1.1. Images du quartier-ressource : à la conquête de l’espace...

La question des lieux, décisive dans les cultures homosexuelles (chapitre 2), n’est pas vraiment nouvelle à la fin des années 1970. La recension lieux gays et la différenciation spatiale des modes de vie gays selon les espaces (villes, pays) intéressait déjà la revue Arcadie dans les années 1950-60 (Jackson, 2009). Mais, de manière générale, on reste frappé par la place centrale du thème général de l’espace dans notre « corpus gay ». Ses occurrences convergent vers une préoccupation relativement concrète, « où vivre son homosexualité ? » et se double souvent d’une injonction à la visibilité collective passant par l’investissement et l’appropriation de l’espace physique. Ces questions sont d’autant plus décisives en début de période que l’homosexualité reste alors fortement contrainte par la loi et les normes sociales à Montréal et à Paris. Le traitement des thèmes spatiaux est donc abondant dans Gai Pied et Le Berdache dès la fin des années 1970 : il parcourt en réalité toute la période avec comme focalisation centrale le quartier gay comme ressource sociale à investir, puis comme territoire devenu le « nôtre » et qu’il s’agit de préserver.

Les deux quartiers apparaissent ainsi dans la presse gay du début des années 1980 comme des réponses nouvelles aux questions traitées par la presse gay : « où vivre son homosexualité ? » et « où sont les homosexuels ? ». Ces questions y trouvent en général différents types de réponse. Un premier type renvoie à une rubrique traditionnelle et omniprésente dans la presse gay, celle des annuaires et index de lieux gays souvent associée aux plans et cartes « gays » des villes évoquées. On la retrouve d’ailleurs dans les magazines gays d’aujourd’hui à Paris et Montréal. Elle recense les lieux gays, les commerces labellisés, mais aussi les lieux de drague extérieurs. Dans Gai Pied, comme dans Fugues ou Le Berdache, cette préoccupation spatiale se matérialise dès le début des années 1980 par l’abondance des cartes et des plans que l’on retrouve pour longtemps insérés dans des reportages sur une ville ou en fin de magazine. On y dessine la géographie homosexuelle de plusieurs métropoles occidentales, dont certaines sont présentées comme des « villes gays ». Dans notre corpus, San Francisco et New York tiennent le haut du pavé jusqu’à la fin des années 1990. La presse québécoise y ajoute Vancouver, et Montréal elle-même, à partir du milieu des années 1980. La presse française célèbre aussi Montréal et certaines capitales européennes comme Londres, Berlin ou Amsterdam (illustration 1).

Illustration 4 : Le plan gay d’Amsterdam,
Illustration 4 : Le plan gay d’Amsterdam, Gai Pied, n°28, 1981.

