traits perceptif non-spatiaux, et ne se limite pas à la focalisation et au déplacement dans l'espace d'un faisceau attentionnel.