2.4. L’espace, les rapports à l’espace et les dimensions spatiales de la socialisation.

Si l’espace peut constituer un prisme efficace de compréhension des identités homosexuelles, son statut analytique doit être repensé. Trois entrées permettent de passer d’une géographie des homosexualités à une sociologie des dimensions spatiales des processus de socialisation chez les homosexuels, en interrogeant non plus de simples formes spatiales mais des rapports socialement construits et socialement différenciés à différents espaces. Elles seront présentées principalement, mais non exclusivement, dans le cas des quartiers gays puisque c’est ce contexte qui permet le mieux d’approcher la question du rôle des gays dans la gentrification : nous reviendrons sur ce point dans le chapitre suivant. Cette précision n’empêche cependant pas de proposer ici une grille valable plus généralement pour aborder les relations entre espaces et homosexualité.

On s’attachera donc à montrer que les espaces homosexuels sont soumis à des processus de construction sociale de l’espace urbain : l’approche sociologique des quartiers gays suppose ainsi un travail de contextualisation approfondie dénaturalisant les caractéristiques d’un quartier. « Avant l’espace », il y a donc la construction sociale de cet espace. En second lieu, on proposera de définir et d’envisager les « rapports homosexuels à l’espace » comme l’ensemble des relations concrètes que les individus entretiennent avec un espace. Les outils de la sociologie urbaine enrichissent une approche géographique des homosexualités centrée sur les lieux et occultant les pratiques et les représentations de ces lieux par des individus qui y sont pourtant présents. On insistera donc sur ces espaces comme espaces vécus, pratiqués et représentés : « pendant et dans l’espace », il y a donc des individus, des pratiques et des rapports à l’espace. Enfin, on soulignera l’existence d’une dimension proprement spatiale des processus de socialisation. Si les individus participent à la construction de l’espace urbain, celui-ci forme, déforme et réforme aussi ce qu’ils sont : ce résultat, produit dans d’autres contextes et pour d’autres populations, peut être appliqué dans le cas de notre objet de recherche. « Après et au delà de l’espace », il y a les effets et les conséquences de l’espace sur les trajectoires sociales.

Cette recherche vise donc à rompre avec une conception essentialiste et simplement révélatrice de l’espace urbain. Par conception essentialiste, on entend l’absence de prise en compte des processus de construction sociale et historique d’un espace urbain, d’un quartier en particulier. Dans les premières mises en lumière des relations entre ville et homosexualités, on a montré que ces relations relevaient davantage d’un lien mythique, relativement abstrait, et qui envisageait la ville comme un espace donné possédant des caractéristiques essentielles favorisant la migration homosexuelle vers la ville. Or, la ville, et plus généralement l’espace, ne sont pas simplement des données : ce qu’est une ville, un quartier ou un espace est aussi le produit de constructions sociales permanentes. Perméable aux discours, aux représentations et aux comportements sociaux, l’espace est même produit par le monde social : ce qu’il est ou ce qu’il est censé être résulte de catégorisations et de désignations aux effets puissants et durables. Le caractère cosmopolite du quartier parisien de Belleville n’est pas qu’une donnée de cet espace mais le résultat d’une histoire singulière, d’images et de mises en scène de l’espace public et d’un certain nombre de discours sur le quartier : la mise en scène du « métissage » de Belleville est au moins aussi puissante que ces composantes objectives (Simon, 1997). De même, les images et caractéristiques