L’espace trouve aussi deux occurrences singulières à travers le thème des vacances et celui de la vie quotidienne et résidentielle des gays. Les reportages de type touristique sur les métropoles « les plus gays » sont abondants et fournissent des informations pratiques pour un séjour touristique (compagnies aériennes, hôtels, bars gays, loisirs, budget, informations météorologiques). Se construit alors une géographie touristique gay internationale où l’urbain et certaines localisations littorales (Key West ou Provincetown, aux Etats-Unis, Mykonos en Grèce) jouent un rôle central (Jaurand, 2005). Cette géographie évolue avec le temps : très occidentale et très urbaine dans les années 1980, elle intègre des destinations plus exotiques, plus ensoleillées et plus variées dans les années 1990 (Floride, Bali, Asie, Caraïbes, Japon). Le cadrage choisi est toujours celui d’une destination où être gay et être en vacances se conjuguent harmonieusement : l’espace vacancier est celui d’un ailleurs ou d’un eldorado où les normes sociales se relâcheraient au moins provisoirement. Mais l’espace est aussi celui du quotidien avec lequel les gays doivent composer. Dans les années 1980, ce quotidien est présenté de manière hostile et peu encline à accepter l’homosexualité, y compris en milieu urbain. Dans ce contexte, Gai Pied propose de nombreux reportages sur des villes ou des régions françaises dont on évalue le caractère plus ou moins accueillant et propice. Malgré l’hégémonie parisienne, les grandes et moyennes villes françaises retiennent l’attention : Lyon, Lille, Nantes, Toulouse, mais aussi Tours, Montpellier, Orléans et Le Mans sont passées au crible. Outre les index de lieux, des témoignages d’habitants gays mettent en mots et en images leurs modes de vie pour saluer par exemple le précoce « engayissement de Lille » (Gai Pied, n°8, 1980), les qualités du Languedoc (« Vivre en Languedoc : 6000 gays au soleil ! », Gai Pied, n°139, 1984) ou l’effervescence de la vie gay lyonnaise (« Gay Lyon pétille ! », Gai Pied, n°245, 1986). Cet intérêt pour les dimensions spatiales des modes de vie gay persiste dans les années 1990 dans Illico et dans Têtu. Il apparaît cependant moins centré sur les difficultés ou facilités à vivre son homosexualité dans tel espace, et davantage focalisé sur l’équipement en bars, commerces et activités festives de telle ou telle ville. Ce type de reportages est plus rare dans la presse montréalaise: l’ailleurs favorable y prend les contours de San Francisco, New York et Vancouver, mais la géographie du Québec et la plus grande visibilité des gays montréalais dès le début des années 1980 focalisent l’attention sur Montréal elle-même, la ville faisant d’ailleurs l’admiration récurrente de la presse française fascinée par « nos potes québécois » et leur « Village de l’Est : 100% gay » (Gay International, n°39, 1988).

Dans les années 1980, l’espace apparaît à travers la quête d’une ville, d’une région ou d’un lieu « autre » où l’homosexualité serait quantitativement présente et surtout plus facile à vivre. Cet ailleurs recherché constituerait une ressource inscrite au cœur des questionnements identitaires collectifs et des trajectoires individuelles. Objet d’une quête plus ou moins située, ce « lieu » conjugue les hétérotopies foucaldiennes aux revendications militantes homosexuelles de l’époque. Surtout, l’échelle intra-urbaine apparaît comme une nouveauté des années 1980.

Le Marais et le Village émergent dans cette constellation des espaces du possible, avec, en plus, l’attribut de la nouveauté que signale l’abondance des termes « nouveau », « naissance » ou « arrivée » mobilisés dans les années 1980-84. Pour la dénomination, il faut attendre les années 1983-84 pour voir le terme « Marais » se généraliser et se stabiliser dans Gai Pied, l’appellation « Village » étant systématisée dès les années 1981-82 en référence au cousin new-yorkais du West Village. Au début des années 1980, cependant, la presse gay repère bien du « nouveau » dans le centre de Paris et dans l’Est montréalais :

‘« Quant au Marais, avec ses vieilles demeures, il est devenu depuis quelques années le centre de la vie gay parisienne, supplantant Saint-Germain des Prés et la rue Sainte-Anne. C’est là que sont nés les premiers bistrots ouverts de jour » (Gai Pied, Guide de Paris, 1981)
« C’est tout nouveau et c’est à l’Est. ! Les gays de Montréal auront, eux aussi, leur Village, bien loin des bars de l’Ouest » (Le Berdache, 1981)

Ces espaces sont d’abord valorisés parce qu’ils sont…nouveaux et s’opposent aux traditions et aux habitudes prises dans les anciens secteurs gays nocturnes de la ville (chapitre 4). On a encore besoin d’insister alors sur leur localisation : précise et bien délimitée à Montréal, elle est d’abord plus floue à Paris et oscille pendant les années 1980 entre « les Halles, nouveau cœur de Paris » et « le quartier qui monte, Bastille » (Gay International, n°37, 1987). Ces deux quartiers retiennent autant l’attention que le Marais lui-même, qui s’intègre à une renaissance globale du centre de Paris, pendant une décennie :

