1.1. Positions sociales : une homogénéité toute relative.

Parmi nos enquêtés, on distingue différents groupes dont les positions varient à l’intérieur d’un ensemble globalement favorisé. Vu les terrains investis, il n’est pas étonnant d’avoir rencontré très peu d’individus appartenant aux catégories populaires ou modestes57. La prédominance des cadres supérieurs et des professions libérales aux revenus élevés est plus forte dans le Marais que dans le Village, elle semble plus forte pour les personnes installées plus récemment dans les deux quartiers, à l’exception du cas des étudiants. Quasiment tous nos enquêtés ont fait des études supérieures, seuls les plus âgés se sont arrêtés avant le niveau « baccalauréat ou équivalent » pour des raisons renvoyant à des changements générationnels. Cette prévalence des études longues se conjugue à des entrées rapides sur le marché du travail dans des positions plutôt favorables, avec relativement peu d’expérience de chômage. Hormis les étudiants et les retraités de notre corpus, les actifs occupent des emplois et des positions sociales les situant à différents niveaux des catégories moyennes et supérieures. Ce préalable n’est pourtant pas synonyme d’homogénéité sociale : dans ce groupe issu des classes moyennes et supérieures, on observe en effet des différences notoires.

Si les professions déclarées par nos enquêtés illustrent cette diversité, certains secteurs professionnels sont cependant plus représentés que d’autres (annexe 3). C’est d’abord le cas d’un domaine « culture, médias, mode, communications » rassemblant journalistes, designers, attachés de presse, comédiens et stylistes et environ un enquêté sur quatre. Ensuite, on trouve trois domaines bien représentés : « santé, éducation, recherche », « finance et banque » et « commerce, vendeurs ». D’autres professions se répartissent ponctuellement dans d’autres domaines. De ce point de vue, l’attachement à la culture semble manifeste : d’une part, les métiers de la PCS 35 de l’INSEE sont fortement présents, d’autre part, la culture traverse aussi d’autres domaines professionnels : un vendeur travaille dans une librairie, un professeur enseigne les arts plastiques, un attaché de presse travaille pour une maison d’éditions. Nos enquêtés traversent ainsi des univers professionnels marqués par un intérêt pour la culture, la mode et l’esthétique sous ses différentes formes. Ils travaillent aussi dans des professions et des domaines typiques des « nouveaux métiers de la communication » qu’ils soient attaché de presse pour une maison de couture, infographiste, cadre supérieur de la communication dans une entreprise, journaliste à temps plein ou pigiste en complément d’un emploi principal. Les activités de mission, de service ou de conseil apparaissent également visibles, recoupant certaines franges des « nouvelles classes moyennes ». D’emblée, ces types de professions et d’univers socioprofessionnels ont deux caractéristiques essentielles. D’une part, ils correspondent à une déclinaison des sphères professionnelles des gentrifieurs dans leur ensemble. D’autre part, et surtout, ils renvoient à des spécificités homosexuelles révélées par les travaux de Michael Pollak (Pollak, 1982), avec quelques variations dues notamment aux changements structurels du marché du travail et de l’emploi en vingt-cinq ans.