du « quartier village » ou du « quartier sensible » résultent des discours produits sur le quartier et des processus de catégorisations subjectives de l’espace urbain (Fijalkow, 2007 ; Tissot, 2007). Ce qu’est sociologiquement un espace se joue peut être dans l’espace lui-même, mais aussi ailleurs, par exemple dans les discours médiatiques et les catégories mobilisés pour l’action publique et politique (Tissot, 2007). L’émergence de quartiers gays ne renvoie pas tant au caractère homosexuel de la ville qu’aux procédures de construction sociale de la ville, et de ce quartier en particulier, comme espace favorable aux homosexualités. Par conception révélatrice, on entend l’absence de prise en compte des effets propres de l’espace. Les quartiers gays seraient ainsi censés illustrer et révéler un certain nombre de processus du changement social et une identité collective longtemps restée cachée mais révélée au grand jour depuis quelques années. Si la portée symbolique de ces lieux est importante, l’espace n’est-il qu’un miroir où se reflèteraient symboliquement des réalités sociales invisibles ailleurs ou autrement ? Dans les quartiers gays, comme dans tout autre espace urbain, ce qui est observable aujourd’hui et au premier coup d’œil n’est pas indépendant de ce qui se passait ici auparavant et de ce qui se passe au-delà du premier coup d’œil. Le quartier a aussi une histoire que l’on ne saurait réduire à un processus téléologique dans lequel adviendrait une identité homosexuelle atemporelle qui n’attendrait que sa révélation dans un cadre matériel et physique totalement neutre. De la même manière, le quartier n’est pas qu’un espace public du visible où la présence d’individus serait totalement indépendante de structures sociales, certes moins visibles à l’œil nu, mais dont les effets peuvent être puissants. Une prise en compte minimale du contexte social, historique et urbain dans lequel émergent ces quartiers gays permet d’aller au-delà du visible, du symbolique et du spectaculaire (Rosental, 1997). Le principal défaut des travaux de géographie et des travaux issus des Gay Studies est l’absence de prise en compte des effets de lieux et des relations entre homosexualités et autres composantes de la vie urbaine dans ces quartiers (Leroy, 2005). Cela conduit le plus souvent à dissocier la vie homosexuelle des lieux du contexte dans lequel elle se construit en négligeant les effets de contexte historique et urbain. La prise en compte de ces contextes fait apparaître précisément notre objet de recherche et réapparaître la problématique construite dans le chapitre précédent. Resituer les quartiers gays à l’échelle de la ville et de son paysage socio-économique et à l’échelle historique locale conduit plusieurs travaux à faire apparaître le contexte de gentrification comme élément commun et caractéristique (Bouthillette, 1994 ; Sibalis, 2004). Le passé populaire, le contexte de dévalorisation/réhabilitation du bâti et de l’image du quartier, les transformations sociologiques et résidentielles locales, l’apparition de nouveaux paysages commerciaux sont autant d’éléments à prendre en compte : ils informent le contexte historique et socio-économique mais, plus encore, pourraient être reliés à l’investissement d’un espace urbain central par des populations longtemps restées marginales socialement (Lauria, Knopp, 1985 ; White, Winchester, 1988 ; Bordet, 2001). Loin de constituer des enclaves isolées du monde urbain et du monde social, ces espaces urbains seraient étroitement reliés aux transformations du reste de la ville et du reste du monde social : une sociologie des homosexualités préoccupée par ses rouages spatiaux suppose une meilleure prise en compte des processus de constitution de tels espaces, une forme de socio-histoire de leur genèse.

