Conclusion de la première partie

Pour conclure cette première partie, on peut rappeler ses apports essentiels. Un premier apport est de montrer qu’une sociologie de la gaytrification s’inscrit dans une double filiation théorique et disciplinaire : elle se nourrit et peut enrichir d’une part une sociologie des processus de gentrification, et d’autre part, une sociologie des homosexualités. Ce croisement permet de mettre à jour deux enjeux importants de cette recherche. La prise en compte du rôle des gays comme acteurs spécifiques de la gentrification permet d’affiner la compréhension de certaines dimensions du processus de gentrification au-delà des approches statistiques et des explications purement économiques du phénomène. Parallèlement, l’analyse des rapports socialement construits à l’espace chez les gays permet d’explorer la manière dont des identités sociales homosexuelles différenciées se construisent et se transforment en cours de biographie, par exemple. Ces deux enjeux montrent que l’objet « gaytrification » est un analyseur original et fécond des transformations sociales à l’œuvre dans certains quartiers des métropoles occidentales et des aussi, des homosexualités contemporaines. Le deuxième apport de cette partie est de fournir une grille d’analyse méthodologique opérationnelle pour étudier les changements inhérents aux processus de gaytrification affectant les terrains retenus dans l’enquête. Cette grille d’analyse permet de construire des hypothèses de recherche à différentes échelles (le quartier, le logement, la ville, l’Histoire, les biographies, les pratiques quotidiennes, les trajectoires socio-résidentielles), mais aussi des outils et des indicateurs empiriques. De ce point de vue, les spécificités de l’objet amènent à diversifier les techniques d’enquête et les matériaux empiriques. C’est pourquoi nous avons construit quatre types de données, présentés dans le chapitre 3, en cherchant, sur ce terrain, à « faire feu de tout bois ». Enfin, les découpages d’échelles opérés dans cette partie permettent également de comprendre le découpage de la suite du manuscrit en trois grandes parties. Une fois ce travail théorique et méthodologique exposé, il s’agit à présent d’entrer plus précisément dans l’analyse des données et la présentation des résultats de cette recherche. En particulier, l’objet de la seconde partie est d’analyser les formes et les dynamiques de la gaytrification depuis une trentaine d’années dans les quartiers du Marais et du Village, durant les chapitres 4, 5 et 6.