Au-delà de ces spécificités par domaine d’activité, les positions hiérarchiques des enquêtés restent variables. Un premier groupe est constitué de cadres supérieurs (cadres de la banque, de la communication, administrateur à l’Assemblée Nationale) et de professions libérales ou indépendantes à revenus élevés (médecin, consultant financier, designers). La possession de capitaux culturels et économiques très importants les placent dans les catégories socioprofessionnelles supérieures. Ce sont nos enquêtés les plus riches et les plus favorisés : ils disposent souvent des logements les plus confortables et les plus vastes, sont souvent propriétaires et ont des pratiques et des modes de vie parfois luxueux. Un second groupe rassemble des actifs des classes moyennes supérieures disposant d’emplois moins rémunérateurs tout en restant culturellement et économiquement au-dessus des moyennes nationales. On trouve ici des situations très variées : du journaliste en poste fixe au professeur, en passant par certains cadres supérieurs et cadres moyens. L’hétérogénéité de ce groupe est accentuée par des formes d’emploi atypiques où les revenus sont irréguliers mais, au total, relativement importants. C’est le cas des individus se déclarant styliste en free lance, monteur vidéo, DJ et pigiste en même temps, journaliste et scénariste, par exemple. On est surtout frappé par l’existence d’emplois relativement instables ou aléatoires, mais rémunérateurs et associés à des capitaux culturels très importants acquis par un diplôme du supérieur ou par la trajectoire professionnelle dans des domaines culturels, de l’information et de la communication. La mise en couple avec un partenaire appartenant au groupe précédent peut d’ailleurs « faire passer » clairement dans les catégories supérieures. On peut définir un troisième groupe appartenant aux classes moyennes avec toute l’hétérogénéité que ce terme englobe : on y retrouve les instituteurs, infirmiers, vendeurs dans un commerce, employé du public et du privé, certains retraités disposant de revenus convenables. Ces enquêtés ont des parcours scolaires moins brillants, des emplois moins qualifiés, des logements et des modes de vie moins confortables. Ils sont également moins nombreux dans notre corpus que les deux groupes précédents et plus souvent issus du volet montréalais que du volet parisien. Pour ce qui concerne les enquêtés les plus modestes, on rappellera la présence d’inactifs et de cas plus atypiques. Les retraités ont généralement occupé des postes d’employés dans le passé, les étudiants peuvent travailler à côté de leurs études mais restent globalement les plus modestes. Certains jeunes enquêtés disposent également de revenus modestes lorsqu’ils sont barman, récent vendeur dans un grand magasin ou sans-emploi au moment de l’entretien. Par ailleurs, la répartition des actifs entre secteur public et secteur privé ne montre pas de nette sur-représentation quel que soit le terrain concerné.

Ces éléments descriptifs montrent que l’on se situe bien ici dans certaines régions de l’espace social, tout à fait en phase avec celles occupées par les gentrifieurs en général. Les positions sociales de nos enquêtés se caractérisent par un capital culturel élevé, des revenus globalement supérieurs à la moyenne et des modes de vie plutôt aisés. On constate cependant l’existence de clivages entre différents domaines d’activité, différentes positions hiérarchiques et salariales : il existe ainsi des types de gaytrifieurs au regard de la quantité des ressources disponibles et de la structure de ces ressources. On constate également la forte présence des secteurs culturels et des formes d’emploi atypique (free lance, multi-activité, piges). Il est difficile de mobiliser des catégories de classement sociologique habituelles pour en rendre compte. Dans ce type de milieux sociaux, c’est plutôt de manière inductive que l’on peut saisir les différents groupes sociaux rencontrés à travers les entretiens, comme l’ont très bien montré, dans un autre contexte, certains travaux ethnographiques consacrées à d’autres franges des classes moyennes (Cartier, Coutant, Masclet, Siblot, 2008). On peut ainsi regrouper l’ensemble de nos enquêtés selon trois grands groupes.