‘« A l’Est, le Marais, forteresse gruyère et ses bars, au centre, le trou des Halles et ses boîtes à baise […] Les gays sont devenus les nouveaux rats des Halles » (Gai Pied, n°46, 1982)
« Aujourd’hui dans le quartier des Halles, les hommes vivent jour et nuit. Ces 3 ans ne sont qu’un début, vous n’avez pas encore tout vu ! » (Gay International, n°1, 1984).
« Le branché Bastille est au cœur des nouvelles tendances de la scène gay, plus moderne et plus alternatif encore que les pédés des Halles » (Gai Pied, n°229, 1986)

Une autre image importante mise en avant par la presse gay est le statut du quartier-ressource, à conquérir, devenant progressivement un territoire acquis aux gays. Cette thématique prend deux formes en grande partie successives : d’abord l’image de la conquête d’un espace dans les années 1980, puis celle d’un territoire acquis dans les années 1990. La mobilisation du quartier comme ressource collective est néanmoins inégale : dans le Village, elle est mise en avant explicitement et le quartier semble acquis comme territoire spécifique beaucoup plus tôt qu’à Paris. Dès le milieu des années 1980, Fugues voit dans le Village un espace inédit où les modes de vie gays se déploient librement et donnent le ton dans un quartier symbolisant l’émancipation homosexuelle québécoise. Dans la presse québécoise, au milieu des années 1980, il est sans cesse question de « notre quartier », « notre Village ». Face aux critiques de certains observateurs, Fugues explique très tôt que « nous avons simplement conquis notre lieu de vie et notre espace de liberté » (Fugues, Novembre 1985). Les descriptions du Village enregistrent et promeuvent la conquête de modes de vie dans un éloge des évolutions du quartier mobilisant le lexique de la fierté, traduction francophone de la « pride » anglo-saxonne, encourageant les gays à sortir du placard pour investir l’espace public et s’y rendre visible :

‘« Le Village est bien sûr réputé pour ses nombreux bars, brasseries et tavernes, pour ses différents nightclubs où l’on peut s’éclater tranquillement […] De plus en plus, le Village regorge de boutiques diverses, propres à satisfaire vos goûts et vos besoins. On en est pas peu fier » (Fugues, Août 1986)

La revue déplore fréquemment les remises en cause ponctuelles de la présence gay dans le quartier. Les heurts opposant manifestants gays et forces de police sont peu fréquents mais largement relayés par la presse gay et par la presse généraliste. Le quartier du Village est devenu en quelques années l’image d’un « nous » homosexuel qu’il faudrait pouvoir encore « nettoyer » complètement des traces du « eux » :

‘« C’est beau, c’est fun, Montréal a un village gai, c’est réjouissant, mais…peut-on se réjouir autant ? […] Que dire de notre beau quartier avec ses faux « straights » ou ses faux gais de la rue Champelain entre Sainte-Catherine et René Lévesque qui vendent tout ce qui peut se vendre ? […] Notre tolérance a des limites, cette masse de provocation pourrait-elle tourner en violence ? Pour moi, une des solutions à ce fléau, c’est d’avoir des policiers-patrouilleurs à pied dans nos rues et surtout aux endroits les plus stratégiques de notre quartier. Et pourquoi pas des policiers gais qui connaîtraient mieux notre milieu ? Cela éviterait certaines « confusions » ! On en parle déjà beaucoup, mais…à quand le grand nettoyage ? » (Fugues, Février 1991)