Par ailleurs, la question des dimensions spatiales des identités homosexuelles a été insuffisamment explorée parce qu’elle est partie d’une entrée fondamentalement spatiale et donc bien souvent géographique. La sociologie urbaine privilégie généralement une entrée plus riche, celle des rapports à l’espace et aux espaces (Remy, 1999). Il ne s’agit plus simplement de décrire un espace ou d’y lire par décalque des processus sociaux que les lieux cristalliseraient par magie, mais de partir du point de vue des individus pour interroger leur rapport à l’espace dans la mesure où ceux-ci façonnent à la fois leurs pratiques de l’espace, les comportements associés et les structures de l’espace lui-même (Remy, 1975, 1999 ; Authier, Grafmeyer, 2008). Les recherches de Jean-Yves Authier sur les « rapports au quartier » des habitants de centre-ville fournissent des outils pour penser ces rapports homosexuels à l’espace. La notion de « rapport résidentiel au quartier » peut ainsi être mobilisée dans ce contexte à la fois plus large (le contexte n’est pas simplement résidentiel) et plus précis (on s’interroge précisément ici sur les parcours homosexuels). On peut ainsi penser les rapports homosexuels aux quartiers gays dans leurs différentes formes et articulés à bien d’autres expériences de la vie sociale. En s’inspirant de la déclinaison des rapports résidentiels selon différentes composantes (Authier, 1993, 2001), on peut définir « les rapports homosexuels aux quartiers gays » selon différentes facettes. Ils se composent d’abord des représentations que les individus se font du quartier concerné, de leur propre présence et de la présence des autres dans ce quartier. Ces représentations renvoient à la manière dont ils nomment, délimitent et décrivent le quartier et les lieux homosexuels, mais aussi à l’attachement subjectif qu’ils expriment à l’égard de tels espaces, au sens qu’ils donnent à leur fréquentation, aux significations qu’ils donnent également à la présence des autres dans le quartier, celle d’autres homosexuels, mais pas seulement. Les rapports au quartier se composent ensuite des usages effectifs et des pratiques concrètes du quartier par ces individus homosexuels. Dans les usages du quartier, on doit tenir compte des différents lieux qu’ils fréquentent ou non (lieux publics/privés, commerces/logements, lieux gays/lieux non gays, etc.), des pratiques effectivement réalisées dans le quartier, et de celles qui ne le sont pas, et des relations de sociabilité dont le quartier est ou n’est pas le support (intensité et type de relations, place du quartier dans l’ensemble de la sociabilité). De quelles manières le quartier gay est-il réellement pratiqué, investi et mobilisé par ces individus homosexuels ? La troisième composante des rapports au quartier gay renvoie à la place et aux modes d’inscription du quartier dans les trajectoires individuelles : quelle place objective le quartier gay occupe-t-il dans la vie de ces individus ? quel est son rôle subjectif ? Ces questions conduisent à replacer le quartier dans l’économie générale des lieux et des pratiques de ces individus, dans leur biographie homosexuelle mais surtout et, plus largement, dans leur trajectoire sociale. Quelle place le quartier occupe-t-il donc dans leur vie homosexuelle et dans leur vie de manière générale ? Quelle place prend-il dans leurs pratiques de la ville, au regard d’autres lieux et en comparaison avec d’autres populations ? Cette dernière composante est cruciale dans la recherche : le rapport aux quartiers gays doit être situé dans l’ensemble des expériences urbaines et des expériences sociales, dans d’autres univers spatiaux et sociaux à un instant t mais aussi dans le passé. Les rapports aux lieux sont en effet le produit des rapports antérieurs à l’espace et des expériences socialisatrices multiples (Authier, 2001b, 2008). Ce résultat important souligne les lacunes de nombreux travaux consacrés aux espaces homosexuels qui ne disent quasiment rien sur ces autres expériences en occultant d’une part les autres lieux fréquentés, pratiqués et vécus par ces individus et d’autre part les autres formes et moments de leur socialisation (Proth, 2002 ; Léobon, 2003 ; Leroy, 2005 ; Blidon, 2006). Au-delà de leur orientation sexuelle, les homosexuels sont autre chose que « des hommes qui aiment des hommes », ils ont des positions et des ressources sociales différenciées, produisant des rapports différenciés à leur propre homosexualité (Adam, 1999) et des rapports différenciés aux lieux homosexuels et aux quartiers gays (Ray, 2004). Les relations entre espaces et homosexualités se jouent donc dans des rapports aux lieux et aux espaces urbains multiples qu’il s’agit de décrire précisément, de situer dans le contexte des trajectoires biographiques et sociales homosexuelles, et dans l’ensemble des lieux traversés, fréquentés, pratiqués et vécus par ces individus. C’est cette analyse sociologique des rapports aux quartiers gays que nous souhaitons substituer à certaines spéculations sur la nature communautaire, voire même « tribale », de ces quartiers ou sur leur signification politique générale (De Luze, 1997 ; Vincent, 2009).