Un premier groupe est composé de ce que l’on appellera des supergaytrifieurs ou gaytrifieurs de haut-rang (n = 17). Il s’agit de gays situés dans des positions sociales très dominantes qui tranchent avec les populations traditionnellement populaires du quartier, dans le passé. Cette position dominante se traduit pour tous par des revenus économiques élevés et des capitaux culturels importants. Ces individus peuvent appartenir aux classes moyennes supérieures ou aux classes supérieures mais on distingue deux situations parmi eux. D’une part, on peut identifier des supergaytrifieurs de type économique qui correspondent assez bien aux « gentrifieurs fortunés » ou aux « yuppies » décrits dans la littérature sociologique (Authier, 2009). Ils occupent des emplois de cadres supérieurs, souvent dans des entreprises privées, ou des professions libérales très rémunératrices. Généralement en deuxième partie de carrière, âgés de 38 à 50 ans, ils disposent de niveaux de diplômes élevés, voire très élevés, de revenus et de patrimoines économiques très importants. Leur aisance économique détermine des modes de vie confortables, voire luxueux, se traduisant souvent par des logements de taille importante, dont ils sont souvent propriétaires : on trouve ici les plus grands et les plus beaux appartements du Marais parisien, les rares exemples de lofts dans Paris ou dans le Village. La mise en couple de gays issus des classes moyennes avec ce type de partenaire explique aussi que certains de nos enquêtés disposent d’un mode de vie que leur seul revenu individuel ne pourrait autoriser. Ces ménages ont d’autant plus d’aisance financière qu’ils n’ont pas d’enfant : leurs modes de vie et leurs pratiques de consommation laissent place au luxe, aux voyages et aux week-ends réguliers, aux décorations intérieures soignées et aux sorties les plus coûteuses. C’est le cas de Philippe, gay âgé de 50 ans, diplômé d’HEC, ancien cadre stratégique et financier de la banque, devenu consultant financier indépendant pour des entreprises et institutions internationales, ancien propriétaire dans le Marais (1983-1993) et devenu propriétaire d’un loft, cours de la Métairie dans le 20ème arrondissement, en 2001. Dans le Marais, on citera aussi : Simon, 48 ans, psychiatre en couple avec Daniel, 45 ans, lui aussi psychiatre, Éric, 46 ans, cadre financier de la banque, Alexandre, 42 ans, cadre commercial dans une entreprise du secteur agro-alimentaire, Marc, 47 ans, rédacteur en chef d’un magazine. Ces profils sont nettement moins présents dans le Village où l’on peut évoquer le cas de Stefan, 43 ans, directeur stratégique et développement dans une banque suisse (lui-même étant suisse) et Marc-André, 39 ans, cadre commercial pour la Société de Développement Commercial du Village, en couple avec un directeur marketing du privé. Ces enquêtés font figure de « yuppie » au sens où leurs revenus et leur patrimoine sont très élevés et qu’ils proviennent en partie d’une activité professionnelle très rémunératrice dans le domaine des activités économiques, commerciales et financières du secteur privé. Parmi les gaytrifieurs de haut-rang, on trouve également des ménages et des individus dont les revenus sont moins élevés mais encore très supérieurs à la moyenne et dont la caractéristique est d’avoir converti un capital culturel très élevé en capital économique, professionnel et social importants. Leur position de supergaytrifieur tient à leur niveau de vie mais aussi, plus que chez les précédents, à leur position culturelle ultra-favorisée et ultra-légitime. Sur nos terrains, ces cas sont moins nombreux : il y est plus rare de parvenir à des positions économiques dominantes par le biais d’activités ou d’emplois culturels. C’est pourtant le cas de Tony et Vincent : ils sont designers, mais leur notoriété et leur succès leur fournissent un statut professionnel indépendant et des revenus élevés autorisant des modes de vie très distinctifs et donnant accès à des réseaux socioprofessionnels très favorisés et très sélectifs. Dans notre enquête, 17 individus peuvent être classés parmi ce groupe de supergaytrifieurs économiques ou culturels : 14 dans le Marais, 3 seulement dans le Village.

Un deuxième groupe de gays gentrifieurs se distingue dans l’ensemble du corpus : il est composé de gentrifieurs de classes moyennes classiques et de gentrifieurs marginaux. Les gentrifieurs classiques le sont parce qu’ils occupent des emplois de classes moyennes leur fournissant des revenus réguliers et supérieurs à la moyenne, qui les situent dans la constellation des classes moyennes par différence à nouveau avec les milieux populaires anciennement majoritaires dans les deux quartiers (artisans, petits employés et ouvriers dans le Marais, ouvriers principalement dans le Village). On trouve ici des professions de type infirmier, instituteur ou vendeur, employé de commerce. Ces enquêtés sont au nombre de 10 sur l’ensemble des enquêtés : ils disposent de revenus et de logements plus modestes que les supergaytrifieurs tout en disposant de capitaux culturels importants généralement acquis par des études supérieures. Dans des positions sociales hiérarchiquement proches, on trouve des gentrifieurs d’un autre type, les gentrifieurs marginaux dont les caractéristiques ont été décrites et mises en lumière depuis plusieurs années déjà (Chicoine, Rose, 1998 ; Van Criekingen, 2003). Ils sont gentrifieurs parce qu’ils possèdent d’importants capitaux culturels et qu’ils travaillent dans des secteurs culturels ou dans les nouveaux services de la communication et de l’information. On les qualifie de « marginaux » au sens où leurs positions socioprofessionnelles sont marquées par l’instabilité, l’irrégularité des revenus, le caractère atypique des formes d’emploi et de contrats de travail qu’ils connaissent (free-lance, pige, missions, multi-activité). Cette composante représente une part importante de nos enquêtés : ils sont 17 à évoluer dans ce type d’univers socioprofessionnel, cumulant d’importantes ressources culturelles et de sociabilité, tout en possédant des capitaux économiques moyens, aléatoires et irréguliers, ainsi que des conditions de travail relativement incertaines et changeantes en fonction de la conjoncture économique, des besoins de leurs employeurs, des opportunités de mission et des rencontres mêlant sociabilité amicale et relations professionnelles. C’est le cas de Boris, styliste en free-lance âgé de 26 ans, Stéphane, 40 ans, simultanément, monteur-vidéo, pigiste et DJ, ou encore Silvio, 42 ans, barman et coiffeur indépendant à domicile, et Igor, 34 ans, se définissant tour à tour comme « rentier », « scénariste », « assistant-monteur » ou « pigiste ». La prépondérance de la culture est ici manifeste et accentue une impression générale de mélange entre loisirs, amis, travail, rencontres et contrats. Ces gaytrifieurs marginaux entretiennent ainsi un rapport instable et apparemment peu contraignant aux contraintes professionnelles (travail à domicile, gestion atypique de l’arbitrage temporel entre vie personnelle et travail) tout en adoptant des modes de vie changeants en fonction des revenus disponibles et variables selon les périodes.