Les années 1990 entérinent définitivement ce caractère du Village et l’idée qu’il constitue un espace spécifique au cœur de la ville. Dès les années 1980, cette image de la conquête n’est pas seulement mise en scène par la presse gay : la presse généraliste montréalaise signale, elle aussi, un grand déménagement qui nourrit l’image de la conquête spatiale des gays en mettant l’accent sur les liens entre naissance d’un quartier gay et émancipation plus générale des homosexualités occidentales. L’image du « réveil » est récurrente dans la presse généraliste montréalaise, beaucoup plus prolixe que son homologue parisienne à ce sujet. L’exemple le plus frappant est la Une de La presse du 18 Mars 1984 : « Les gais déménagent. De l’ouest au « Village de l’est » », suivie d’un article décrivant l’émergence d’un nouveau secteur gay supplantant le secteur traditionnel de l’Ouest. Trois ans plus tôt La presse avait déjà consacré un long dossier au quartier de Castro à San Francisco, « Les homosexuels ont conquis leur place à San Francisco » (La presse, 7 Juillet 1981), soulignant l’influence de l’installation des gays sur les destinées du quartier et sur l’évolution des représentations de l’homosexualité aux Etats-Unis. Á Montréal, l’image de la conquête collective n’est donc pas seulement nourrie par la presse gay, mais aussi par une presse généraliste à l’audience plus large. Cette image se confirme et s’enracine au début, puis au cours des années 1990. La presse généraliste choisit des titres significatifs pour aborder le sujet : « Un ghetto gai à Montréal ? » (Le Journal de Montréal, 24/06/1986), « Maîtres de la rue » (La presse, 22/07/1990), « Un pouvoir gai ? » (Le Devoir, 31/10/1992) décrivant l’appropriation d’un espace par des commerces gays et la fréquentation croissante du quartier par les gays. De son côté, la presse gay multiplie alors les articles, dossiers et Unes sur le Village gai. Les années 1994-1998 constituent la période la plus fournie et la nouveauté a cédé le pas à des images devenues « classiques » du Village gai, approprié en quelques années par les gays. Fugues relaie et développe cette image avec ses titres d’article « le Village est là pour rester ! » (Fugues, Décembre 1995), « Après la croissance, la consolidation » (Fugues, Août 1996) ou ses numéros spéciaux focalisés sur le Village (« Montréal : la mecque rose d’Amérique ? », Juillet 1995 ; « Diversités : la fête bat son plein dans le Village », Juin 1998).

L’image de l’appropriation spatiale et de la conquête d’un territoire est présente dans la presse gay française mais apparaît nettement plus fragile et peine visiblement à égaler les processus nord-américains. Au début des années 1980, en France, « les homosexuels n’ont encore aucun territoire, si bien que leurs revendications flottent désespérément dans l’utopie » (Gai Pied, n°6, 1979) et, malgré une visibilité nouvelle dans le centre de Paris, le constat est sans appel au milieu de la décennie :

‘« La scène gay française ne forme pas un monde à part, à l’inverse de la scène gay américaine. Il n’y a pas de ghetto homosexuel à Paris. Le Marais n’est pas Greenwich Village, la rue Vieille du Temple n’est ni Christopher Street, ni Castro Street […] La culture gay française est moins bouillonnante, moins créative, moins visible que la culture gay américaine ; par contre, en France, les gays sont mieux acceptés, plus intégrés, ils ont un pouvoir plus étendu » (Gai Pied, n°127, 1984)