De manière plus générale, enfin, cette recherche contribue à la connaissance des relations entre espaces et processus de socialisation. En sociologie, si l’identité est d’emblée une identité contextualisée, se distinguant par là d’acceptions ontologiques ou métaphysiques de l’identité, les débats ont plutôt porté sur deux questions congruentes : celle de l’unicité ou de la pluralité du « moi » et celle de la soumission de l’individu aux structures sociales ou de l’autonomie de son identité (Dubar, 2000 ; Lahire, 2006 [1998]). L’usage de la notion de socialisation permet de dépasser au moins provisoirement ces débats classiques entre autonomie de l’acteur et poids des structures sociales, entre cohérence d’un moi et dissolution absolue du sujet (Lahire, 2006 [1998]). Sans mettre un terme à ces débats, cette notion fournit au moins un dispositif d’interprétation relativement souple. Nous reprendrons à notre compte une définition à double détente de la socialisation, proposée précisément par un sociologue de la ville. Pour Yves Grafmeyer, la socialisation désigne d’une part, « l’ensemble des mécanismes d’apprentissage qui font que les individus intériorisent les valeurs et les normes d’une société ou d’un groupe social particulier », et d’autre part, les « diverses interactions qui établissent entre les individus des formes déterminées de relations » (Grafmeyer, 1994). Ces deux aspects ne sont pas contradictoires mais compatibles et conjugués l’un à l’autre : l’identité sociale y apparaît comme la résultante de dispositions héritées, transmises et plus ou moins incorporées et de contextes, de situations qui révèlent, forment, déforment et réforment ces dispositions. La socialisation est donc un processus d’incorporations durables et d’ajustements continus aux contextes et aux situations (Dubar, 2000 ; Darmon, 2006). Dans cette définition, les instances de socialisation, les contextes et les situations dans lesquels se trouve l’individu ont un rôle crucial : les instances de socialisation sont les contextes dans lesquels on incorpore « quelque chose », les contextes et les situations peuvent favoriser l’activation de ce « quelque chose » d’incorporé et d’hérité, le modifier, l’inhiber ou le réformer. L’individu est un produit, une production et un « précipité » : un produit au sens où il hérite et incorpore un certain nombre de normes, d’habitudes, de manières d’être, de faire, de sentir et d’agir ; une production au sens où il produit de manière interactive ce qu’il est, fait, sent ou agit en fonction des contextes ; un précipité au sens où il cumule un certain nombre d’expériences, de traces plus ou moins visibles, actives et efficientes selon le contexte présent. Instances de socialisation, contextes, situations, et scènes sont autant de termes qui illustrent un nouvel usage fréquent de l’espace comme métaphore. Or, une configuration ou un contexte ne sont pas simplement des constructions abstraites opérées par le chercheur à des fins heuristiques. Un contexte c’est aussi et peut être d’abord, notamment pour l’individu lui-même, un lieu, un espace physique ; à ce titre, une mise en contexte du « soi » est avant tout aussi une position géographique, une situation spatiale spécifique. Les lieux et les espaces de vie sont donc des instances et des contextes de socialisation qui ont des effets propres et durables (Authier, 2001b). Les lieux de résidence, de travail, de vacances, de balades, les espaces professionnels et familiaux, les espaces de sociabilité, les espaces publics et privés participent pleinement aux processus de constructions identitaires. Ce que l’espace fait aux individus constitue le cœur du pouvoir socialisant des lieux et s’illustre aujourd’hui dans de nombreuses recherches dans lesquelles le quartier bourgeois socialise (Pinçon, Pinçon-Charlot, 1989), dans lesquelles on incorpore des normes dans un quartier populaire que l’on met en œuvre de manières variées selon les autres lieux que l’on fréquente et traverse (Beaud, 2002 ; Cartier, Coutant, Masclet, Siblot, 2008). Plus précisément encore, les « effets de lieu » existent bel et bien, quasiment « toutes choses égales par ailleurs » : pour des populations sociologiquement équivalentes et aux parcours résidentiels