Enfin, 8 enquêtés peuvent être identifiés comme membres d’un groupe de gays modestes au regard de leurs conditions socio-économiques. Rappelons qu’ils apparaissent « modestes » relativement aux autres enquêtés et à l’environnement sociologique du Marais et du Village. On y trouve 5 retraités dont les revenus sont plus faibles que les enquêtés précédents et qui ont, principalement, été employés au cours de leur vie active. Ils sont évidemment plus âgés que les autres : ils sont arrivés depuis plus de dix ans dans le quartier et, pour les plus récemment installés, le logement est généralement petit et modeste. Les trois autres enquêtés sont jeunes : ils sont étudiants ou en fin d’études, à la recherche d’un emploi. Plus modestes que les autres, ils ont peu ou pas de revenus et sont installés généralement depuis peu dans le quartier (entre quelques mois et 4 ans). La probabilité d’appartenir à ce groupe est plus forte à Montréal qu’à Paris car les contraintes économiques et de logement dans le Marais sont nettement plus fortes que dans le Village. Une question peut légitimement se poser à l’égard de ces enquêtés : entrent-ils réellement dans le cadre de notre recherche sur les gays gentrifieurs ? Leurs positions socioprofessionnelles les éloignent des caractéristiques traditionnelles des gentrifieurs définis par les sociologues français (Bidou-Zachariasen, 2003), mais on doit aussi tenir compte des modes de vie des individus pour les qualifier ou non de gentrifieurs. On peut ainsi être étudiant, ne pas disposer de revenus très importants mais investir les sociabilités, les lieux récréatifs et les bars du quartier, a fortiori lorsque l’on est gay et par là, adopter des modes de vie marqués par la centralité urbaine, les sorties et l’investissement du quartier central (Bensoussan, 1982 ; Authier, 1993 ; Chicoine, Rose, 1998) : être gentrifieur ne renvoie pas seulement à une position dans la hiérarchie des PCS. Le cas de ces enquêtés joue aussi dans notre recherche comme contrepoint dans le corpus d’entretiens : leur position dans la sociologie du quartier ne prend sens qu’au regard des autres catégories de gays habitant le Marais et le Village. Réciproquement, ces individus permettent aussi d’envisager le rôle des gays dans la gentrification de manière nuancée et comparative.

