Conclusion

Ce troisième chapitre est construit comme une main tendue vers le lecteur au cours d’une descente vers le terrain qui reprend une manière de raisonner relativement classique dans les sciences sociales. Elle repose sur une forme de déductivisme souple, soucieux de rendre opératoires et opérationnelles des questions théoriques que le terrain et les données empiriques permettent d’élucider. Nous savons pourtant qu’il n’est pas de sociologie sans allers-retours permanents entre théorie et empirie, concepts et méthodes, thèses et terrains d’enquête. Pour mener une sociologie de la gaytrification, un découpage des échelles, des facettes de l’objet et des dimensions du processus était nécessaire. Il a été conduit dans une première section en misant sur les différentes échelles d’analyses et les différents domaines dans lesquels le processus de gaytrification trouve ses formes, ses raisons et ses effets les plus complexes. Entre temps et espaces, entre milieux et acteurs, entre cadres d’action et processus de socialisation, les articulations entre construction des identités homosexuelles et gentrification d’un quartier peuvent alors être déclinées dans le cadre des terrains investis et mis en perspective. S’ils ont fourni des indicateurs empiriques variés et diversifiés, ils ont tous deux été soumis à des hypothèses relativement homogènes et complémentaires. Dans le Village, comme dans le Marais, l’enquête montre que les gays ont, par plusieurs voies et plusieurs aspects, contribué à la métamorphose du quartier. C’est cette question centrale que nous souhaitons traiter à présent en commençant par une approche macro-sociologique de la gaytrification occupant les trois prochains chapitres.