Conclusion

La question du rôle des populations homosexuelles dans les processus de gentrification apparaît donc à travers ses différents visages. Elle est d’abord le résultat d’une évolution historique : celle qui affecte les manières de penser sociologiquement la gentrification. A ce titre, notre recherche est alors située historiquement et disciplinairement comme un prolongement des approches de la gentrification « par les acteurs ». Elle est ensuite informée par l’hétérogénéité de ces groupes de « gentrifieurs » dont les propriétés sociologiques sont à comprendre précisément, dans leur relation aux espaces vécus, traversés et occupés. Par ailleurs, des arguments démographiques et géographiques permettent de légitimer cet objet d’étude : les gays sont des candidats sociologiques probables à la gentrification et l’émergence des quartiers gays dans des espaces en cours de gentrification consolide encore cette hypothèse. Enfin, si des recherches anglo-saxonnes ont saisi l’intérêt d’un tel questionnement et en ont mesuré l’importance scientifique, il n’existe pas aujourd’hui de tel programme de recherche en France. C’est en partie ce vide scientifique que cette recherche se propose de combler en proposant une contribution à la sociologie de la gentrification prenant le parti d’une entrée singulière par le rôle des populations homosexuelles masculines dans ce processus. Mais cette recherche s’inscrit également dans une autre filiation, celle d’une approche sociologique des homosexualités.