Ce rapide parcours de la sociologie des enquêtés permet surtout de dégager trois résultats importants. D’abord, malgré une homogénéité en termes de niveau de diplôme notamment, on constate que les gays habitant ou ayant habité le Marais et le Village occupent des positions sociales variées et l’on peut identifier au moins trois grandes configurations : les supergentrifieurs, les gentrifieurs (classiques ou marginaux) et les gays plus modestes. Cette variété est relative à des catégories sociales moyennes et supérieures caractérisées par des ressources économiques variables et des ressources culturelles globalement élevées. Ensuite, cette variété n’est pas stricto sensu représentative de la sociologie du quartier, mais constitue néanmoins un écho qualitatif à la sociologie du Marais et du Village. Dans le Marais, on retrouve bien ici certaines caractéristiques spécifiques de la sociologie du quartier y compris au regard de Paris dans son ensemble : sur-représentation des cadres supérieurs, des professions de l’information, de l’art et des spectacles, mais aussi des étudiants, des professeurs par exemple. On retrouve également l’écart entre Village et Marais : globalement, les enquêtés parisiens sont plus riches et plus aisés que les enquêtés montréalais. Dans le Village, on retrouve une population plus mixte que dans le Marais, produit des transformations sociologiques décrites par Van Criekingen (Van Criekingen, 2001) et permettant de parler, dans le Village, d’une gentrification de type marginal (Chicoine, Rose, 1998 ; Van Criekingen, 2001 ; Decroly, Van Criekingen, 2003). Enfin, un dernier élément renvoie à la question du temps et des générations car du point de vue des positions sociales des écarts entre générations semblent apparaître. On serait tenté d’affirmer que l’on observe ainsi des générations de plus en plus aisées parmi nos enquêtés. Des effets différents sont à relever de ce point de vue. D’abord les conditions d’entrée dans le quartier en tant que résident sont devenues de plus en plus drastiques du point de vue des revenus et des professions : les enquêtés semblent d’autant plus aisés qu’ils se sont installés tard dans le quartier, excepté le cas des étudiants et des retraités qui ont pu s’installer dans de petits logements ou des studios plus récemment sans beaucoup de moyens financiers. On retrouverait ainsi des vagues de gentrifieurs de plus en plus aisés et favorisés accompagnant les effets locaux de la gentrification. Cependant, d’autres effets viennent nuancer ce résultat. Les personnes les plus modestes sont les plus âgées et les plus jeunes et l’on retrouve là un effet d’âge classique liée au cycle de vie : les supergentrifieurs sont majoritairement des gays de 35 à 50 ans en pleine période d’activité ou en fin de carrière. Pour résumer, des effets d’âge et de générations viennent rompre l’homogénéité d’une population homosexuelle socialement diversifiée : les 35-50 ans apparaissent les mieux dotés en ressources socio-économiques et culturelles, les plus âgés semblent avoir connu des parcours moins favorisés, et les plus jeunes sont également moins favorisés dans le contexte local. On retrouve ainsi qualitativement certains résultats quantitatifs déjà valables pour les gays parisiens dans leur ensemble, mais ils apparaissent ici liés également aux logiques de la gentrification locale dans le Marais, et de manière moins prononcée dans le Village. Le tableau 1 synthétise ces hiérarchies et différences sociales parmi les enquêtés interrogés.

Tableau 23 : Les groupes sociaux composant le corpus d’enquêtés.
Groupes Effectifs Sous-groupes Autres attributs dominants
Supergentrifieurs N = 17
Marais = 14
Village = 3
Yuppies, gentrifieurs fortunés Plus de 40 ans, couples
Gentrifieurs culturels Professions culturelles et reconnaissance
Gentrifieurs N = 27
Marais = 15
Village = 12
Gentrifieurs classiques Plus jeunes, diversité des emplois
Gentrifieurs marginaux Grande variété (secteurs, parcours)
Fortes mobilités
Modestes N = 8
Marais = 4
Village = 4
Retraités modestes Plus vieux, revenus plus faibles
Etudiants Jeunes, provinciaux, diversité origines sociales

Notre population se caractérise ainsi par une homogénéité sociale relative. Une catégorisation grossière les situe dans des couches sociales moyennes et favorisées, une catégorisation inductive plus fine montre des différences socio-économiques, culturelles et générationnelles qui rappellent les écarts internes à la constellation des gentrifieurs, des gentrifieurs les plus fortunés aux gentrifieurs marginaux plus modestes mais très diplômés. Une petite frange des enquêtés s’avère plus modeste au moment de l’enquête. Ce paysage varié découle des ressources disponibles au moment de l’entretien mais aussi de parcours contrastés.

Notes
57.

Ce qui découle du sujet de la thèse et des questions de recherche qu’elle se propose d’étudier.