Pour Gai Pied et ses successeurs, cette idée devient refrain : en France, y compris à Paris, aucun quartier ne parvient à rivaliser avec les quartiers gays nord-américains. On souligne bien des formes de conquête de l’espace urbain convergeant vers le Marais : il y a bien ici un embryon d’appropriation spatiale et le Marais « explose » alors médiatiquement au milieu des années 1990 comme un quartier qui permet de vivre son homosexualité au grand jour et de manière pratique. Pourtant, il ne parvient apparemment pas à devenir une ressource collective investie symboliquement comme un support politique homosexuel, terreau d’une identité communautaire bien définie, malgré les injonctions de Têtu ou d’Illico dans les années 1995-1999. Têtu lance par exemple un appel électoral en 1997, en vue des élections municipales de 2001 : « Inscrivez-vous sur les listes électorales du 4 ème  ! » (Têtu, n°14, 1997). En réalité, l’image du « quartier communautaire » est surtout mobilisée pour souligner l’absence d’un tel modèle dans le cas parisien. De plus, la conquête du Marais tarde à dépasser le cadre médiatique de la presse gay. Si la presse française généraliste enregistre l’émergence d’un quartier gay, elle le fait relativement tard en l’évoquant abondamment dans les années 1998-2002 (Le Parisien, Le Nouvel Observateur ou Libération). Ce traitement apparaît tardif au regard des processus déjà en cours et de la plus grande réactivité de la presse québécoise. L’investissement du Marais comme ressource identitaire est d’ailleurs un sujet beaucoup moins consensuel en France qu’au Québec, y compris chez les gays eux-mêmes. Les dangers et risques de la constitution d’un territoire homosexuel sont davantage et beaucoup plus tôt soulignés dans la presse gay parisienne qu’à Montréal, qui focalise moins son attention sur ce type d’effets pervers. Malgré ces écarts, la seconde moitié des années 1990 reste marquée par la thématique de l’acquis territorial au moment même où les gays sont en passe de conquérir des droits sociaux nouveaux. Elle apparaît ensuite massivement dans la presse généraliste relatant a posteriori ce mythe de la conquête. Le quartier représente alors le réceptacle spatial de la libération sociale de la condition homosexuelle en France, ses pionniers devenant des visionnaires (chapitre 4) :

‘« Concentration maximale autour de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie après l’inauguration du Central, le seul hôtel 100% gay de la capitale, avec un bar au rez-de- chaussée. Son propriétaire, un Anglais arrivé en France en 1975, a rapidement flairé le potentiel de ce secteur situé au cœur de la capitale et à l’époque l’un des moins chers : J’avais senti que ce serait le point central du Marais, confie Maurice Mc Grath, architecte de formation. » (Le Nouvel Observateur, 12/05/2005)
« Un quartier historique qui a accompagné l’évolution de la société, et une libération » (Le Nouvel Observateur, 12/05/2005)

Le Marais et le Village émergent ainsi dans un contexte de focalisation de la presse gay sur un espace investi symboliquement et traditionnellement présenté comme libérateur. Au regard de cette tradition, le quartier gay apparaît comme une ressource spatiale mobilisée à deux échelles. Du point de vue individuel, il permet l’épanouissement nouveau de modes de vie gays pour des individus dont l’orientation sexuelle serait par ailleurs stigmatisée. Du point de vue collectif, il devient progressivement un espace conquis et une assise spatiale pour la communauté gay. Ce deuxième aspect est plus présent et plus structurant dans les représentations du Village que dans celles du Marais, dans la presse gay, comme dans la presse généraliste. Cette manière d’envisager le quartier gay est cependant décisive dans les années 1980-90 et renforce l’attrait d’espaces renaissant où l’identité homosexuelle serait réhabilitée par son implantation au centre. Á cet égard, le processus symbolique de revalorisation d’une image de quartier inhérent à la gentrification apparaît en filigrane puisque la gentrification repose notamment sur cette image du quartier comme ressource sociale à investir pour des groupes sociaux particuliers dont le statut social est renforcé par un tel investissement (Bidou, 1984 ; Collet, 2008). Cette manière de mettre en scène le quartier comme bénéfice symbolique repose souvent sur sa localisation au centre et sa capacité à créer un lien de solidarité par la co-présence. Elle constitue souvent une ressource compensatoire lorsque d’autres font défaut sur d’autres scènes sociales, professionnelle ou économique notamment (Chicoine, Rose, 1998 ; Bidou-Zachariasen, 2008 ; Collet, 2008). Dans le cas des gays, cette mise en scène d’une valeur sociale du quartier est infléchie par deux questions proprement homosexuelles : d’une part, une logique de compensation qui fonctionne au regard de l’orientation sexuelle stigmatisée des individus, d’autre part, une mythologie du rôle émancipateur de l’espace déjà ancienne dans les cultures homosexuelles.