proches, le quartier comme cadre matériel et résidentiel peut avoir par exemple des effets propres sur les relations de sociabilité (Bidart, 1988) ou sur les pratiques associatives et culturelles (Bidou, 1997). Ces résultats ont des conséquences pour notre recherche : pour les homosexuels comme pour les autres, l’espace possède donc un pouvoir socialisant non négligeable. Dans les lieux homosexuels, dans les quartiers gays, comme dans d’autres espaces, le fait d’être présent dans ces lieux, d’y venir souvent, d’y habiter ou d’y rencontrer régulièrement ses amis a des conséquences sur ce que sont et ce que deviennent ces individus. Dans le cas de ces espaces, ce pouvoir socialisant a été peu exploré, les conditions de l’incorporation d’une éventuelle socialisation par l’espace peu interrogées. La confrontation à ces espaces est pourtant une occasion de socialisation potentielle et sans doute spécifique dont les effets peuvent être durables et peuvent grandement varier en fonction des trajectoires individuelles, des socialisations antérieures, des socialisations simultanées et concurrentes, de la plus ou moins grande homogénéité des normes et des manières d’être transmises dans différents lieux (physiques) et contextes (sociaux) d’une socialisation plurielle. Si les quartiers gays peuvent constituer des « quartiers fondateurs » (Remy, 1990), reste à interroger leurs effets concrets et plus ou moins durables sur les trajectoires individuelles. Cette hypothèse mérite un examen tant du point de vue de la trajectoire homosexuelle des homosexuels, c’est-à-dire du point de vue du vécu et des pratiques de son homosexualité, que du point de vue de la trajectoire sociale d’ensemble des homosexuels, notamment parce que ces quartiers ont en commun un profil de quartier gentrifié dont les effets peuvent être importants (Authier, 1993). Par exemple, le fait d’investir le quartier gay et gentrifié constitue-t-il une étape importante dans la construction de soi comme homosexuel ? Permet-il aussi et par ailleurs une mobilité sociale, lorsque l’on vient d’un milieu social populaire et que l’on investit un quartier gay dont le caractère gentrifié peut influer sur une trajectoire sociale ? Comment ce qu’est le quartier historiquement, sociologiquement, et symboliquement, peut-il modeler, recomposer et orienter des identités sociales homosexuelles ? Dans quelle mesure ce quartier si particulier participe-t-il à la construction d’identités sociales ? Quelle place la dimension homosexuelle de ces questions occupe-t-elle empiriquement ? Si les individus, par leur présence et leurs propriétés sociales, peuvent participer à la construction d’un espace urbain, la réciproque a rarement mobilisé les recherches centrées sur ce type d’espaces. Une manière de comprendre aussi ce qui se joue dans ces lieux est d’étudier leur pouvoir socialisant en les confrontant aux trajectoires homosexuelles, dans leurs dimensions spatiales et sociales, dans leurs composantes proprement homosexuelles comme dans les autres composantes de la définition de soi comme individu socialisé.

Avant et autour, pendant et dans, après et au-delà : tels pourraient être les trois changements de regard majeur que cette recherche se propose de mettre en œuvre pour comprendre ce qui se joue entre des espaces et des identités sociales. La prise en compte de l’espace par les sociologies de l’homosexualité s’est faite de manière incomplète. Incomplète parce qu’elle a largement omis les pratiques concrètes de l’espace par les homosexuels. Incomplète parce qu’elle s’est cantonnée à des lieux publics, collectifs, spectaculaires, mais saisis indépendamment des contextes : contexte local, historique, socio-économique dans lequel émerge un espace ou un lieu, contexte biographique, social et spatial dans lesquels évoluent les individus. Incomplète enfin parce qu’elle n’a pas envisagé ou qu’elle n’a pas exploré l’ensemble des articulations entre social et spatial, individuel et collectif, sexuel et non sexuel. Les outils de la sociologie urbaine permettent de répondre à ces différentes exigences : ces outils « classiques » doivent être mobilisés, même dans un contexte où les lieux et les populations apparaissent au premier regard moins « classiques ».